Besoin d’aide ? Mal-être ? Vous n’êtes pas seul dans votre cas, d’autres sont confrontés aux mêmes difficultés.
Voici offerts près d’un millier de conseils psychologiques pour mieux être et mieux vivre que j’ai publiés dans la presse ; ils répondent à un souci de développement personnel et sont souvent accompagnés d’un proverbe du sage Nô-Mi, mon fidèle acolyte.
J’ai de la peine à retrouver une place de travail et je pense que je pourrais améliorer mes chances en préparant mon prochain entretien. Pouvez-vous me donner quelques conseils afin que je mette un maximum d’atouts de mon côté ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
La valeur que t’accorde le regard d’autrui ne présume en rien ce que tu possèdes dans tes coffres secrets…
La réponse du psy
Avant le rendez-vous, préparez-vous activement en notant d’une part toutes les questions que vous vous posez par rapport à l’entreprise et au poste, d’autre part toutes les informations que le chef du personnel voudra d’obtenir de votre part (situation personnelle, expériences professionnelles, etc…).
Pendant l’entrevue, gardez à l’esprit que vous devez sortir du lot et présentez vous en conséquence :
adaptez votre tenue vestimentaire en fonction du style de l’entreprise. Accordez toute votre attention à votre interlocuteur et donnez des réponses claires et précises aux questions qui vous sont posées. Manifestez de l’intérêt et n’hésitez pas à demander des précisions quant au cahier des charges. N’essayez pas de “jouer un rôle”. Soyez naturel, avec tact et courtoisie.
Après le premier entretien, faites le point sur les informations que vous avez données et reçues. Si l’employeur potentiel vous a promis de vous rappeler et qu’il omet de le faire, prenez l’initiative de reprendre contact. Dans tous les cas, retenez autant que possible ce qui a plu ou déplu à votre interlocuteur et améliorez ainsi votre présentation. Enfin, je vous conseille d’acheter (ou d’emprunter) un livre sur les entretiens d’embauche, la façon de les préparer et de les évaluer. Ainsi, vous serez fin prêt pour remettre rapidement le pied à l’étrier…
A la recherche d’un nouvel emploi, j’ai rencontré de nombreux employeurs qui cherchaient du personnel ayant mon profil. A chaque entretien, j’ai vraiment donné le meilleur de moi-même mais les réponses ont toutes été négatives. Je me sens complètement remis en question. Comment expliquer ces rejets multiples ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Celui qui sait qui il est, devient son meilleur démarcheur.
La réponse du psy
La situation économique actuelle a pour effet d’augmenter considérablement le nombre de candidatures intéressantes pour un poste mis au concours. Les employeurs ont le choix et peuvent se permettre d’opérer une sélection beaucoup plus “pointue” qu’auparavant. Votre situation mérite donc une analyse particulière, en fonction de vos aptitudes, compétences et qualités, que vous faites valoir lorsque vous postulez pour un nouvel emploi.
Vous pourriez envisager de faire un véritable “bilan professionnel” dans un cabinet spécialisé en recrutement du personnel. En effet, pour obtenir le feu vert de votre futur patron, vous devez apprendre à lui présenter vos atouts de manière optimale. Ainsi, une trop grande polyvalence ou des connaissances trop particulières, voire lacunaires, peuvent freiner, voire stopper les meilleures intentions. Aujourd’hui, plus que jamais, il faut savoir utiliser l’ensemble de ses acquis et de ses expériences et un simple cours de “perfectionnement” ne suffit plus à vous rendre réellement indispensable aux yeux de ceux qui n’ont que l’embarras du choix. Enfin, une réponse négative ne doit en aucun cas vous remettre en question : à chaque entretien, vous apprenez quelquechose sur vous-même et sur le monde économique dans lequel vous évoluez. Et cet apprentisage vous permet, peu à peu, de mieux comprendre quels atouts personnels vous pouvez le mieux mettre en valeur…
J’ai reçu mon congé pour la fin du mois et je crains tellement de ne plus retrouver un travail qui me convienne que j’en perds les pédales ! Je n’ai plus envie de rien et la seule idée de bouger me fatigue ! Que pourrais-je faire ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Ce n’est pas en abandonnant le jeu que tu gagneras la partie…
La réponse du psy
Le chômage constitue une épreuve particulièrement douloureuse dans notre société où une grande partie de notre vie est “occupée” en permanence par le travail. Le fait d’être impuissant à contrôler la situation et de se voir refuser des postes intéressants peut nous faire perdre confiance en nous, en nos qualités, en nos potentialités et conduire à des problèmes psychosomatiques ou dépressifs. Votre réaction de repli constitue un moyen de vous protéger contre cette “agression” de la vie. Pourtant, la seule façon d’affronter le problème, c’est de rester actif, à tout prix. En premier lieu, définissez des horaires précis et mettez de l’ordre dans vos journées. Considérez votre recherche d’un nouvel emploi comme une activité à part entière qui réclame autant d’heures de labeur, de concentration et d’énergie qu’un travail à plein temps. Préparez vos candidatures comme un horloger répare une montre délicate, entraînez-vous aux entretiens d’embauche comme un acteur qui joue du Shakespeare et déployez autant d’imgination qu’un auteur de romans policiers… Par ailleurs, chassez impéraivement les “idées noires” et efforcez-vous de vivre “au jour le jour” en retenant chaque fois les éléments positifs, ceux qui vous permettent de faire un pas en avant.
Il m’est arrivé à plusieurs reprises d’être convoqué pour un entretien d’embauche et de me retrouver face à une véritable cohorte de personnes pour me recevoir. Une fois ils étaient même dix! Je panique facilement dans ce genre de situation. Que feriez-vous?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Panique est traître, peur est mensonge car seule vérité et nature montrent le chemin…
La réponse du psy
Dans la plupart des entretiens d’embauche, deux personnes au moins seront présentes pour recevoir et écouter les différents candidats. En général, c’est plutôt un avantage: les risques d’éviction pour causes totalement subjectives sont minimisées par un double avis. Et puis souvent c’est une nécessité pour présenter une société: il y a le directeur et/ou le responsable des ressources humaines et celui ou celle qui sera, avec un peu de chance, votre futur supérieur hiérarchique et qui est le mieux à même de vous décrire clairement les différents aspects de la fonction que vous souhaitez occuper. N’oublions pas que ces rendez-vous ont pour objectif de faire connaissance dans les deux sens! Maintenant, si vous êtes accueilli par une délégation particulièrement fournie qui vous fait perdre vos moyens, essayez immédiatement de relativiser ce “déséquilibre”: d’abord, si autant de personnes vous consacrent leur temps si précieux, c’est que, primo, vous valez le déplacement, ce qui est plutôt bon signe et flatteur, deuzio, le poste à repourvoir doit être vraiment important et, partant, intéressant. Ensuite, faites la part entre les simples “figurants” qui remplissent le rôle de nains de jardin pour impressionner et sonder ce que vous avez dans le ventre et le décideurs qui sont là pour prendre la décision cruciale de vous engager ou de vous renvoyer votre dossier. Si vous parvenez à les convaincre sans vous laisser démonter par l’imposant dispositif d’accueil, alors vous avez de bonnes chances d’emporter le morceau. Enfin, si on vous en donne la possibilité (et je pense que ce sera le cas) n’hésitez pas à jouer la carte de la franchise en demandant quelle est la fonction de chacun de ces “observateurs”. Vous saurez si c’est un simple stratagème psychologique pour voir vos réactions dans un contexte stressant ou si c’est une nécessité structurelle de l’entreprise de réunir autant de monde pour vous rencontrer. En conclusion, n’oubliez pas qu’il vaut mieux avoir face à soi dix personnes plutôt bienveillantes (et la probabilité joue en votre faveur) qu’une seule qui, si vous n’avez pas les atomes crochus requis, prendra congé au bout de quinze petites minutes en vous lançant un uppercut définitif du style: “On vous écrira…”
Je viens de postuler dans une entreprise où, après 12 ans d’assez grande stabilité, 6 personnes déjà ont quitté leur poste en peu de temps, juste après l’arrivée d’un nouvreau chef. Est-ce mauvais signe? Qu’en pensez-vous?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Un jardinier avisé ne cueille jamais les fruits de son arbre avant d’être parfaitement sûr qu’ils sont bien mûrs…
La réponse du psy
Je ferais une distinction entre les différents profils des postes d’une même entreprise: certains emplois sont par définition sujets à forte rotation du personnel, d’autres impliquent une stabilité à plus long terme. Ce n’est donc pas nécessairement un mauvais signe qu’il y ait beaucoup d’évolutions, suivant la nature des activités proposées. Il n’y a donc pas nécessairement une relation de cause à effet entre l’arrivée d’un nouveau chef et le départ de plusieurs collaborateurs ou collaboratrices. L’arrivée d’un nouveau “patron” provoque quelques fois une vague de fond qui bouleverse les habitudes et tend à transformer radicalement le contexte. Certaines personnes le vivent mal et préfèrent prendre la poudre d’escampette plutôt que de s’adapter aux nouvelles “contraintes”. Mais si le nouveau-venu est un manager qui a de la suite dans les idées, il va s’arranger pour procéder en douceur, de façon à ne pas perdre d’un seul coup tout le potentiel de savoir que détiennent ses “subordonnés”. Une fois de plus, tout est naturellement question d’intensité: quelques ajustements sont certes inévitables, mais une “hémorragie” est toujours dangereuse. Aussi, le taux de départs, de rotation et de réorganisations internes constitue une indication intéressante pour un regard extérieur, que l’on peut combiner avec d’autres “informations”. Typiquement, dans le cas que vous nous exposez, vous avez une mauvaise impression de votre éventuel chef et, par ailleurs, vous constatez qu’il y a convergence entre son arrivée et une série importante de départs. Je vous conseille de collecter, dans la mesure du possible, d’autres “indices” qui, si vous êtes retenu pour ce poste, vous aideront à prendre la grande et importante décision d’apposer votre signature au bas du contrat qui vous fera entrer dans cette entreprise. S’il s’agit d’un panier de crabes, d’un nid de guêpes ou de tout autre endroit où vous risquez bien de perdre des plumes, attention les dégâts!
Je me suis souvent demandé si les personnes âgées perdent de leur intelligence à mesure qu’elles vieillissent, ou si, au contraire, les potentialités de l’esprit demeurent entières et résistent aux années. Que sait-on à ce sujet ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Ce n’est pas la force du jardinier qui fait la beauté de ses roses mais la qualité de son expérience…
La réponse du psy
Durant très longtemps, on a cru que l’esprit faiblissait à mesure que le temps passait… Aujourd’hui, heureusement, on sait que ce n’est pas le cas ! En fait, on a pu constater que les facultés de l’esprit ont des évolutions différentes, suivant leur nature : certaines augmentent, beaucoup restent stables, quelques-unes diminuent. Lorsque nous vieillissons, notre esprit (comme nos muscles) tend à devenir plus “raide”. Il fonctionne moins rapidement, un peu comme un moteur qui a déjà beaucoup tourné. Cependant ce phénomène naturel est compensé par la quantité d’informations que nous avons eu l’occasion d’emmagasiner au cours de notre existence.
Là où l’âge se fait sentir, c’est dans l’acquisition de nouveaux concepts particulièrement complexes. Cette constatation ne signifie pas pour autant qu’une personne d’un certain âge soit incapable d’assimiler de nouvelles techniques, par exemple. Seulement elle aura besoin de davantage de temps et de concentration.
Etudiante en dernière année à l’Université, je suis à la recherche d’un emploi dans une grande entreprise. Pour l’instant, deux employeurs sont intéressés par ma candidature et m’ont convoquée pour un examen. A quoi dois-je m’attendre ?
La réponse du psy
La tendance, aujourd’hui, dans les grandes entreprises, c’est de procéder à une sélection “en pyramide” : dans un premier temps, un tri est effectué sur la base des indications fournies par les dossiers de candidature. Ensuite, un entretien préliminaire est organisé avec celles et ceux qui répondent au “profil” demandé. A la fin de cette entrevue, commence l’évaluation proprement dite : questionnaires de motivation, simulation de situations concrètes, tests visant à étudier la logique, le raisonnement, la pertinence et la rapidité des réactions dans un environnement nouveau, etc… La plupart du temps, ces outils d’évaluation sont présentés sur ordinateur et offrent un maximum de convivialité au niveau de l’utilisation. Enfin, une synthèse permet au candidat de prendre connaissance des résultats et, éventuellement, de se justifier par rapport à ceux-ci. A ce point de la sélection, restent en lice deux à trois personnes qui sortent du lot. Un dernier entretien, en général avec un haut responsable de l’entreprise désignera celui ou celle qui sera reteunu. Pour réussir au mieux un tel examen, je vous conseille de donner le meilleur de vous-même, sans vous bloquer sur l’idée de réussir à tout prix. Abordez les tests avec sérénité et naturel et vous donnerez ainsi la meilleure image de vous. Les employeurs souhaitent toujours trouver la “perle rare”. A vous de leur prouver par votre motivation, votre assiduité et vos qualités que c’est précisément VOUS qu’ils cherchent…
Etudiante au gymnase, je souffre de paniques incontrôlables lors des examens. J’ai essayé de résoudre ce problème en prenant des amphétamines. Mes copines disent que les amphétamines ne sont en rien comparables à de la drogue et que je ne cours aucun risque, si j’en prends à faibles doses. Pouvez-vous m’en dire davantage ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Ce n’est pas en fermant les yeux qu’on fera disparaître une montagne…
La réponse du psy
Trente minutes environ après leur absorption, les amphétamines (de structure chimique voisine à la mescaline , hallucinogène mexicain), provoquent une certaine euphorie et une sensation de bien-être. Les produits amphétaminiques sont prescrits depuis longtemps, sous contrôle strict, par certains psychiatres à des patients souffrant de dépressions “légères” et qui, grâce aux effets du médicament, se sentent moins abattus et plus “combattifs”. Tout ce qui est en mesure d’agir sur notre monde intérieur, sur notre psychisme, devrait cependant être considéré comme potentiellement dangereux s’il n’est pas soumis au contrôle d’un spécialiste, médecin ou psychiatre, qui en définit le dosage et évite ainsi les risques inhérents à toute psychostimulant, comme, par exemple, l’accoutumance et la dépendance. Par ailleurs, ce n’est pas en résolvant artificiellement un problème qu’on en vient à bout ! Votre peur des examens est légitime mais il existe des quantités de méthodes de relaxation qui devraient vous permettre de surmonter cet obstacle.
