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Meilleur du pire?

La question

Les statistiques sont éloquentes: aujourd’hui, plus de 4 mariages sur 10 se soldent par un échec, à plus ou moins brève échéance. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, en se référant notamment à la vie affective tumultueuse des personnalités bien en vue, le plus grand nombre de ruptures n’interviennent pas après quelques mois d’une liaison qui révèle rapidement sa nature de faux pas regrettable, mais plus tard, au terme d’une dizaine d’années en moyenne, ce qui explique la présence assez systématique d’enfants au moment de la séparation du père et de la mère et pose le douloureux problème du droit de garde.

 

La réponse du psy

Cette pléthore de mariages qui sombrent constitue un phénomène relativement nouveau dans notre société, où, il n’y a pas si longtemps, le divorce était considéré comme une avanie à éviter impérativement. Il y a quelques décennies seulement, le vent de libération des moeurs n’avait pas encore soufflé et de nombreuses unions n’obéissaient pas aux règles de Cupidon: les choix étaient souvent décidés entre familles, pour différentes raisons pratiques et matérielles, reléguant l’amour au simple rang de cerise sur le gâteau. On considérait alors que les couples qui prononçaient un “oui” pour la vie, auraient suffisamment de temps pour faire plus ample connaissance et que, dans le meilleur des cas, le ciment affectif finirait bien par souder les corps et les esprits. Si d’aventure la mayonnaise des sentiments ne prenait pas, on sauverait les apparences, en réservant le thème de la fidélité et de ses inévitables accrocs aux conversations secrètes du confessionnal, le dimanche... Mais les choses ont évolué et le coeur a pris le pas sur la logique: la notion de famille a perdu sa fonction primaire de cadre équilibrant pour le développement des enfants, le mariage n’est plus le garant d’une stabilité sociale à long terme et s’est mué en étape de vie réversible à souhait, au gré de l’évolution des goûts et des aspirations de l’homme et de la femme, indépendamment de leur progéniture, exposée du même coup à l’explosion toujours dramatique de la cellule familiale. Dans ce contexte, la garde partagée semble effectivement se présenter comme la meilleure des solutions pour éviter aux enfants de souffrir de la cruelle absence du papa ou de la maman, qui, au-delà d’un attachement “viscéral”, représentent des modèles et des références indispensables, largement copiés et imités à l’âge adulte. Mais les contraintes que cela implique pour les parents séparés laissent songeur: le divorce cesse d’être source de renouveau et crée divers désavantages lourds et dispendieux que le mariage “classique” parvenait à éviter sans équivoque. C’est à se demander si, bien souvent, entre le meilleur et le pire, il ne vaudrait pas mieux choisir le médiocre...