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Avortement

La question

Certains sujets polémiques - et l’avortement en fait partie - ont l’art de susciter de véritables batailles rangées entre partisans et opposants, chacun amenant les meilleurs arguments possibles pour étayer et justifier leur position.

 

La réponse du psy

La particularité de ces propos, qui mélangent sans distinction les aspects généraux et particuliers du problème, c’est qu’ils sont systématiquement “déconnectés” d’un paramètre essentiel dans tous les choix que nous devons faire quotidiennement: le contexte. Comment réagirions-nous, si nous étions confrontés à une situation extrême, quelle qu’elle soit? On peut se documenter à l’envi, peaufiner ses connaissances à fond, on ne le saura pas avec certitude tant que l’existence ne nous en aura pas fait subir l’expérience, toujours marquante et parfois particulièrement douloureuse. Les témoignages poignants des femmes qui ont dû avorter s’inscrivent précisément dans ce cadre de vérité qui fait défaut dans les débats et poussent forcément à adopter une attitude plus nuancée: parmi ceux et celles qui crient au crime ou, au contraire, clament le droit à la liberté, qui osera prétendre posséder le jugement le plus fiable alors que c’est un drame profond et intime que l’on peut certes tenter de comprendre à travers les mots et les émotions qui les suivent mais que l’on ne ressentira jamais comme la personne qui en a effectivement souffert? On remarque d’ailleurs fréquemment que les plus ardents défenseurs d’une opinion controversée sont les plus démunis face à l’épreuve elle-même, lorsque le destin se charge de la glisser insidieusement dans l’un de ses fameux paquets faits de hasards et de circonstances. Les belles théories, les envolées lyriques et toutes les considérations philosophico-existentielles s’effondrent alors brusquement sous le coup de la réalité, froide, brutale et impitoyable. Cette constatation devrait nous inciter à faire preuve de beaucoup de prudence quand on aborde ces thèmes “explosifs” en demeurant lucides et conscients que l’on ne connaît véritablement que ce que l’on a vécu soi-même...