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Drame à choix multiple

La question

Lorsque l’on demande à un enfant s’il préfère sa maman ou son papa, il est en général incapable de répondre: à ses yeux, c’est une question absurde, tant ces deux références “adultes” sont à la fois indissociables et également importantes dans sa vie.

 

La réponse du psy

C’est comme s’il fallait choisir entre sa main gauche et sa main droite: les deux ont des fonctions certes légèrement différentes mais on ne peut se passer ni de l’une, ni de l’autre. Au moment où survient une tragique situation de séparation ou de divorce, c’est pourtant à ce dilemme qu’il sera confronté et même une solution optimale n’évitera pas de prendre une décision qui, par la force de choses, privilégiera l’un ou l’autre des parents et induira un conflit de loyauté plus ou moins prononcé. Ainsi, l’enfant aura fréquemment l’impression d’avoir été obligé de trahir son père ou sa mère, sans être en mesure d’intervenir pour éviter l’explosion de la cellule familiale, et il gardera longtemps le secret espoir d’une réconciliation miraculeuse. Dans notre culture occidentale, l’éducation des enfants est considérée comme étant plutôt du ressort de la femme. Sans qu’il soit encore possible d’en évaluer la véracité scientifique, il semble par ailleurs que la mère développe des liens plus solides avec sa progéniture que le père, pour des raisons notamment biologiques: durant neuf mois, le foetus vit en symbiose totale avec son corps et il subsisterait, bien après la naissance, un attachement privilégié que l’on pourrait qualifier de cordon ombilical “virtuel”. L’expérience sociologique montre, en outre, que l’homme refait plus rapidement sa vie, le plus souvent sans retrouver la même stabilité qu’avant le divorce. Ces considérations purement pragmatiques et en partie subjectives expliquent que la garde soit assez systématiquement prononcée en faveur de la maman, qui reste ainsi le port d’attache de l’enfant, le papa voguant vers une nouvelle destinée. Les habitudes sociales, on le sait, ont un très fort pouvoir normatif et il n’est pas étonnant que la volonté d’une femme de renoncer à la garde de son - ou de ses - enfant(s), quelle qu’en soit la raison, ait tendance à susciter des réactions mitigées voire violentes. Cependant, il ne faut pas oublier qu’une séparation constitue toujours un drame à choix multiples, inévitablement entachés d’effets négatifs difficiles à évaluer sans un certain recul. Dans tous les cas, pourtant, les parents devraient avoir à coeur de ne pas spolier l’enfant de son droit à la parole, à n’importe quel moment de son évolution personnelle, en évitant qu’en plus de souffrir des vicissitudes de perdre en partie son papa ou sa maman, il soit contraint de sacrifier l’amour inconditionnel de l’un pour mériter celui de l’autre...