Ma question est simple : je suis âgé de 70 ans, j’aime lire, écrire et apprendre. Selon mon fils, plus on vieillit, moins on a de chance de retenir ce qui est appris. Cette aptitude diminue-t-elle vraiment à mesure que nous vieillissons ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Il ne suffit pas d’avoir la jeunesse pour parcourir une longue route, encore faut-il avoir l’âge pour savoir où passer…
La réponse du psy
Il est certes connu que notre esprit perd de sa “mobilité” avec les années. L’assimilation de techniques nouvelles et complexes nécessitent de la part d’une personne d’un certain âge davantage de concentration et, surtout, de temps. Par ailleurs, il ne faut pas négliger que le train de vie, le stress, etc…, contribuent fortement à “user” notre corps, et donc également notre cerveau.
Cependant des recherches très approfondies ont pu mettre en évidence que les effets de l’âge et l’usure du temps pouvaient être pratiquement compensés intégralement par ce qu’il convient d’appeler la “gymnastique cérébrale”. Il ne s’agit pas là d’exercices particuliers mais plutôt d’une incitation à utiliser le plus possible ses facultés mentales pour les entretenir et éviter qu’elles ne “s’endorment”. A ce titre, on pourrait presque dire que la “curiosité” est le meilleur remède contre la sclérose de l’esprit. Les personnes âgées n’apprennent pas moins bien mais souvent il leur en manque l’occasion ou plus simplement l’envie, voire le courage. Pourtant, on a pu constater que la qualité et la rapidité d’un apprentissage dépendaient davantage de la motivation qu’on y mettait que de l’âge ou du prétendu “don pour…”. Il n’y a pas d’âge pour apprendre et pour créer. Si nous observons autour de nous, dans la culture ou dans la science, nous remarquerons sans peine que les progrès les plus spectaculaires et les oeuvres les plus impressionnantes sont la plupart du temps dues au talent et à la ténacité de personnes qui ont déjà un bon bout de vie derrière elles !
L’expérience remplace bien souvent l’apport de technologies nouvelles et il n’y a pas d’âge de la retraite pour l’esprit humain.
C’est en sortant d’une séance au cinéma, au théâtre ou au cirque que vous avez eu une idée lumineuse, un véritable “flash” révélateur: partir à l’étranger, suivre une école spécialisée dans l’art de la mise en scène, des effets spéciaux ou du rire clownesque et faire une carrière qui n’aurait été que très difficilement envisageable en Suisse.
La réponse du psy
Nous le disions déjà à propos du métier de comédien, de nombreuses vocations ne voient que le côté brillant et attirant de la médaille, oubliant son revers peu glorieux, à savoir que derrière ceux et celles qui ont la chance d’être sous le feu des projecteurs et de l’actualité il y a toujours une foule compacte, privée de privilèges, condamnée à vivoter dans l’ombre. Mais votre projet est différent: vous vous rendez compte des difficultés et des sacrifices que vous imposera le parcours du combattant sur les sentiers de la gloire et vous avez déjà éliminé le côté “anecdotique” de la profession (de l’argent à volonté et une vie de strass et de paillettes) pour vous concentrer sur l’objectif principal: acquérir une véritable formation. Reste donc à choisir où aller, comment financer ces études et trouver un moyen de s’inscrire dans une école digne de ce nom. On ne saurait évidemment trop conseiller les filières “officielles” et reconnues, comme les conservatoires nationaux, les écoles internationales ou les académies de beaux-arts en tous genres, dont la réputation est faite d’argent massif et non de contre-plaqué brillant. En général il y a un examen d’entrée assez gratiné et seule une poignée de personnes “étrangères” y seront admises. Mais le jeu en vaut la chandelle: rien de tel, en effet, qu’une base prestigieuse et fameuse pour démarrer dans le monde des artistes et des saltimbanques. A l’inverse, fuyez comme la peste les innombrables “officines” aux noms ronflants qui vendent du rêve à prix d’or mais n’offrent que des illusions perdues. Avant de vous inscrire, où que ce soit, prenez la peine de vous rendre sur place pour tâter le terrain: n’oubliez pas que vous devrez, à côté des cours, assurer votre subsistance, trouver un logement et réorganiser temporairement toute votre vie. Souvent d’ailleurs, plus que la formation elle-même, c’est là que la bât blesse: votre budget est trop étriqué, vous avez du mal à vous intégrer, vos projets de petits boulots s’effritent face à une concurrence acharnée et le mal du pays vous gagne. Belle épreuve en perspective qui testera la résistance de votre vocation: si elle est solide, alors vous tiendrez le coup! Et puis veillez à assurer vos “arrières”: ne tentez le grand saut que si vous avez déjà en main un diplôme ou un certificat, qui, en cas d’échec, vous permettra de retomber sûrement et rapidement sur vos pieds sans devoir repartir à zéro. Abandonner son apprentissage ou le gymnase pour entreprendre une course au chimères est un exercice particulièrement périlleux car en cas de casse, vous retournez à la case départ…
Plein d’enthousiasme, je viens de me mettre à mon compte et j’ai ouvert un magasin. Mais je me heurte au problème suivant : quelle est la meilleure attitude à adopter face à mon ancien patron qui me fait une mauvaise réputation auprès des fournisseurs et me dénigre auprès des clients ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Pour chaque pierre que tu auras semé dans le jardin de ton voisin, tu récolteras le fruit de ta méchanceté…
La réponse du psy
Votre question fait référence à une situation qui, malheureusement, n’est pas rare : un patron perçoit un concurrent d’autant plus mal qu’il le connaît pour avoir été son employeur… Mais la crainte qu’il exprime en cherchant à vous mettre des bâtons dans les roues montre à quel point, en définitive, il vous estime et reconnaît en vous un danger potentiel pour son propre chiffre d’affaires. On n’a jamais peur d’un ennemi qui nous est largement inférieur; en revanche, on tremble toujours devant celui qui est en mesure de nous écraser. Vous venez de vous mettre à votre compte et votre réputation reste à faire. Même si vos fournisseurs entendent des rumeurs à votre sujet, même si des clients sont “détournés” par un concurrent déloyal, vous avez néanmoins de solides cartes en mains pour réussir dans l’adversité : des études de marché ont en effet montré qu’un acheteur ne se laisse vraiment convaincre que par ce qu’il a vu de ses propres yeux et par les expériences concrètes qu’il a faites. Ainsi, la meilleure des publicités ne peut pas sauver un mauvais produit et une campagne négative ne coulera pas une bonne marque. Je vous conseille donc de ne pas gaspiller votre énergie à essayer de lutter directement contre votre ancien patron (menaces, bagarres, procès, …) mais plutôt à investir là où vous pouvez le battre sur son propre terrain. Charmez vos clients, veillez à construire “votre” image et appliquez toutes les tactiques qui, selon vous, sont susceptibles d’attirer l’attention sur votre magasin : annonces, publicité, offres spéciales, etc… Si vous payez régulièrement vos fournisseurs et éveillez l’intérêt du public par le bouche-à-oreille, votre “concurrent” s’escrimera en vain à vous “descendre en flammes”. Tout ce qu’il atteindra sera de se discréditer auprès de ceux qu’il aura induits en erreur.
Mon supérieur hiérarchique nous houspille continuellement et nous fait constamment des reproches qui ne sont pas fondés. L’ambiance est pourrie et je déprime complètement. Comment faire pour échapper à cet abus de pouvoir?
La réponse du psy
Récemment encore, un directeur d’entreprise qui s’exprimait sur une chaîne de télévision allemande rappelait qu’il devait son succès à une attitude ouverte et pondérée et qu’il ne concevait pas, à la longue, un management reposant sur une autorité répressive. Il soulignait plusieurs choses intéressantes: d’une part, les “cadres” qui croient indispensable de maintenir une ambiance de peur et de rétorsion autour d’eux pour faire avancer les choses, scient à coup sûr la branche sur laquelle ils sont assis. Un moment donné, le groupe qui subit une pression continuelle et malsaine va se liguer et se retourner contre cette personne en mettant les pieds contre le mur et en adoptant la position de l’escargot en danger: recroquevillé dans sa carapace, il bougera le moins possible, ce qui, bien entendu, se fera au détriment du rendement de l’entreprise. D’autre part, c’est en stimulant son entourage, en lui donnant les moyens d’agir et de progresser qu’on crée des conditions idéales de travail où chaque collaborateur se sent épaulé, comprend quelle est sa fonction dans la chaîne des activités et développe de bonnes initiatives. Enfin (et c’est ce qui m’a personnellement le plus frappé), ceux et celles qui souffrent le plus de cette situation sont le plus souvent les “moteurs” de l’entreprise car c’est eux qui s’exposent le plus facilement aux critiques. Et leur départ, lorsque le stress devient trop insupportable, cause un préjudice considérable à toute la production et à la société où sévit un supérieur qui identifie son rôle à celui d’un dresseur qui se doit, pour être vraiment efficace, de distribuer les coups de fouets en nombre et en force.
Le problème, à la longue, tend donc naturellement à se résoudre de lui-même: l’hémorragie de “têtes pleines” provoque immanquablement un juste retour du balancier. Mais, suivant où l’on travaille, cet effet salutaire peut se faire attendre dramatiquement! Parce qu’il ne faut pas se leurrer: les moyens d’agir au niveau des employés qui se sentent dévalorisés et houspillés sont faibles, leur marge de manoeuvre n’étant pas suffisante pour se faire entendre haut et fort. Et l’inertie du groupe est grande: on veut bien se plaindre tout bas autour d’un café ou d’une cigarette mais de là à prendre le taureau par les cornes et à afficher ouvertement son courroux, il y a un pas énorme que peu osent franchir. La conjoncture est tendue, le chômage guette alors mieux vaut serrer les dents et espérer que le fléau disparaisse de lui-même. Ce qui n’est évidemment pas simple! La meilleure des solutions, lorsque l’on constate qu’il n’y a rien à faire pour provoquer un changement, c’est bien évidemment de prendre la poudre d’escampette et de mettre ses talents au service d’un autre patron. Idéal, bien sûr, mais uniquement si l’on a la chance de pouvoir ainsi filer à l’anglaise.
Pour y parvenir, il faut impérativement mettre tous les atouts dans son jeu: être “performant” sur le marché du travail implique souvent la volonté de suivre un perfectionnement, une nouvelle formation et nécessite parfois quelques sacrifices, par exemple liés au lieu du travail (plus on est mobile, plus on a des chances de se “placer”) ou aux questions de salaire (en acceptant de gagner un peu moins on devient aussi moins sélectif). Facile à dire. Mais irréaliste dès qu’il y a une famille à nourrir et des charges incontournables. Mais les abus de pouvoir qui restent dans l’ombre sont comme de vilains abcès que l’on ne perce pas sans douleur. A moins que l’on soit suffisamment “solide” pour se battre et faire en sorte qu’un rayon de soleil vienne éclairer crûment ces attitudes qui malheureusement sont capables d’empoisonner des vies entières! Mais si l’on décide d’agir dans ce sens, il ne faut pas oublier de contrôler l’état de ses batteries et la solidité de son “entourage”: la bataille sera rude et ne pourra être gagnée qu’à condition de disposer d’énergie et de courage en grandes quantités. Parfois le jeu en vaut la chandelle: ce n’est qu’une fois le problème écarté que l’on se rend compte à quel point une certaine sérénité est indispensable pour mener correctement à bien les tâches qui nous sont confiées…
Je souhaite donner mon congé dans l’entreprise où je travaille, car de graves dissensions avec mon supérieur rendent ma vie insupportable. Mais chaque fois que je suis prêt à décrocher un nouvel emploi, on me ferme la porte au nez: lorsqu’ils se renseignent, les employeurs potentiels prennent peur, car ils savent qu’il y a un conflit. Comment m’en sortir ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Un jardin jonché de ronces n’est pas forcément le signe que la terre en est aride…
La réponse du psy
Vous êtes nombreux à vivre cette même situation: quel que soit l’origine de la mésentente dans l’entreprise où l’on travaille, on la traîne avec soi comme une casserole qui fait beaucoup de bruit. Mettez-vous à la place d’un patron qui a le choix entre de nombreux candidats intéressants: s’il sait que l’un d’eux a passablement de problèmes là où il travaille, va-t-il prendre le risque de l’engager chez lui ou préférer quelqu’un de plus “tranquille”? Cette appréciation prendra d’autant plus de poids que le dossier de candidature ne contiendra pas d’éléments susceptibles de contrebalancer cette réputation aux relents de soufre et de poudre. Je vous conseille donc d’essayer, dans la mesure du possible, d’étoffer vos références et de garnir vos certificats de travail: ce sont de précieuses garanties qui ne risquent pas de vous trahir. Contactez les personnes dont vous souhaitez obtenir le concours et expliquez-leur clairement la situation: si elles sont contactées, elles plaideront sûrement en votre faveur. Evitez aussi le piège classique qui consiste, lors d’un entretien d’embauche, à occulter complètement une situation tendue au travail: sans forcément entrer dans les détails, signalez que tout ne tourne pas rond et qu’il ne faut pas s’attendre à ce que votre supérieur vous lance des bouquets de compliments fleuris. On peut avoir peur d’une trop grande franchise dans ces cas épineux mais la sincérité reste toujors un atout de poids lorsqu’il faut prendre une décision. Enfin, ne claironnez pas sur les toits que vous êtes sur le point de partir et que vous cherchez activement une pote de “sortie”: les mauvais coups se nourrissent précisément de ce type d’information. Par chance, beaucoup de responsables du personnel savent merveilleusement faire la part des choses et ne se laisseront pas trop influencer par des langues perfides ou des bruits déplaisants: ils savent qu’un jardin jonché de ronces n’est pas forcément le signe que la terre en est aride…
Vous parlez souvent d’ambiances “détestables” dans certaines entreprises. Chez nous, le notre supérieur rend le climat tellement malsain que plusieurs collaborateurs ont dû être hospitalisés suite à de graves dépressions. J’ai voulu lancer un signal d’alarme à mon syndicat mais on m’a fait remarquer qu’un lien de cause à effet était difficile à établir. Qu’en pensez-vous?
