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Mon enfant est-il boulimique?

La question

Mon fils, âgé de douze ans est très gourmant, il mange des glaces, des bonbons, des pâtisseries et, sans être excessivement gros, il est bien “enveloppé”, ce qui lui vaut les quolibets de ses camarades. Peut-on parler de “boulimie”, dans son cas?

 

La réponse du psy

Dans notre vocabulaire, nous avons pris la mauvaise habitude d’utiliser des termes qui désignent un problème bien spécifique pour désigner une tendance ou une façon d'être qui n'a rien de pathologique. Une mauvaise nuit devient crise d’insomnie, un comportement un peu original est le signe évident d’une psychose, la déprime du lundi matin est synonyme d’état dépressif... Autant de petites tracasseries sans gravité - et sans suites - que l’on affuble d’un vocabulaire spécialisé, réservé au domaine de la médecine en général, de la psychiatrie en particulier.
Ainsi, le mot “boulimie” est fréquemment employé pour désigner quelqu'un qui a un penchant prononcé pour les sucreries ou les mets plutôt abondants. Votre enfant aime les sucreries et, surtout, il est bien en chair. Mais la boulimie n'a rien à voir avec ces deux caractéristiques ! L'étymologie du mot boulimie vient du grec “boulimia”, que l'on peut traduire par “faim de boeuf”.
Il s'agit d'un trouble psychique spécifique, alternant avec et/ou accompagnant fréquemment d'autres problèmes, comme la dépression nerveuse ou d’autres troubles psycho-somatiques qui se caractérise par un besoin irraisonnable mais irrépressible de manger la quantité la plus grande d'aliments possible, indépendamment de nécessités physiques ou d'envies particulières liées au goût, voire à la gourmandise.
Un “bon coup de fourchette”, un “gros mangeur”, une personne “bien en chair”, un “bec à sucre” ne souffrent donc pas de boulimie puisque leur plaisir de manger est réel et qu'il n'est pas dépendant d'une “envie” démesurée et incontrôlable, conduisant aux pires excès et au dérèglement total du système gastro-intestinal (c'est-à-dire le système digestif). Gardons-nous donc d'utiliser le terme de “boulimie” en-dehors de son contexte bien précis...