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Adultère, mode d'emploi

La question

Lorsque l’on aborde le sujet de l’infidélité et de l’adultère, on a souvent tendance à en percevoir d’abord le côté anecdotique et superficiel, réduisant l’analyse du comportement de l’époux volage ou de l’épouse courtisane à quelques facettes caricaturales, parmi lesquelles figurent en général le besoin soudain d’assouvir des envies sexuelles longtemps bridées par une vie de couple trop sage et gangrenée par la routine, le désir de retrouver une seconde jeunesse titillée par le démon de midi, ou le sursaut inopiné d’une libido qui s’était quelque peu assagie, voire endormie et qui pousse à affirmer sa virilité - ou sa féminité - en multipliant les conquêtes que l’on qualifie sans distinction de liaisons, de flirts et de tromperies.

 

La réponse du psy

C’est oublier que l’infidélité n’est jamais un choix, c’est une conséquence et qu’aucun couple n’est à l’abri d’un court-circuit dans ce qui lui permet d’exister, de vivre, de croître et de durer, la “communication”. Mot galvaudé dans une ère médiatique qui, paradoxalement, en manque cruellement, il désigne le nécessaire et constant entretien de la confiance, de la confidence entre deux individus qui, bien que liés par le destin, pour le meilleur et le pire, n’en demeurent pas moins terriblement seuls et hantés par d’innombrables conflits, ambivalences, doutes et appétences: exprimer ce que l’on est, ce que l’on sait, ce que l’on sent et ce que l’on pense est un art du partage qui ne s’apprend que dans un climat d’estime et de respect réciproques. L’adultère est l’une des expressions les plus courantes d’un malaise global et durable qui se terre dans une masse de malentendus qu’à défaut de résoudre dans le présent on repousse vers un avenir incertain et flou et que l’on cherche à fuir en s’engageant dans ce qui débouche très fréquemment sur une impasse ou sur une voie de garage, l’aventure extra-conjugale. Un terrain miné dans lequel s’enfonce une relation déjà profondément enlisée dans le non-dit apparaîtra en effet si difficile à assainir et à cultiver que même l’herbe la moins verte d’un champ voisin semblera fertile en espoirs nouveaux et prometteurs. Ceux-ci provoqueront inévitablement un complet décalage de la vie du couple qui se muera alors en simple façade, cachant des coulisses vides, désertées par un amour qui s’est inexorablement détérioré, privé de l’apport indispensable du dialogue, de l’échange et de la discussion. La seule mesure concrète et utile pour éviter que les liens ne cassent, définitivement, consiste donc à détecter et à désamorcer quotidiennement les parasites qui minent l’entente et ferment la porte à la communication, tant il est vrai que “taire” résonne toujours tristement comme rime pauvre d’adultère...