La réponse du psy
Grave problème, effectivement: en cas de malaise collectif, les nerfs de certaines personnes vont craquer dans le fracas assourdissant d’une tragédie triste et fatale mais il n’est guère possible de démontrer clairement que le (ou la) supérieur(e) en porte en grande partie la lourde responsabilité. En effet, on fera toujours remarquer à juste titre que la vie ne se restreint pas au seul cadre de travail et qu’il y a toujours de bonnes et de nombreuses raisons “privées” pour traverser le plus noir des tunnels. On peut d’ailleurs faire la comparaison avec une grippe: qui vous dit que vous l’avez attrapée au bureau et que c’est justement votre patron qui était contagieux? Et puis il faut bien se rendre compte que ceux et celles qui trébuchent et se cassent le nez pour de bon vivent la plupart du temps dans un contexte général peu propice. Un moment donné, une simple goutte d’eau fera déborder le vase, mais comment savoir qui l’a versée?
Cependant, face au type de situation que vous décrivez, je dirais qu’il y tout de même des indices flagrants qui devraient mettre la puce à l’oreille d’observateurs externes: d’abord la récurrence. Imaginez un endroit où tout va bien. Si un employée (ou une employée) perd les pédales, on ne va pas s’affoler et lancer des accusations gratuites puisque par ailleurs les conditions de travail sont bonnes. Mais que dire lorsque c’est une hécatombe et que, à l’instar de ces fameux saloons malfamés qui jalonnaient le Far-West de l’époque, on remarque que ceux et celles qui sortent le font soit à la course, soit les pieds devant? Ensuite, j’imagine que ces “pétarades” ne se font pas sans bruit et qu’une rumeur insistante pointe sur de réels problèmes d’entente et d’harmonie. Qu’une seule personne se plaigne, tire mille sonnettes, fasse un boucan de tous les diables, je veux bien qu’on se dise que c’est un “cas” spécial et qu’on lui colle l’étiquette du caractériel de service. Mais que penser d’une épidémie de mécontents, d’une marée d’insatisfaits? Enfin, toute entreprise a une histoire, même courte. Il y a beaucoup à apprendre du passé: qu’il y ait quelques problèmes, c’est inévitable. Mais si leur concentration augmente de façon anormale et inexplicable, je me poserais de sérieuses questions…
Bien sûr, je l’ai déjà souligné maintes fois, la lutte est trop souvent inégale: comment “déboulonner” un chef qui écrase, domine et maltraite si l’on n’est pas soi-même solidement vissé et certain que le siège que l’on occupe ne deviendra pas soudain éjectable? Mais je crois que nous possédons tous une conscience de nos attitudes et comportements, bons et mauvais. Et lorsque nous nous regardons dans notre miroir, nous ne pouvons pas travestir le reflet qu’il nous renvoie: à l’instar du portrait de Dorian Gray qui, à mesure qu’il commettait ses exactions devenait de plus en plus hideux et cauchemardesque, les personnes qui, avec arrogance et mépris, passent leur temps à abuser de leur pouvoir, à broyer le présent et à compromettre l’avenir de ceux qui travaillent pour eux, ne sont très vraisemblablement pas dupes de leur méchanceté et portent probablement un sacré fardeau qui se résume en une simple question, directe et sans détour, partant de l’idée communément admise que la vie possède une utilité qui dépasse notre entendement: “A quelle sous-vermine vais-je bien pouvoir répondre de mes actes pour être félicité du sens que j’ai donné à mon destin?”
Dans mon entreprise, le climat tellement malsain que plusieurs collègues ont fait des dépressions. J’ai voulu lancer un signal d’alarme à mon syndicat mais on m’a fait remarquer qu’un lien de cause à effet était difficile à établir. Qu’en pensez-vous?
La réponse du psy
Grave problème, effectivement: en cas de malaise collectif, les nerfs de certaines personnes vont craquer dans le fracas assourdissant d’une tragédie triste et fatale mais il n’est guère possible de démontrer clairement que l’environnement de travail en est l’une des causes principales. En effet, on fera toujours remarquer à juste titre que la vie ne se restreint pas au seul cadre de l’entreprise et qu’il y a toujours de bonnes et de nombreuses raisons “privées” pour traverser le plus noir des tunnels. On peut d’ailleurs faire la comparaison avec une grippe: qui vous dit que vous l’avez attrapée au bureau et que c’est justement votre patron qui était contagieux? Et puis il faut bien se rendre compte que ceux et celles qui trébuchent et se cassent le nez pour de bon vivent la plupart du temps dans un contexte général peu propice. Un moment donné, une simple goutte d’eau fera déborder le vase, mais comment savoir qui l’a versée? Cependant, face au type de situation que vous décrivez, je dirais qu’il y tout de même des indices flagrants qui devraient mettre la puce à l’oreille d’observateurs externes: d’abord la récurrence. Imaginez un endroit où tout va bien. Si un employé (ou une employée) perd les pédales, on ne va pas s’affoler et lancer des accusations gratuites puisque par ailleurs les conditions de travail sont bonnes. Mais que dire lorsque c’est une hécatombe et que, à l’instar de ces fameux saloons malfamés qui jalonnaient le Far-West de l’époque, on remarque que ceux et celles qui sortent le font toujours à la course? Ensuite, j’imagine que ces “pétarades” ne se font pas sans bruit et qu’une rumeur insistante pointe sur de réels problèmes d’entente et d’harmonie. Qu’une seule personne se plaigne, tire mille sonnettes, fasse un boucan de tous les diables, je veux bien qu’on se dise que c’est un “cas” spécial. Mais que penser d’une épidémie de mécontents, d’une marée d’insatisfaits? Enfin, toute entreprise a une histoire, même courte. Il y a beaucoup à apprendre du passé: qu’il y ait quelques problèmes, c’est inévitable. Mais si leur concentration augmente de façon anormale et inexplicable, je me poserais de sérieuses questions…
Relativement fragile sur le plan de la santé, je dois souvent manquer mon travail. Mais chaque fois, je me sens très coupable, comme si je n’avais pas le droit d’être malade. Quels trucs pourrais-je utiliser pour échapper à cela ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Si tu crains le tonnerre, avant de te cacher dans ta maison, attends au moins d’avoir vu la foudre !
La réponse du psy
Beaucoup de personnes souffrent de ne pas pouvoir - et de ne pas savoir - s’accorder du temps lorsque la fatigue, le stress ou la maladie minent leur santé. On peut facilement les comprendre : les entreprises jouent de plus en plus la carte du rendement et admettent difficilement celles et ceux qui, pour une raison ou une autre, ne tiennent pas le rythme de la course et, chancelants, implorent de pouvoir reprendre leur souffle. Mais il ne faut rien exagérer : bien souvent, nous nous imposons un style de vie où le travail prend une importance telle que le moindre grain de sable déséquilibre dangereusement la balance de nos valeurs. Lorsque l’on se sent coupable de “trahir” son patron parce que la maladie nous contraint de prendre du repos, c’est que l’on est devenu, par la force des choses, incapable de “lâcher du lest” et de réaliser qu’une petite absence justifiée ne rapproche pas forcément de la fin du monde ! Bien entendu, si le congé-maladie devient la règle et les jours de présence l’exception, vos supérieurs hiérarchiques auront parfaitement raison de vous montrer du doigt. Mais, à moins d’être sous les ordres d’une personne qui se croit obligée de jouer les anges du jugement-dernier à chaque petite contrariété, il n’y a aucune raison de craindre la foudre et le tonnerre parce que l’on se blottit au fond de son lit, un thermomètre sous le bras et une bouillotte dans le dos… Je vous conseille donc de laisser sur le pas de la porte de votre chambre tous les reproches que vous vous faites habituellement : on ne saurait être coupable sans avoir été jugé et si votre patron ne vous reproche rien, c’est qu’il comprend que vous avez de bonnes raisons de penser d’abord à votre santé ! Par contre, si vous faites l’objet de critiques ouvertes et que vous avez le sentiment que votre absence pourrait entraîner de graves conséquences, comme un licenciement, n’hésitez pas à prendre les devants et à demander d’être vu par un médecin agréé par votre entreprise. Son bilan aura le mérite de remettre l’église au milieu du village, à condition bien sûr qu’il y ait des raisons valables pour la déplacer.
Dans mon département nous perdons beaucoup de temps en séances et groupes de travail aussi longs qu’inutiles. Mais il est toujours difficile de se soustraire à ces corvées. Comment faire?
La réponse du psy
Problème épineux: d’un côté vous avez des dossiers qui s’empilent sur votre bureau, des téléphones urgents à donner et une foule de questions en suspens à traiter, bien évidemment en priorité. De l’autre, votre agenda ne cesse de se remplir de ces séances que d’autres jugent éminemment indispensables mais qui ont le chic de repousser votre travail effectif au-delà des heures de bureau et, surtout, vous plongent régulièrement dans un état semi-comateux dont vous ressortez les yeux lourds et la bouche pâteuse… Mais comme vous ne voulez pas passer pour un individualiste qui n’aime pas partager son temps précieux avec les autres vous ne pouvez pas systématiquement jouer les absents pour cause de surcharge de travail: et vos collègues, alors, ils se tournent les pouces? Voici donc quelques trucs qui pourront vous tirer d’affaire, à condition bien sûr de ne pas en abuser… Classique, pour commencer, le coup de l’urgence absolue. Votre secrétaire vient dans la salle de réunion vous glisser un papier griffonné à la hâte, si possible avant que vous ne soyez plongé dans le coma précité. Vous prenez un air préoccupé, stressé, sombre, la situation est sérieuse. Et vous priez l’assistance de vous excuser. Le tour est joué. Manipulateur, ensuite, le roi des horaires incompatibles: au moment de fixer les dates d’un groupe de travail, vous n’êtes pas disponible avant trois ou quatre mois au moins, si ce n’est à 7 heures du matin ou largement après 16 heures, le vendredi bien entendu. Imparable comme technique. Conciliant, pour continuer dans la même veine: manque de pot, votre agenda déborde déjà de séances, toutes plus importantes les unes que les autres et naturellement elles se chevauchent toutes. Vous ferez votre possible pour faire une “apparition” mais comme vous voulez faire plaisir à tout le monde, elle se réduira à quelques minutes de simple courtoisie… Et pour conclure, le must: vous minez le terrain de l’intérieur en proposant de créer des sous-groupes à l’intérieur du groupe, pour analyser en détail certains aspects qui vous paraissent impossibles à traiter en “plénum”. Cette démultiplication va certes augmenter en apparence les réunions mais on retombera très vite dans le cas de figure des indisponibilités de chacun: rien de tel pour gagner du temps… Et puis finalement, il y a toujours la solution simple mais efficace qui consiste à prendre son mal en patience: ça ne fait pas de bruit, ça ne blesse personne et vous pouvez l’appliquer de façon systématique!
Je suis une personne très tendue. Au travail, par exemple, j’ai parfois le dos tellement crispé qu’en fin de journée je n’arrive pratiquement plus à me baisser… Existe-t-il une méthode simple - et si possible efficace - que je puisse appliquer tout de suite, sans passer par un spécialiste et des cours?
La réponse du psy
Une méthode courante est celle développée par E. Jacobson qui consiste à prendre conscience de chaque groupe musculaire et de les détendre progressivement. On apprend ainsi à mieux contrôler et percevoir ses différentes sensations. Nous allons vous présenter brièvement les points importants de cette méthode. Il va de soi qu’il existe des cours complets, dispensés par des spécialistes.
Choisissez d’abord un endroit calme et tranquille. Vous pouvez soit être assis confortablement, soit couché, les yeux fermés. L’ensemble des exercices dure de 20 à 30 minutes. Tendez progressivement chaque groupe musculaire durant 5 à 8 secondes (que vous comptez mentalement). Ensuite, détendez-vous, en vous concentrant sur le contraste éprouvé. Vous aurez un peu de peine au début, mais, peu à peu, vous augmenterez votre sensation.
Quelques exemples (répétez ces exercices plusieurs fois !):
Depuis un grave échec sentimental, l’année dernière, je souffre constamment de migraines accompagnées de nausées. J’ai consulté plusieurs médecins, j’ai fait deux bilans complets de santé et la conclusion a été simple : je n’ai rien d’autre qu’une “maladie imaginaire”, due au stress de ma situation actuelle. On m’a conseillé d’aller voir un psychiatre. Que dois-je faire ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Il n’est de pire tourment que le voyageur qui se perd sur les routes de sa destinée. Mais aucun chemin n’est assez tortueux pour ne laisser filtrer une issue vers la lumière…
La réponse du psy
Dans votre cas, cher lecteur, on parle volontiers d’affection “psycho-somatique”. La médecine “rationnaliste” a très vite scindé l’être humain en deux “parties” : son corps, entité organique, et son esprit, entité psychique. Lorsqu’un bilan de santé ne révèle aucune anomalie organique, et qu’en plus le contexte vital du patient est “perturbé” par une situation inconfortable, les spécialistes en déduisent que ce qu’il convient d’appeler une “douleur” morale se répercute sur les organes, sans que ceux-ci soient réellement “malades”. L’expression “c’est dans la tête” explique ce phénomène : vos douleurs ne sont pas induites par un “défaut” physique. Votre corps ne fait que refléter une détresse au niveau de l’esprit. La proposition qui vous a été faite de voir un psychiatre vise à réduire la souffrance que vous exprimez actuellement. Et, avant tout, gardez espoir et reprenez courage !
Depuis quelques temps, ma copine qui a 19 ans est mal dans sa peau. Elle fait plein de complexes, se montre parfois agressive avec moi et son entourage et se sent malheureuse. Elle n’a plus envie de s’extérioriser et ne rit presque plus. Qu’est-ce qui cloche et comment pourrais-je l’aider ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Ce n’est pas la quantité d’eau que tu donnes à ton jardin qui le rend fertile, c’est ton art de la doser…
La réponse du psy
Notre vie à tous peut se comparer à un long voyage en avion : les conditions de vol sont parfois excellentes et nous évoluons dans un ciel d’azur mais nous devons aussi traverser des zones de turbulences, de nuages, de tempêtes et les trous d’air qui s’ensuivent mettent nos nerfs - et ceux de notre entourage - à rude épreuve. Votre amie, aux commandes de son jeune destin, affronte actuellement toutes les incertitudes liées à son âge : les études, les perspectives professionelles, l’envie de s’affirmer et les obstacles qu’il faut vaincre pour le faire, les amis qui s’inquiètent et qui, à force de sollicitude et de compassion, rendent le climat encore plus opaque et tendu. Cette jeune fille a besoin de pouvoir prendre du recul, de faire le point en silence, de se retirer temporairement dans sa coquille et tente de l’exprimer à travers l’attitude que vous décrivez. Plus vous intervenez, vous et ses proches, en posant des questions, en formulant des reproches, en essayant de trouver des solutions à sa place, plus vous augmentez son malaise et son désir qu’on la laisse respirer et rétablir une assiette de vol correcte, malgré les conditions atmosphériques difficiles. Je vous conseille donc vivement de rester à ses côtés, comme un co-pilote discret mais efficace : soutenez votre copine sans la submerger de “bons sentiments”, acceptez ses comportements, écoutez-la et essayez de la comprendre, inconditionnellement, en lui offrant un amour solide et constant qui lui donne l’assurance que vous ne la lâcherez jamais quoi qu’il arrive…
J’ai déménagé récemment, ce qui m’impose de nouvelles habitudes : horaires des transports publics, repas de midi, commissions au supermarché, etc… Bien que je sois jeune, j’ai de la peine à m’y faire et je déprime en repensant aux avantages que j’avais avant. Comment retrouver le sourire ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Avant de déplacer ton arbre parce qu’il te masque le soleil, pense à son ombre qui t’en protège…
La réponse du psy
Le sage Nô-Mi avait coutume de dire : “Avant de déplacer ton arbre parce qu’il te masque le soleil, pense à son ombre qui t’en protège…” En d’autres termes, tout changement apporte inévitablement son lot d’agréments et de désagréments. J’imagine que votre déménagement vous a permis de trouver un logement plus confortable, plus vaste, mieux adapté à vos besoins. Mais, bien entendu, vous avez dû faire une croix sur certains avantages qui, peut-être, à force d’être entrés dans votre routine quotidienne, ne vous apparaissaient pas dans toute leur ampleur. Aujourd’hui, vous les regrettez et vous focalisez toute votre attention sur leur “perte” : nouveaux horaires, trajets plus longs, impossibilité de rentrer à la maison à midi, etc… Mais qu’en est-il de l’aspect positif de ce changement ? Quels atouts avez-vous gagné en trouvant un autre domicile ? Avant de prendre une décision vous avez probablement pesé le pour et le contre, en surestimant l’un et en sous-estimant l’autre. Aujourd’hui vous n’êtes pas satisfait car le bénéfice ne compense pas (encore) le déficit. Mais vous avez le choix : soit vous vous laissez encore du temps pour vous habituer aux nouvelles contraintes, soit vous cherchez une solution pour retrouver une vie confortable à votre goût. Les transports publics vous obligent à partir à l’aube et à rentrer au crépuscule ? Qu’à cela ne tienne, achetez une moto, une voiture, trouvez un voisin ou une voisine qui fait le même trajet. Vous ne pouvez pas rentrer à midi ? Explorez le quartier où vous travaillez et dénichez les restaurants pas chers et sympathiques où vous ferez autre chose que manger un sandwich à la hâte et sur le pouce. Le supermarché n’est pas à deux minutes ? Faites davantage de provisions, prévoyez les repas sur une semaine, groupez vos achats. Bref, faites preuve d’imagination et, au lieu de regarder en arrière avec nostalgie, avancez à grands pas et déblayez ce nouveau terrain qui vous paraît encombré d’obstacles. Si, en dépit de tous les ajustements possibles et imaginables vous n’êtes toujours pas satisfait, alors utilisez les grands moyens : déménagez une nouvelle fois. Certes, ce n’est pas une sinécure : deux déménagements valent bien un incendie, disent les spécialistes et on n’a pas envie de remplir les cartons que l’on venait tout juste de vider. Mais parfois on se trompe : le nid douillet qu’on s’était imaginé s’avère plein de ronces et il faut déchanter avant de décamper. Attendez cependant quelques temps : les habitudes reprennent en général vite le dessus et même si votre moral n’est pas à la fête, ne désespérez pas en déprimant sur le passé : nous sommes conçus pour aller de l’avant et quoi qu’il arrive, rien n’est jamais définitif…
Au chômage depuis pas mal de temps déjà, on m’a conseillé d’accroître ma mobilité géographique. J’ai donc postulé dans des entreprises éloignées de mon domicile. Et là, on m’a systématiquement répondu que j’habitais trop loin pour entrer en matière. Alors faut-il être mobile ou immobile?
La réponse du psy
Pour répondre clairement à votre question, il faut décrire ce que l’on entend par “mobilité géographique” lorsqu’on conseille à quelqu’un d’étendre son “rayon” d’action. L’expérience que vous avez faite montre clairement que les patrons qui ont reçu votre dossier ne l’on pas retenu parce que le trajets que vous auriez eu à faire pour vous déplacer sur les lieux de votre travail étaient jugés trop longs, ce qui peut entraîner toute une série de désagréments: pour vous conformer aux horaires de l’entreprise, vous devez vous lever bien avant le chant du coq et vous ne rentrez que tard le soir. Vie de famille réduite, stress et fatigue liés au voyage, par train ou par route, indisponibilité relative pour toute “exception” (une séance agendée en tout début de matinée ou tard dans l’après-midi), retards prévisibles à chaque fois que les conditions atmosphériques font de leurs caprices, risque plus élevé d’accident en chemin, coûts exorbitant de tous ces kilomètres et, à la longue, une lassitude bien compréhensible de votre part qui vous conduire à chercher autre chose et réduira sensiblement votre “enthousiasme” à la tâche. Cette liste n’est bien entendu pas exhaustive. Mais ces quelques exemples démontrent que les longs déplacements ne vous rendent guère plus “mobile”. Au contraire, ils chargent votre existence d’un poids supplémentaire, alourdissent la barque et vous empêchent de vous consacrer pleinement à de nouvelles activités.
Bien sûr, nous avons tous des connaissances qui travaillent “loin” et qui, par la force des choses, se sont habituées à assumer de longs trajets. Mais lorsqu’un patron a le choix, il préférera un collaborateur ou une collaboratrice qui habite dans la région. La mobilité que l’on vous a conseillée c’est donc autre chose et s’apparente davantage à un chamboulement plus radical de toutes vos habitudes. En effet, si vous ne trouvez pas de travail là où vous résidez actuellement, peut-être faut-il songer à carrément déménager ailleurs afin de vous rapprocher d’un lieu où vous avez de meilleures chances de tordre le cou à votre situation actuelle. Typiquement, on vous proposera de “suivre” votre nouvel emploi, quitte à changer de canton, voire de région linguistique. Et cette mesure souvent perçue comme “extrême”, constitue parfois le seul moyen de remettre le pied à l’étrier, même si les sacrifies peuvent être, à première vue, immenses. Vous avez peut-être construit une maison, vous bénéficiez du soutien de votre famille qui habite deux rues plus loin, vos amis se confondent avec vos voisins, bref, votre nid est solidement installé sur une branche. Mais le fait que le tissu économique se soit considérablement réduit et que nombre d’entreprises se voient contraintes de recentrer et de concentrer leur activités agit comme une tornade qui ballotte méchamment “votre” arbre, au point de devoir l’abandonner.
C’est ça, la mobilité. Un trajet que l’on accepte de faire une bonne fois pour toutes en fonction des possibilités de travail qui s’offrent à nous. Et c’est ce qui peut vous donner des atouts auprès d’un employeur potentiel qui verra avec plaisir votre arrivée “sur place”, réduisant du même coup toutes les appréhensions dont j’énumérais quelques exemples tout à l’heure. Bien entendu, vous n’allez pas déménager sous prétexte que vous devez habiter à moins d’un kilomètre du lieu où vous travaillez. Il n’y a pas de “règle” précise qui dicte à partir de quelle distance il convient de prendre ses cliques et ses claques pour opérer un déplacement “complet”. Tout dépend du confort de vie que l’on souhaite - et qui est “recommandé” - et de la charge liée à son activité. En gros, on peut cependant considérer qu’avec trois heures et plus de trajet par jour, vous risquez bien d’être débordé, à terme et que votre candidature sera difficilement prise en compte. A moins, bien sûr, que vous ne soyez un spécialiste dont on ne peut pas se passer et pour les services duquel l’entreprise consentira à prendre le risque de vous voir constamment sous pression pour arriver à l’heure le matin et ne pas partir en retard le soir… La mobilité que l’on vous conseille aujourd’hui va de pair avec une remise en question profonde de vos habitudes et de votre vie. Elle ne saurait donc s’improviser sur un simple coup de tête ou parce que, le couteau sous la gorge, vous vous sentez obligé de tout accepter, à n’importe quel prix. Mais si vous vous rendez compte que vous ne retrouverez du travail qu’à condition de faire “le grand saut”, n’oubliez pas que la distance n’effraie pas, en principe, les “vrais” amis et que le confort d’un nid ne dépend pas seulement de la branche sur lequel on l’a construit…
Depuis quelques années notre ménage périclite. Mais je n’ose pas divorcer car j’ai trop peur de me retrouver seul. Mais j’ai l’impression de gaspiller mon temps et ma vie… Que faire ?
La réponse du psy
Même la pire des relations peut garder certains avantages. De nombreux couples passent leur temps à s’entre-déchirer mais restent ensemble parce que de nombreux aspects de leur vie s’accommodent mieux des disputes que d’une rupture. Celle-ci est douloureuse et remet en question tout ce que l’on a construit et mis en commun. Rien que sur le plan matériel, un divorce constitue une épreuve digne d’une tornade. Il faut partager les meubles, trouver un nouveau logement, entamer d’interminables démarches administratives, sans compter qu’à côté, la vie professionnelle continue et mobilise une énergie considérable. On peut d’ailleurs s’étonner du nombre de personnes qui se jettent à l’eau, si l’on envisage les choses sous cet aspect. Et puis, sur le plan affectif, on retrouve constamment le problème que vous évoquez : se quitter, d’accord, mais pour aller où et comment ? A force d’être ensemble, on s’habitue à être “en compagnie” et le silence d’un appartement vide fait peur et la perspective d’un week-end en tête-à-tête avec son miroir est légitimement terrifiante. C’est un peu comme si vous habitez dans un appartement hideux : un jour de pluie, vous y serez néanmoins mieux que dehors ! Mais lorsque la situation devient intenable et que l’on a l’impression de voir sa vie sombrer dans le tourbillon de la déprime, il faut sérieusement se poser la question suivante : “A moyen terme, qu’est-ce qui a plus d’importance pour moi ? Une relation infectée par le virus de la haine est-elle plus viable qu’un saut vers une nouvelle étape de son “destin” ? Personne n’aime se jeter dans l’inconnu car il représente un tunnel sans lumière, un puits sans fond, une montagne sans sommet. Et pourtant, ceux qui s’y sont lancés ont progressivement distingué des lueurs dans la nuit ou ont réalisé qu’il n’existe pas de problèmes sans solution, de voies sans issues. On peut se préparer à faire “le pas” en assurant ses arrières et en avançant peu à peu, en se laissant le temps de s’adapter à un nouvel environnement. Vous pouvez par exemple vous fixer un délai assez large pour trouver un nouvel appartement, poser prudemment quelques jalons pour reconstruire ailleurs ce que vous allez “perdre” le moment venu. Une rupture sentimentale, un divorce, une séparation ne sont pas des fatalités face auxquelles nous ne pouvons qu’opposer nos larmes et notre dépit. C’est un long chemin de croix, certes, mais qui permet de sauvegarder ce que nous avons de plus précieux et d’unique, notre vie et notre destinée.
Je voudrais me lancer dans une carrière artistique, ce qui implique de quitter le confort de mon emploi actuel. Je sens que c’est très important de tenter ce coup de poker mais j’ai peur de faire le pas. Qu’en pensez-vous?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Alors que toi tu ne pouvais que rêver en te nourrissant de ta vie et en dépensant du temps, moi je pouvais vivre en me nourrissant de mes rêves et en accumulant de l’éternité…
La réponse du psy
La vie n’est qu’une suite de décisions plus ou moins bonnes que nous prenons au gré des circonstances et des opportunités. Certaines n’ont pas de grandes conséquences, d’autres sont en mesure de tout chambouler, de mettre les compteurs à zéro et impliquent une remise en question profonde, passant par des périodes de doute, de désespoir, d’exaltation, d’envies, de craintes et d’une question lancinante et récurrente: “Si je me trompais?” Imaginez-vous en astronaute enfermé dans sa capsule quinze secondes avant le lancement. Point de non-retour. Et si tout explosait? Pensez aux personnes qui embarquaient au début de ce siècle sur d’immenses paquebots en partance vers les États-Unis, une simple valise à la main et des rêves plein la tête. La conquête d’un nouveau monde, parsemé d’obstacles imprévisibles et de données totalement inconnues. Tout changement radical dans notre vie présuppose de se lancer dans le vide et d’accepter cet étrange combat avec le destin qui se résume à lancer une pièce en l’air et de se fier au hasard et à sa compagne, la chance. On peut certes mettre des atouts de son côté: économiser pour avoir un petit pécule en cas de pépin, une poire pour la soif, garder des contacts pour un retour éventuel, s’assurer le soutien de son entourage et l’adhésion de ses proches, procéder étape par étape, partir en reconnaissance, etc… Mais un moment donné il y a cette décision à prendre: “J’y vais ou j’y vais pas?” Personne ne peut trancher à votre place, c’est à vous qu’appartient de faire un pari que vous pensez être en mesure de gagner.
Vous sentez que c’est important pour vous de miser le tout pour le tout et de dire adieu au confort douillet d’un emploi stable. Allez-y, sautez! D’une part, on ne vit qu’une seule fois (du moins notre vie actuelle) et vous ne savez pas ce que vous réserve l’avenir. Sécurité? Il n’y en a pas d’absolue. Votre boîte actuelle peut couler corps et biens et vous vous retrouvez à la rue. Vous pouvez tomber malade et être attaqué par l’un de ces ignobles prédateurs qui travaille pour le compte de la mort. Ou alors, pourquoi pas, vous achetez un billet à la loterie et vous devenez multimillionnaire. Votre carrière d’artiste joue les exponentielles et vous propulse au top des tops en quelques semaines. Roulette russe: qui sait? Faites confiance à votre instinct et partez à l’aventure en vous ménageant quelques issues de secours. Ne misez pas tout sur le même cheval de bataille mais restez à l’affût de toutes les opportunités. Et, avant toutes choses, vivez! Les erreurs ne comptent pas, tant qu’elles nous permettent d’apprendre et d’aller de l’avant. Tout ce que vous risquez c’est de trouver quelques désillusions au milieu de nombreuses expériences enrichissantes. Et, comme disait le sage Nô-Mi: “Ce ne sont pas quelques ronces qui défigureront ton jardin car au contraire, elles mettront encore avantage en valeur la beauté de tes roses…”
Les Contes de Nô-Mi:
Il y a fort longtemps, deux amis vivaient côte à côte dans d’humbles fermes d’un vaste royaume. Le temps s’écoulait entre le soleil et la pluie, le labeur et le repos, le travail de la terre et la récolte de ses fruits. Ils discutaient beaucoup, parlant de villes lointaines et de palais enchanteurs que des voyageurs de passage leur avaient décrits. Et ils mouraient d’envie de tout lâcher pour partir à l’aventure, à la découverte de ces lieux magiques parce qu’entourés de mystère d’inconnu. Un jour, le plus téméraire des deux décida de se lancer et sous l’oeil étonné et attristé de son ami, il noua un simple baluchon et se mit e route. “Tu seras tué par des bandits de grand chemin!” dit celui qui restait. “Peu m’importe, j’aurai au moins vu à quoi ils ressemblent”, rétorqua celui qui partait. “Tu te perdras dans le dédale des villes et tu mourras d’épuisement”, reprit le premier. “Peu importe, car ainsi j’aurai tout visité…” répondit le second et il s’éloigna rapidement. De nombreuses années passèrent. Le bois de la maison devint tout vermoulu et le fermier, vieux et fatigué se mit à rêver et à regretter de n’avoir pas suivi son ami. “Bah, se consola-t-il, il ne sera pas allé bien loin et puis moi, au moins, je sais où dormir cette nuit…” Au crépuscule de sa vie, le vieillard aperçut un étrange voyageur qui s’arrêta devant sa porte. C’était lui, son ancien ami. Maigre et décharné, il semblait avoir traversé les flammes de l’enfer tant ses haillons tombaient en morceaux sur un corps défait par le poids des kilomètres. Mais quel regard! Ses yeux reflétaient le monde et ses merveilles et la vie y dansait un ballet de joie et d’allégresse. Alors il se mit à conter ses exploits et ses aventures et enfin il conclut par ces étranges paroles: “Alors que toi tu ne pouvais que rêver en te nourrissant de ta vie et en dépensant du temps, moi je pouvais vivre en me nourrissant de mes rêves et en accumulant de l’éternité…”
Nous avons trois enfants qui ne vont pas encore à l’école. Depuis leur naissance, j’exerce à temps complet le métier de femme à la maison. Mais ce rôle me pèse de plus en plus car j’ai envie de reprendre mon travail et je me sens un peu prisonnière de mon foyer. Comment faire pour m’en sortir ?
La réponse du psy
Vous avez parfaitement raison de vouloir concilier votre rôle de femme au foyer avec le métier que vous avez appris. Il est en effet très important, pour votre équilibre personnel, que vous puissiez vous réaliser personnellement, à l’extérieur du cadre restreint de la famille. Il s’agit simplement de trouver un arrangement pour la garde des enfants, lorsque vous n’êtes pas à la maison. En fonction de vos moyens financiers, de la place dont vous disposez chez vous et de vos horaires, plusieurs solutions sont envisageables : la maman de jour (vous amenez vos enfants chez elle et venez les rechercher en sortant du travail), la garderie (qui offre à votre enfant l’occaion de rencontrer de très nombreux petits copains), la jeune fille au pair (qui, en général, vient de Suisse-Allemande et profite d’un séjour linguistique d’une année pour parfaire ses connaissances en français, tout en vous donnant un énorme coup de main tant pour le ménage que pour la garde des enfants), la “grand-mère” de jour (une personne à la retraite vient passer quelques heures par jour chez vous pour s’occuper de vos enfants), le “troc-temps” (un arrangement entre voisines qui se rendent mutuellement service), et, enfin, le partage éventuel du temps de travail et de garde avec votre mari (ce qui est souvent le cas chez les jeunes couples, où l’homme renonce à son plein-temps pour se consacrer davantage à ses enfants). Chaque solution a ses avantages et ses inconvénients et il n’est pas dit que vous trouviez forcément la bonne du premier coup. Discutez-en avec votre époux et avec votre famille et ménagez une temps “d’essai” qui vous évitera de vous décider trop rapidement.
J’aborde cette nouvelle année avec beaucoup d’appréhensions : ma situation personnelle et professionnelle est instable et j’ai l’impression que mon horizon se couvre de nuages bien sombres. Comment lutter contre cette sensation désagréable ?
A l’heure où les premières guirlandes apparaissent dans les vitrines et où l’on dresse mentalement la liste des cadeaux à faire aux parents, amis et connaissances, nombreuses sont les personnes qui rêvent de voir sous le sapin une enveloppe qui leur annonce une promotion et une augmentation de salaire.
Le proverbe du sage Nô-Mi
Au lieu de compter chaque rocher que tu contournes, regarde le nombre de montagnes que tu franchis…
La réponse du psy
Entrer dans une nouvelle année, même si c’est un pas purement virtuel, constitue pour beaucoup de personnes un moment chargé d’angoisse et des craintes face à l’inconnu. C’est un peu comme si, d’un seul coup, on remettait les compteurs à zéro et qu’il fallait repartir à la case “départ”. Or, logiquement, on pourrait tenir le même raisonnement chaque matin lorsque notre réveil nous tire brutalement de nos rêves : ce qui va se passer durant les prochaines douze heures peut nous réserver autant de bonnes que de mauvaises surprises ! Mais heureusement pour nous, notre esprit ne s’attarde pas sur ce problème. Que deviendrions-nous si à chaque nouvelle aube nous devions tout remettre en question ? Au moment où les bouchons de champagne saluent le premier jour de l’année, la tradition veut que nous fassions de bonnes résolutions et, inévitablement, nous percevons les “dangers” potentiels qui risquent de nous guetter au cours des mois à venir. Mais ce n’est pas comme si nous prenions un livre dans notre bibliothèque où tout serait écrit, page après page, chapitre après chapitre. L’avenir se construit au fur et à mesure que nous vivons des épreuves positives et négatives, en interaction avec toutes celles et ceux que nous croisons sur notre chemin. Même si les nuages sombres paraissent opaques et semblent obscurcir définitivement votre horizon, rien ne vous permet de prédire le temps qu’il fera d’ici quelques jours. Vous allez peut-être essuyer de terribles revers mais actuellement vous ne pouvez pas en avoir la certitude. Je vous conseille donc simplement de savourer au maximum le présent sans trop vous préoccuper du futur. Et si les trombes d’eau que vous redoutez arrivent réellement, affrontez les éléments et forcez-vous à croire au soleil après la tempête car l’expérience montre que c’est dans la nature des choses et des événements de nous soumettre à un constant va-et-vient entre le meilleur et le pire !
Où je travaille, j’ai l’impression qu’on ne souligne jamais nos réussites mais qu’on trouve toujours le moyen de critiquer ce qui ne va pas. N’est-ce pas justement le rôle d’un “bon” patron de trouver un juste équilibre entre les deux?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Mieux vaut une seule galette de riz bien cuite qu’un galetas de réserves en feu…
La réponse du psy
Malheureusement, c’est un cadeau que le Père-Noël ne transporte pas dans sa hotte et qu’il faut expressément demander… Or, bien que nous soyons des adultes habitués à nous battre dans la vie et à affronter toutes les contrariétés petites et grandes qui jalonnent notre quotidien, nous avons de la peine à faire le pas, à prendre les devants et à négocier ces quelques centaines de francs en plus par mois… Notre crainte est légitime : celui qui s’avance trop risque de connaître le sort d’un Winkelried moderne et de se retrouver, comme dans une partie de Monopoly, à la case “départ” ou sur la touche, contraint de passer plusieurs tours à ronger son frein et à s’arracher les cheveux d’avoir commis une belle bourde. Tout le problème est dans la forme : s’il n’est pas interdit de demander une augmentation, il est vivement recommandé de ne pas mettre les pieds dans le plat et d’agir dans les règles de l’art avec diplomatie et retenue.
Concrètement :
D’abord, il y a toute une réflexion préliminaire à faire : quelle est ma situation professionnelle actuelle, qu’est-ce qu’on attend de moi et dans quelle mesure suis-je capable d’y répondre, qu’est-ce qui pourrait justifier que mon patron accepte d’entrer en matière et réévalue mon salaire, etc… (voir encart) ? Il s’agit en quelque sorte de faire un bilan professionnel en tenant compte des aspects positifs et négatifs de nos “performances”. Le bon-sens nous aide énormément dans cette évaluation : par exemple, si je travaille dans une PME depuis trois mois seulement, ma demande sera sans aucun doute mal accueillie. Par contre, si je suis un employé fidèle et consciencieux qui compte dix ans d’ancienneté, alors les choses seront plus faciles. Dans cette réflexion, on tiendra justement compte de toute son “histoire” au sein de l’entreprise sans oublier de se comparer aux collègues et d’estimer le plus objectivement possible ce que l’on “vaut”.
Puis… on passe à l’attaque :
Ensuite, si l’on pense qu’une demande d’augmentation de salaire est crédible et justifiée, on peut passer à l’étape suivante qui se fait normalement par écrit (à moins que le patron soit un ami ou un parent). Dans une lettre concise, on proposera à son employeur de procéder à une évaluation du cahier des charges, en vue d’une modification éventuelle de celui-ci. Le salaire est bien entendu sous-jacent à cette demande mais cette question ne devrait pas apparaître au premier plan. On peut faire valoir l’évolution de sa carrière, l’augmentation progressive du nombre et du poids des responsabilités que l’on assume, etc… Cette démarche permet au patron de garder sa liberté de décision et de mûrir sa réponse. Pris de court par une demande orale, il risquerait de se sentir agressé car pressé de décider sur-le-champ. L’avantage de rediscuter du cahier des charges c’est de pouvoir lever d’éventuels malentendus, de corriger certains défauts et de savoir où l’on en est, sur le plan professionnel. Par ailleurs, cette entrevue ne doit pas nécessairement déboucher sur un avis positif du chef.
Celui-ci peut avoir des arguments qui montrent de façon pertinente, et sans nuance critique, que nous sommes correctement rémunérés. Enfin, quelle que soit l’issue de la discussion, on aura la courtoisie de remercier son patron d’avoir pris la peine et le temps d’analyser sa propre situation car un tel “bilan” peut servir à progresser, sans que nécessairement son compte en banque ne s’accroisse substantiellement…
Je n’en peux plus: mon chef, sous le couvert de “critiques”, me blesse sans cesse de ses attaques personnelles. A ses yeux, tout ce que je fais est faux: si j’exécute un ordre qu’il me donne, j’ai tort parce que je ne réfléchis pas. Si je prends des initiatives, c’est encore pire: je suis un mauvais subordonné. Il me harcèle! Que faire?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Apprends d’abord à ne pas craindre l’épée que tu as entre les mains et tu vaincras alors la peur que tu as de celle de ton adversaire…
La réponse du psy
Nous avons déjà eu l’occasion de parler des “mots qui tuent” et je relevais alors à quel point le langage peut devenir une arme aussi tranchante qu’un couteau et aussi meurtrière qu’une arme à feu. La douleur physique peut se mesurer en constatant l’étendue et la gravité des blessures alors que la douleur morale ne se voit pas. Et pourtant, elle est au moins aussi difficile à supporter et aucun onguent miracle n’est en mesure d’en calmer les algies acérées. Sous le couvert d’une critique justifiée et anodine, on peut empoisonner l’existence d’autrui, en toute impunité et c’est là, à mon avis, un acte particulièrement malveillant. Dans le film “Mélodie en Sous-sol” de Henri Verneuil, une réplique signée Michel Audiard fait mouche: “Tu nous feras mourir de chagrin, ton père et moi” dit une mère à son fils qui joue les caïds. Et il répond du tac au tac: “Tant mieux, comme ça au moins on ne retrouvera pas l’arme du crime!” Les mots peuvent blesser, c’est indéniable…
En tant qu’employé, vous n’êtes naturellement pas en position de force et il vous est sans doute difficile d’esquiver ces attaques “personnelles”. Mais vous avez néanmoins un avantage que vous pouvez exploiter. Les personnes qui s’amusent ainsi à “torturer” leurs subordonnés semblent fortes et invulnérables. Détrompez-vous: derrière leur mince bouclier de “fonction”, elles sont beaucoup plus faibles que vous ne l’imaginez. Leur besoin quasi pathologique de “taper” sur ceux et celles qui semblent sans défense, provient en général d’un sentiment profond d’amertume et d’échec dont la cause est le plus souvent affective. Un divorce douloureux, une communication qui vire à l’aigre, des objectifs largement manqués, des cibles jamais atteintes constituent un creuset d’où peut jaillir une source mesquine de venin qui sera projeté sur les autres pour se donner l’illusion stupide qu’ils paient une partie du désastre. En d’autres termes, votre chef se permet de vous “démolir” parce qu’il a un compte à régler avec sa propre destinée…
Partons donc de l’idée que vous avez en face de vous quelqu’un qui, dans son armure qui projette du vitriol, vacille sous le poids du doute et de la misère affective. De votre côté, vous n’avez rien à perdre: qu’importe, dans votre situation, de perdre votre emploi? Vous seriez certes au chômage, mais débarrassé d’un fardeau qui vous use et qui, à la longue, minera votre santé. Donc… changez de tactique et attaquez. Systématiquement, lorsque vous êtes assailli de critiques, retournez-les et battez-vous au lieu de subir passivement. Une fois la surprise passée, votre supérieur hiérarchique tentera sans doute d’enclencher la vitesse supérieure pour vous museler. Ne vous laissez pas influencer et appliquez la loi du talion: “Oeil pour oeil, dent pour dent.” Renvoyez le poison d’où il vient, montez au créneau, faites la guerre. Par oral, jamais par écrit. C’est une erreur commune que l’on commet trop souvent: on croit qu’une lettre aura plus de poids en cas de conflit qu’une phrase bien sentie. Détrompez-vous: c’est en répliquant directement que vous obtiendrez les meilleurs résultats. N’en démordez pas: répondez, ripostez, objectez, protestez, réagissez, à haute voix, sans vous gêner et renvoyez la balle dans l’autre camp.
Dans un premier temps, les choses risquent de s’envenimer, certes, mais c’est le prix à payer pour crever l’abcès. Et puis, soit vous n’aurez pas gain de cause et vous partirez mais vous aurez au moins la satisfaction de ne pas vous être laissé faire, soit les critiques s’estomperont progressivement. Les “faibles” ont horreur des rebuffades et fuient les personnes qu’ils ne peuvent plus écraser de leur haine verbale. Et c’est bien ce qui les rend pitoyables: ils ne se comportent en “matamores” qu’avec des victimes dont ils ont déjà brisé toute résistance. Un sursaut de celles-ci et c’est aussitôt la débandade. Mais je reconnais qu’il faut un certain courage pour oser se lancer et contrer: rien ne nous y a préparé et notre éducation nous dicte plutôt d’afficher un profil bas sans lutter pour obtenir réparation. Cependant, un moment donné, il devient urgent et vital de montrer que derrière un pâle sourire de façade il peut y avoir des dents tranchantes et que sous une patte de velours se cachent des griffes redoutables.
Depuis peu, je travaille dans un bureau situé au 1 er étage d’une maison assez vétuste. Les parois sont verdâtres, la lumière mauvaise et j’ai l’impression que cet environnement est pour beaucoup dans le sentiment de déprime qui m’assaille chaque matin lorsque j’arrive au travail. Qu’en pensez-vous ?
La réponse du psy
Votre question soulève un problème inéressant : l’influence des couleurs et de la lumière sur notre humeur et sur nos émotions. Des recherches ont montré, par exemple, que le bleu a un effet apaisant, que le vert rassure et que le rouge stimule. Les publicitaires ont vite compris l’astuce et adaptent la couleur du produit ou de son emballage en fonction de l’impact qu’il doit avoir auprès du consommateur. Les banques utilisent facilement le bleu (paix=honnête), les assurances le vert (assuré= rassuré) et les supermarchés le rouge (“flash” stimulant).
Il n’est dès lors pas étonnant qu’entre autres facteurs, un bureau sombre aux parois verdâtres ait un effet déprimant. Cependant, d’autres éléments jouent un rôle plus “dominant” : l’intérêt que l’on porte à son travail, l’ambiance de l’entreprise, le salaire que l’on touche à la fin du mois et, naturellement les horaires.
Il n’est cependant pas inutile d’aménager sa place de travail. Si vous en avez la possibilité, demandez que l’on repeigne votre bureau avec des couleurs châtoyantes qui reflètent un maximum de lumière. A défaut de rendre votre travail gai, vous auerz alors l’impression réconfortante d’être “chez vos”, dans un environnement qui vous plaît.
Je suis enceinte et je vais bientôt accoucher. Ces derniers mois ont été très rudes pour moi et je crains que mon enfant en garde des séquelles (nervosité, sommeil perturbé, caractère difficile, etc…). Ai-je raison d’avoir peur ?
La réponse du psy
L’arrivée imminente d’un enfant augmente considérablement les craintes que l’on nourrit légitimement à son égard car après neuf mois d’attente, on devient impatient de connaître cet être qui a grandi sans jamais se montrer… Il y a eu beaucoup de théories plus ou moins fondées sur ce que l’on appelle la vie intra-utérine et sur l’influence qu’elle peut avoir sur l’enfant, par la suite. Rassurez-vous, à moins d’avoir subi des dommages et des carences physiques dus à des substances toxiques (médicaments, alcool, excès de fumée, etc…) ou une mauvaise hygiène de vie (malnutrition, manque d’apport de vitamines, etc…), votre enfant ne gardera pas de séquelles de votre vie agitée durant sa gestation. Les bébés font preuve d’une adaptabilité hors du commun, ce qui leur permet de survivre aux différentes épreuves qui l’attendent dès les premiers jours. Rien que l’accouchement constitue une épreuve physique pour le petit que peu d’athlètes adultes, même entraînés n’oseraient affronter. Par contre, dès qu’il sera né, votre enfant sera sensible à votre comportement à son égard et, dans la mesure du possible, vous devrez faire abstraction de vos états de stress et de fatigue, même si ses cris et sa totale dépendance vous épuisent. Je vous conseille donc de préparer le terrain, de vous assurer la collaboration de votre famille pour vous soutenir dans cette nouvelle étape de votre vie. Votre enfant, alors, grandira sûrement dans la douceur et la quiétude, sans vous inquiéter !
En déclinant son identité, sans avoir rien dit de sa personne, on a déjà révélé non pas ce qu’on est mais ce que l’autre imagine que nous pourrions être. C’est que ces quelques syllabes qui forment un prénom renvoient chez chacun les images d’une vaste galerie de portraits, accrochés aux murs du gigantesque dédale que forme la mémoire.
La réponse du psy
Qu’elles fassent partie de nos références communes ou de notre “carnet de route” privé, les personnes qui ont croisé d’une manière ou d’une autre notre chemin restent associées au nom qu’elles portent et c’est là une source d’information qui influencera notre première impression: il suffit que l’on vous présente quelqu’un qui porte un prénom honni, pour une raison ou une autre, le coefficient initial de sympathie que vous lui accorderez, sans rien en connaître, se réduira instantanément à l’instar d’une tache de lumière rattrapée par une ombre galopante…
Il y a quelques décennies encore, l’espérance de vie était limitée et la perspective, pour un homme ou une femme, d’avoir un enfant “sur le tard” comportait le risque réel de ne pouvoir l’accompagner sur une période suffisamment longue, ce qui posait à la fois des problèmes pratiques et éthiques.
La réponse du psy
Mais à mesure que les progrès de la science ont ajouté des pages puis des chapitres au livre de notre destinée, il n’est plus impératif de songer à vivre une histoire d’amour unique à la fin du prologue et de saluer l’arrivée d’un bébé au terme du premier quart de l’existence déjà: nombreuses sont les personnes qui écrivent leur aventure en plusieurs volumes et si, autrefois, les amants étaient condamnés à une jeunesse éternelle, aujourd’hui l’amour n’a plus peur ni des rides ni des tempes grisonnantes. D’ailleurs, il n’y a pas d’âge pour aimer et pour fonder une famille! Bien évidemment, la fougue et l’énergie du jeune adulte aideront à supporter la charge et la responsabilité d’élever un petit être aux exigences très élevées mais le manque d’expérience et le besoin, parallèlement, de construire une carrière professionnelle et d’assurer prospérité et longévité seront autant de poids qu’il faudra apprendre à gérer avec patience et doigté. A l’opposé, la maturité et une certaine sécurité matérielle lèveront ces obstacles et donneront toute latitude pour se concentrer sur d’autres maillons devenus plus faibles à l’instar d’une fatigabilité accrue ou d’une faculté d’adaptation moindre. Quel que soit le contexte de la venue d’un enfant, le père apprendra cependant invariablement que dans le mot “papa” il y a plusieurs pas et que pour tenir le rôle de forgeron de l’avenir ce n’est pas tant le nombre d’années qui compte mais plutôt la qualité du feu qui brûle au fond du coeur…
Vu de l’extérieur, les prouesses médicales liées aux progrès fulgurants de la science moderne apparaissent facilement comme la panacée idéale et absolue contre une nature récalcitrante qui fait barrage au désir d’un couple d’avoir un enfant.
La réponse du psy
C’est oublier, au-delà des échecs, relativement nombreux, et des souffrances le plus souvent endurées dans le silence et la solitude, que, dans la plupart des cas, la femme et l’homme sont insuffisamment préparés au rude parcours du combattant qu’ils vont devoir accomplir pour donner corps à leur espoir et qu’à l’arrivée, ils risquent bien d’en payer le prix fort en désillusion et chagrin. L’intervention de la médecine va d’abord chambouler leur vie tout entière: astreint à une disponibilité totale, le couple devra temporairement renoncer à une grande partie de sa liberté, ce qui contribuera à focaliser un regard quasiment obsessionnel sur cette envie d’avoir un enfant et d’obtenir un résultat positif rapidement. Ensuite, on assistera à une véritable douche écossaise faite d’espoirs et de déceptions successives qui, à chaque fois, activeront un processus de deuil avec son chapelet d’émotions fortes et lourdes à gérer. Enfin, toutes ces démarches renforceront le sentiment d’injustice face à tous ces autres conjoints qui font preuve d’une chance insolente en réussissant sans aucun problème à concrétiser naturellement le rêve commun d’avoir un bébé, sans avoir à remuer ciel et terre. Peu d’épreuves sont comparables à cet ensemble d’écueils et son poids pèsera lourd sur les piliers de la relation entre les partenaires. Si certains se sentiront renforcés par cet affrontement commun d’un obstacle redoutable, d’autres n’en supporteront pas les immenses contraintes et garderont en eux des cicatrices profondes, avec cette certitude empreinte de cynisme et de fatalité que même la plus miraculeuse des techniques n’est pas toujours généreuse.
Certains sujets polémiques - et l’avortement en fait partie - ont l’art de susciter de véritables batailles rangées entre partisans et opposants, chacun amenant les meilleurs arguments possibles pour étayer et justifier leur position.
La réponse du psy
La particularité de ces propos, qui mélangent sans distinction les aspects généraux et particuliers du problème, c’est qu’ils sont systématiquement “déconnectés” d’un paramètre essentiel dans tous les choix que nous devons faire quotidiennement: le contexte. Comment réagirions-nous, si nous étions confrontés à une situation extrême, quelle qu’elle soit? On peut se documenter à l’envi, peaufiner ses connaissances à fond, on ne le saura pas avec certitude tant que l’existence ne nous en aura pas fait subir l’expérience, toujours marquante et parfois particulièrement douloureuse. Les témoignages poignants des femmes qui ont dû avorter s’inscrivent précisément dans ce cadre de vérité qui fait défaut dans les débats et poussent forcément à adopter une attitude plus nuancée: parmi ceux et celles qui crient au crime ou, au contraire, clament le droit à la liberté, qui osera prétendre posséder le jugement le plus fiable alors que c’est un drame profond et intime que l’on peut certes tenter de comprendre à travers les mots et les émotions qui les suivent mais que l’on ne ressentira jamais comme la personne qui en a effectivement souffert? On remarque d’ailleurs fréquemment que les plus ardents défenseurs d’une opinion controversée sont les plus démunis face à l’épreuve elle-même, lorsque le destin se charge de la glisser insidieusement dans l’un de ses fameux paquets faits de hasards et de circonstances. Les belles théories, les envolées lyriques et toutes les considérations philosophico-existentielles s’effondrent alors brusquement sous le coup de la réalité, froide, brutale et impitoyable. Cette constatation devrait nous inciter à faire preuve de beaucoup de prudence quand on aborde ces thèmes “explosifs” en demeurant lucides et conscients que l’on ne connaît véritablement que ce que l’on a vécu soi-même…
Notre bébé de 2 mois 1/2 pleure beaucoup, de jour comme de nuit. Nous sommes très préoccupés, mon mari et moi-même, parce que cela rend notre vie difficile et nous avons de la peine à supporter les tensions que ces cris engendrent. Comment calmer notre enfant?
La réponse du psy
Il est intéressant de constater que les cris des nourrissons posent davantage de problèmes aujourd’hui qu’il y a 20 ans. Les pédiatres y voient deux causes principales: d’une part, nous menons tous une vie plus “stressée” et, face à un besoin accru de calme et de repos, les pleurs intempestifs du bébé ont un effet plus dérangeant (manque de sommeil, inconfort le week-end, etc…) D’autre part, il semblerait que notre train de vie influence la vie intrautérine du bébé qui, durant les trois premiers mois de sa vie “autonome” est souvent angoissé (surtout vers le soir) et cherche le réconfort en criant.
Il faut savoir qu’un petit enfant pleure en moyenne une heure à 3 heures par jour et que les réactions de mauvaise humeur, des comportements brusques ou maladroits à son égard ne font qu’empirer les choses.
Concrètement, je vous conseillerais:
Notre ménage ne va pas très fort en ce moment. Mon amie pense qu’un bébé remettrait notre relation sur les rails. Je suis sceptique. Qu’en pensez-vous?
La réponse du psy
Pour de nombreux couples, dans notre société, la finalité même de leur relation c’est de créer une famille et donc de donner naissance à des enfants. Parfois apparaît, sous-jacente, cette idée que le bébé sera comparable à une clef-de-voûte, garantissant la stabilité de cet édifice construit sur deux pliliers, la mère et le père dont la volonté commune permet de “rester ensemble”. Et ce n’est de loin pas faux: pour le bien de l’enfant, de nombreux compromis deviennent possibles - même obligatoires - et la “rupture” se mue en situation d’urgence, à éviter à tout prix. Mais les statistiques sur le nombre sans cesse croissant de divorces (près de 4 mariages sur dix périclitent!) montrent que les petits garçons et les petites filles, même s’ils repoussent les limites du naufrage d’un ménage, ne peuvent en aucun cas servir de “garantie” contre les graves dissensions qui peuvent naître et grandir entre deux partenaires et conduire finalement devant les tribunaux avec avocats, témoins et âpres batailles pour déterminer qui emporte le salon, qui déménage et qui obtient la garde de ces charmantes têtes blondes. Donc je partage votre scepticisme: si votre navire prend l’eau et qu’il menace de sombrer corps et biens, je ne me lancerais ans aucun projet de longue haleine et de grande responsabilité. Or, donner la vie à un enfant n’est pas un acte banal comme acheter un jouet que l’on rangera dans une armoire le jour où on n’en a plus besoin. Les futurs parents ne se rendent pas toujours compte que l’enfant mettra beaucoup de temps à grandir et que ce n’est pas demain qu’il volera de ses propres ailes. Quinze à vingt ans, c’est du long-terme!
Mais l’alchimie complexe d’une relation ne saurait se contenter de ce type de considérations superficielles. Car c’est indéniable qu’un projet commun constitue souvent une source de motivation impressionnante. Vous vivez avec votre amie, partagez vos joies et vos peines mais si demain vous décidez brusquement de vous exiler au fin fond de la Sibérie, rien ne vous retiendra, hormis le regret de quitter quelqu’un que vous aimez. Par contre, dès qu’il y a un objectif qui implique profondément les deux piliers du couple au point de complètement chambouler leur vie, les liens se resserrent par la force des choses. Fonder une entreprise, faire des enfants, se consacrer à un idéal commun, autant de tournants radicaux qui présupposent que l’on s’engage complètement et que l’on prenne des décisions que l’on appelle “adultes”, c’est-à-dire très soigneusement réfléchies. Certaines personnes ont effectivement découvert un nouveau sens à leur vie en se lançant dans l’aventure. D’autres y ont perdu leurs illusions. Celles qui font naïvement croire que la solution aux problèmes est externe, qu’elle se présente à nous sous forme d’un kit prémonté à utiliser tel quel avec trois coups de tournevis et un peu d’huile de coude.
Vous dites que votre couple “bat de l’aile”. Allez-vous tenir le coup? Tout dépend de l’ampleur des tensions et des conflits que vous vivez et, surtout, de votre volonté réciproque de construire, envers et contre tout, malgré les écueils et les obstacles à franchir. Mais je n’envisagerais pas la venue d’un enfant comme bouée de sauvetage providentielle. N’oubliez pas qu’un bébé réclame des soins très importants et qu’il risque à son tour de mettre vos nerfs à rude épreuve. Il va plutôt agir comme une sorte d’amplificateur: si vous êtes prêt à mettre un maximum d’eau dans votre vin et décidez à deux de tout faire pour rester unis, l’enfant peut vous apporter un plus indéniable. Par contre, si vous n’agissez pas et attendez passivement qu’un miracle se produise, que vos difficultés fondent comme neige au soleil face au sourire irrésistible du chérubin, soyez sûr que vous ne tarderez pas à faire vos valises tant le nouveau-venu aura mis vos nerfs et votre relation chancelante à rude épreuve… Et puis n’oubliez pas que votre enfant risque alors d’être le premier à souffrir directement des retombées de la rupture, lui qui ne serait peut-être jamais né si vous et votre amie n’aviez pas compté sur lui pour venir vous sauver!
Je serais intéressée de savoir si chaque enfant suit plus ou moins les mêmes étapes dans l’apprentissage et la maîtrise du dessin. Pouvez-vous me répondre en quelques lignes ?
La réponse du psy
Vers l’âge de deux ans, les bébés, dès qu’on leur met un crayon à portée de main, se mettent à tirer des traits, apparemment sans objectif autre que le plaisir d’effectuer des mouvements “qui laissent des traces”. Le premier véritable dessin représentatif est, en règle générale, l’être humain. Vers trois ans, en effet, le petit enfant souhaite conserver sur le papier ceux qu’il aime et ceux qui l’entourent. D’abord, il commence par dessiner un simple rond auquel il donne de façon rudimentaire les traits du visage (nez, bouche, yeux). Les bras et les jambes sont accolés directement à cette tête, ce qui donne un être humain sans tronc. Ce n’est que deux années plus tard que l’enfant abandonne ces “protozoaires” en leur ajoutant un corps. Jusque vers neuf ans, la particularité du dessin c’est son aspect “transparent” : l’enfant ne représente pas ce qu’il voit d’une chose mais ce qu’il sait d’elle. La femme enceinte est dessinée avec un enfant visible dans le ventre, on voit les racines des arbres et les jambes du conducteur dans la voiture. De nombreuses recherches ont par ailleurs pu mettre en évidence que les “styles” des enfants suivent une évolution qui passe par des stades universels et dépendants du développement du cerveau de l’individu.
J’ai lu dans un magazine que les enfants pouvaient devenir propres en trois jours seulement, à condition de les laisser batifoler nus ou vêtus d’un simple short à la plage. Ainsi, ils se rendent compte quand ils font leurs besoins. J’essaie depuis une semaine avec mon enfant de deux ans, mais ça ne marche pas vraiment. Pouvez-vous m’expliquer pourquoi?
La réponse du psy
La propreté d’un enfant dépend de plusieurs facteurs dont je retiendrai quatre, essentiels : d’abord il y a la maturation neurologique, c’est-à-dire le développement du cerveau et de ses facultés, notamment celle de contrôler ses sphincters et de “sentir” le besoin. Ensuite, la volonté de l’enfant joue un rôle important. Il peut vouloir imiter les autres (dans un groupe), décider qu’il n’est plus un bébé, céder aux pressions de son entourage ou simplement échapper à l’inconfort d’avoir les culottes mouillées ou souillées. L’attitude des parents n’est pas négligeable, par ailleurs. Supprimer les langes demande soudain un grand investissement en temps: il faut surveiller le chérubin et laver, relaver et rerelaver encore les habits qui souffrent de l’absence de “protection” molletonnée. Enfin, on tiendra compte de la fréquence des besoins du petit: s’il boit beaucoup, logiquement, il fera plus souvent pipi… La rapidité de la maturation purement biologique et neurologique est variable d’un individu à un autre et ne permet donc pas de pronostiquer à quel âge exactement l’enfant deviendra propre. On peut donner une indication, entre 2 ans 1/2 et 3 ans 1/2 environ mais c’est déjà fixer une norme très fluctuante en réalité. Et puis la propreté ne s’acquiert pas d’un seul coup: les “accidents” sont encore fréquents au début. Pour l’aîné qui n’a pas de frère ou de soeur à imiter, cet apprentissage peut être plus long. Il n’est pas rare aussi qu’une sorte de déclic se produise. Le petit réalise soudain qu’il ne veut plus être un bébé et fera tout pour entrer dans la cour des “grands”. Certains parents préconisent la méthode que vous décrivez: en été, on laisse gambader les enfants à la plage, ce qui leur fait prendre conscience de la sensation “d’avoir besoin”. Mais si le cerveau n’est pas encore prêt, inutile de s’énerver: les tentatives, sans être vaines, restent sujettes à de nombreux pépins…
J’ai deux petits enfants de moins de trois ans. Ils se battent tout le temps à propos de leurs jouets : il suffit que l’un s’intéresse à une chose pour que l’autre veuille immédiatement s’emparer d’elle ! Que faire ?
La réponse du psy
Tous les parents en ont sans doute fait l’expérience : les petits enfants semblent toujours vouloir le même jouet au même moment. Ils en ont dix mille, entassés partout dans leur chambre mais c’est bien celui dont s’empare le petit frère, la petite soeur ou le petit voisin qui monopolise son attention et déchaîne sa colère. Avec nos yeux d’adultes, nous avons l’impression que l’enfant ne veut pas prêter, qu’il est en train de devenir égoïste. En fait, rassurez-vous : ce comportement est parfaitement normal (du moins à cet âge) : jusque vers trois ans, les petits ne jouent pas vraiment ensemble, ils s’amusent simplement côte à côte. Le mot “prêter” n’a aucun sens pour eux et ils ont l’impression qu’on leur “vole” leurs objets. L’expérience ne leur a pas encore montré qu’on peut prendre et rendre. La petite soeur qui s’approprie le camion de pompiers ou le petit voisin qui fait main basse sur le robot mécanique lui enlèvent quelque chose auquel il tient et il croit qu’il ne les reverra plus. Imaginez qu’on s’installe au volant de votre voiture et que celle-ci vous file sous le nez : n’auriez-vous pas également tendance à hurler et à taper du pied ? Inutile donc de vous énerver et de gronder l’enfant. On ne peut pas être tenu responsable de ce qu’on est encore incapable de comprendre : les larmes qu’il - ou elle - verse ne sont pas synonymes de mauvaise volonté, mais d’un réel sentiment de désespoir de se voir ainsi spolié de son bien. Alors, comment faire ? A la longue, l’enfant va apprendre tout seul que la vie est faite de partages. Avec plus ou moins de plaisir il acceptera peu à peu de se séparer temporairement de ce qu’il considère comme étant sa propriété. Vous pouvez l’aider à faire cet apprentissage qui, souvent, passe par beaucoup de frustrations. Apprenez-lui à pratiquer le troc : je te passe mon trax, mais tu me donnes ton petit train. L’échange a l’immense avantage de ne faire que des heureux : la contrepartie est ce qu’on a trouvé de mieux pour gérer les bonnes relations. Veillez à récompenser vos enfants chaque fois qu’ils acceptent de délaisser un jouet pour le prêter à l’autre. S’ils voient que vus êtes contente d’eux, ils seront encouragés à persévérer, même si, chaque fois, ils auront un petit pincement de coeur accompagné d’un léger doute : vais-je revoir ce que l’autre m’a “emprunté” ? A la longue, heureusement, ils deviendront raisonnables et seront même ravis de partager, car c’est ainsi que l’on s’amuse le mieux !
Ma soeur et moi avons eu un enfant à quelques jours d’intervalle. Or, il apparaît aujourd’hui que le bébé de ma soeur est beaucoup plus précoce que le mien. Mon entourage dit que c’est sans doute une question d’intelligence. Dois-je en déduire que mon chérubin n’est pas gâté par la nature ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Ce n’est pas à la vitesse de son éclosion que l’on est en droit de mesurer la beauté d’une rose, mais plutôt à ses qualités et à sa longévité…
La réponse du psy
Il ne faut jamais se laisser aller au jeu des comparaisons entre enfants, surtout lorsqu’ils sont de la même “famille”. Chaque enfant se développe plus ou moins rapidement et, à moins de constater des problèmes bien particuliers, cela n’a aucun rapport avec l’intelligence. En résumé, il n’existe pas d’âge fixe pour voir apparaître telle ou telle “nouveauté” dans le comportement d’un bébé. L’inquiétude est de mise dès le moment où c’est le pédiatre ou toute personne spécialisée (une infirmière, une puéricultrice) qui attire l’attention des parents sur telle ou telle “anomalie”. Cependant, dans notre société très médicalisée, de nombreux “défauts de jeunesse” se laissent facilement réparer, sans séquelles. Et là aussi, il n’y a aucune relation avec l’intelligence ultérieure de l’enfant !
Mère de deux enfant encore petits, j’ai de la peine à es tenir au lit lorsqu’ils sont malades. Ils ne veulent pas rester tranquilles et demandent une attention contante. D’après moi, pourtant, quand on est malade, on a besoin de calme et de repos. Comment pourrais-je le leur faire comprendre ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Lisez mes contes, vous endormirez tout le monde…
La réponse du psy
Ce n’est pas tout à fait la même chose de soigner un enfant malade qu’un adulte. Lorsque nous avons une grippe, nous nous cachons sous un duvet bien chaud et ce qui nous fait le plus de bien, c’est le calme et le repos. Les enfants sont différents : à moins qu’ils ne soient très mal au point, ils s’ennuient à mourir, confinés dans leur lit et leur chambre. La seule chose qui les aide, c’est donc d’être distraits, à défaut de se distraire.
S’ils sont trop petits pour écouter la radio ou regarder la télévision, achetez leur, par exemple, des cahiers de dessin, des puzzles, des papiers à colorier, etc…
Evitez de leur donner l’impression d’être isolés, mis en quarantaine (à moins qu’ils n’aient une maladie particulièrement contagieuse). Laissez la porte ouverte et multipliez les petites visites affectueuses.
Calez confortablement leur dos à l’aide de grands coussins et installez quelques jouets à portée de main (éventuellement sur un plateau qui tienne sur les genoux).
Racontez leur des histoires, inventez des contes et n’hésitez pas à “monnayer” leur bonne volonté en promettant diverses petites récompenses. Cet échange ménagera vos nerfs et rendra l’immobilité forcée de l’enfant bien plus agréable.
Mon fils, âgé de douze ans est très gourmant, il mange des glaces, des bonbons, des pâtisseries et, sans être excessivement gros, il est bien “enveloppé”, ce qui lui vaut les quolibets de ses camarades. Peut-on parler de “boulimie”, dans son cas?
La réponse du psy
Dans notre vocabulaire, nous avons pris la mauvaise habitude d’utiliser des termes qui désignent un problème bien spécifique pour désigner une tendance ou une façon d’être qui n’a rien de pathologique. Une mauvaise nuit devient crise d’insomnie, un comportement un peu original est le signe évident d’une psychose, la déprime du lundi matin est synonyme d’état dépressif… Autant de petites tracasseries sans gravité - et sans suites - que l’on affuble d’un vocabulaire spécialisé, réservé au domaine de la médecine en général, de la psychiatrie en particulier.
Ainsi, le mot “boulimie” est fréquemment employé pour désigner quelqu’un qui a un penchant prononcé pour les sucreries ou les mets plutôt abondants. Votre enfant aime les sucreries et, surtout, il est bien en chair. Mais la boulimie n’a rien à voir avec ces deux caractéristiques ! L’étymologie du mot boulimie vient du grec “boulimia”, que l’on peut traduire par “faim de boeuf”.
Il s’agit d’un trouble psychique spécifique, alternant avec et/ou accompagnant fréquemment d’autres problèmes, comme la dépression nerveuse ou d’autres troubles psycho-somatiques qui se caractérise par un besoin irraisonnable mais irrépressible de manger la quantité la plus grande d’aliments possible, indépendamment de nécessités physiques ou d’envies particulières liées au goût, voire à la gourmandise.
Un “bon coup de fourchette”, un “gros mangeur”, une personne “bien en chair”, un “bec à sucre” ne souffrent donc pas de boulimie puisque leur plaisir de manger est réel et qu’il n’est pas dépendant d’une “envie” démesurée et incontrôlable, conduisant aux pires excès et au dérèglement total du système gastro-intestinal (c’est-à-dire le système digestif). Gardons-nous donc d’utiliser le terme de “boulimie” en-dehors de son contexte bien précis…
Notre fille prend des leçons de musique chez un jeune professeur qui, chaque fois, insiste pour lui faire la bise. Elle trouve cette attitude incommodante mais ne sait pas comment lui faire comprendre qu’elle sent cette marque d’affection comme une intrusion dans sa sphère privée. Que lui conseillez-vous ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Ce n’est qu’en mettant une clôture à ton jardin que tu empêcheras ton voisin d’y venir cueillir des roses…
La réponse du psy
“Faire la bise” est une mode incontournable, particulièrement dans certains milieux où l’on souhaite marquer ainsi l’ambiance décontractée et conviviale. Aussi, il est effectivement assez délicat de “repousser” un geste qui est pratiquement devenu aussi banal que de se serrer la main. Cependant, il est intéressant de noter que de nombreuses personnes n’aiment pas cette esquisse de contact physique et que dans certains pays, c’est même considéré comme parfaitement inconvenant : ainsi, par exemple, en Angleterre, on vous considérera comme un grossier personnage si vous tendez la main à quelqu’un qui ne fait pas (encore) partie de votre proche entourage. Le problème que rencontre votre fille est effectivement délicat : sans doute apprécie-t-elle les leçons de musique données dans un climat décontracté et elle ne voudrait pas crisper sont professeur en refusant une simple marque de sympathie. Je lui conseillerais d’utiliser les cordes de l’humour pour déjouer habilement ce petit “piège” : la prochaine fois, elle peut commencer par prétexter qu’elle héberge sur elle un virus particulièrement teigneux et contagieux, puis, en variant les thèmes, elle arrivera finalement à faire passer le message en douceur. En y réfléchissant bien, on est étonné du nombre d’excuses empreintes d’ironie que notre imagination est en mesure de produire : le petit ami irascible qui surveille de loin, au téléobjectif, le paparazzi qui traque la future vedette, le gourou de la secte du vent qui interdit formellement la bise, le caprice de star, etc… Le professeur en question sera désarçonné et peut-être même un peu vexé mais les règles sociales prévoient heureusement que l’on accepte de garder ses distances si on nous y invite poliment. Ce qui serait bien entendu inconvenant et choquant, ce serait qu’il insiste lourdement. Dans ce cas, plus besoin de mettre des gants pour clarifier les choses : ma liberté s’arrête là où celle d’autrui commence ! Votre fille ne doit pas croire qu’elle est la seule à connaître ce genre de situations : pour beaucoup de personnes ces “smack-smack” d’usage prennent l’allure de véritables calvaires, surtout si rien ne permet d’y échapper.
Mes enfants sont souvent malades à la fin de l’année, justement à l’occasion des fêtes. Et j’ai beaucoup de peine à les soigner : ils ne veulent pas rester tranquilles et demandent une attention contante. D’après moi, pourtant, quand on est malade, on a besoin de calme et de repos. Comment pourrais-je le leur faire comprendre ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
La maladie est un peu comme une mauvaise peur : apprivoise-la et tu auras l’impression d’en être débarrassée…
La réponse du psy
Lorsque nous avons une grippe, nous nous cachons sous un duvet bien chaud et nous donnerions n’importe quoi pour bénéficier de calme et de repos ! Les enfants sont différents : même lorsqu’ils sont assaillis de fièvre et de maux que nous jugerions insupportables en tant qu’adultes, ils s’ennuient à mourir, confinés dans leur lit, surtout que l’excitation des cadeaux, du Père-Noël et l’ambiance si particulière des fêtes leur fait ressentir la maladie comme une punition injuste qu’ils n’ont pas méritée. La seule chose qui les aide, c’est donc d’être distraits et de vivre autant que possible “normalement”, en compagnie des autres, même s’ils paraissent éteints et sans forces. Evitez de leur donner l’impression d’être isolés, mis en quarantaine (à moins qu’ils n’aient une maladie particulièrement contagieuse). Laissez la porte ouverte et multipliez les petites visites affectueuses. Calez confortablement leur dos à l’aide de grands coussins et installez quelques jouets à portée de main (éventuellement sur un plateau qui tienne sur les genoux). S’ils vous entendent vaquer à vos occupations et qu’ils se sentent entourés, ils ne demanderont pas une attention constante et passeront même de longs moments à bricoler dans leur lit, transformé en vaste terrain de jeu… A moins d’avoir une forte fièvre, ils ne dormiront pas beaucoup plus que d’habitude et il n’est pas très utile de les forcer à plonger dans les bras de Morphée : même avec de la bonne volonté, ils ne s’endormiront que difficilement ! A d’autres moments de la journée, vous pouvez aussi leur proposer des dessins animés ou des programmes de télévision pour enfants. Vous leur ferez également très plaisir en apportant dans leur chambre un poste de radio qui leur donnera la sensation d’être traités comme des “grands”. Enfin, racontez leur des histoires, inventez des contes et n’hésitez pas à “monnayer” leur bonne volonté en promettant diverses petites récompenses. Cet échange ménagera vos nerfs et rendra l’immobilité forcée de l’enfant bien plus agréable. Avec un peu de chance, ce “traitement” contribuera même à accélérer la guérison du bambin.
Ma fille de 9 ans m’a confié qu’elle a visionné un film à caractère pornographique chez sa meilleure amie (qui a le même âge), en l’absence des parents de celle-ci. Elle a été passablement choquée par ces images et m’a demandé si tous les adultes pratiquaient le même genre d’exercices… Comment dois-je réagir dans cette situation
Le proverbe du sage Nô-Mi
Ne confonds jamais le regard que tu portes sur le monde avec ce qu’il peut être en-dehors du reflet qu’il te renvoie…
La réponse du psy
Votre fille et son amie ont manifestement voulu assouvir leur curiosité face à ces vidéos que l’on réserve strictement aux “adultes”. Sa réaction est très saine, dans la mesure où elle ose vous en parler et exprime son dégoût face aux images qu’elle a vues. Dès lors, je pense qu’il ne serait pas judicieux de réprimander, voire de punir votre fille car elle a eu l’honnêteté d’avouer avoir commis une “bêtise”. Cependant, je vous conseille vivement d’en parler avec les parents de son amie et de leur recommander de surveiller que leur fille n’ait pas accès à des films - ou d’autres objets - interdits aux mineurs, sous peine de prendre les mesures qui s’imposent, à savoir, par exemple, une dénonciation au juge de paix. Par ailleurs, je pense qu’il soit utile que vous donniez quelques explications aux deux enfants quant au contenu de ce film X : il est en effet important qu’elles ne gardent pas en tête que cette succession d’actes sexuels débridés constitue une norme et que la vie intime de tous le couples passe nécessairement par cet assouvissement bestial de pulsions charnelles que nos valeurs morales estiment utile de qualifier d’avilissant et de marginal. Soulignez bien que deux êtres qui s’aiment, sans exclure une passion purement physique, vont se prodiguer tendresses et attentions sans pour autant se jeter l’un sur l’autre et accomplir des prouesses qui mélangent l’orgie romaine au combat de gladiateurs… Qu’un public averti et adulte (c’est-à-dire à même d’être tenu responsable de ses actes et de ses choix) goûte en images ou en réalité à ce type de sexualité n’est pas condamnable en soi, à condition bien entendu que tous les partenaires soient totalement consentants. De là à en faire une généralité, il y a un pas immense et infranchissable qui rappelle qu’entre un festin et des immondices, il y aura toujours une différence incontournable.
Je suis tombé amoureux d’une vedette de la télévision au point que toutes mes “vraies” relations ont perdu toute leur saveur. Je sais que mon rêve de la rencontrer en chair et en os est utopique et pourtant mes sentiments n’ont jamais été aussi clairs, aussi forts. Qu’en pensez-vous ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Les roses de ton jardin ne sont peut-être pas aussi belles que celles que tu cultives dans tes rêves mais n’oublie pas que ce sont les seules que tu puisses vraiment t’offrir…”
La réponse du psy
Les amours “cathodiques” ne sont pas rares. Que de personnes photogéniques, charismatiques, pleines de charme, de malice et de talent, souriantes, bien mises, de bonne humeur et apparemment parfaites nous rencontrons grâce aux ondes hertziennes… Si l’on compare cette image idyllique avec celle de notre réalité quotidienne, il y en effet de quoi “flasher” et avoir le coup de foudre : les vedettes qui entrent dans notre foyer par la petite lucarne sont lisses et sans problèmes. Nous pouvons les admirer, les regarder sans retenue, et à aucun moment les défauts humains qui ternissent la plus harmonieuse des relations ne viennent perturber notre enchantement. Mais comme tout reflet trop net, cette image qui nous attire ne saurait être qu’un mirage qui n’a qu’une lointaine parenté avec la vie réelle. Imaginez l’espace d’un instant que la vedette de vos rêves vienne frapper à votre porte : une fois l’étonnement et l’ébahissement passés, vous seriez confronté à des difficultés bien “communes” et absolument inévitables : mauvaise humeur, tiraillements et disputes, tensions relationnelles et tout le bouquet d’options que l’on prend (et accepte) lorsque l’on se lance à deux sur le chemin du meilleur et du pire… Vos sentiments sont certes “purs et forts” mais ils sont aussi vrais qu’une illusion d’optique. Dès lors, je vous conseille vivement de quitter votre nuage chimérique et de remettre les pieds sur terre, dans un univers qui n’est pas en trompe l’oeil de la vérité. Les personnes qui constituent votre entourage sont peut-être “inégales” mais elles ont l’immense avantage d’exister en-dehors de cette boîte pleine de circuits électriques qui, dès qu’on l’arrête, cesse de produire un succédané de la réalité…
J’avais la même copine depuis plusieurs années. Et puis l’autre soir j’ai rencontré une fille qui a électrisé mon coeur: en sa compagnie, je me suis soudain senti comblé et heureux. N’est-ce pas là le signe que cette personne m’était destinée?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Ne te fie pas au vol sublime de l’oiseau doré qui te fait croire au bonheur avant d’avoir vérifié qu’il ne cache pas du plomb dans ses ailes…
La réponse du psy
Cupidon a encore frappé. Et pan dans le mille, sa flèche a transpercé votre coeur et répandu en vous un torrent d’amour, alors que vous aviez sombré dans la routine avec votre copine… Les flammes ont à peine jailli de votre coeur que déjà vous êtes prêt à incendier votre passé. Vous vous sentez comblé et heureux et c’est tant mieux: sans aucun doute aspiriez-vous à vivre autre chose et votre relation, usée par les années, ne tenait plus qu’à un fil, mais jusqu’à ce fameux soir, vous n’aviez rien pour le couper et larguer les amarres vers d’autres horizons, vers de nouvelles aventures. Une comparaison me vient à l’esprit: assis au bord d’un feu qui n’était plus que braises, voilà qu’une rencontre y a versé du bois sec et d’un seul coup les flammes ont bondi comme si elles n’avaient jamais existé. Mais vous avez la mémoire courte! Souvenez-vous, il n’y a pas si longtemps, votre âme avait vibré à l’unisson avec cette jeune fille qui est devenue votre copine et vous a accompagné ces quelques années. Mais la passion initiale s’est naturellement transformée en un sentiment moins exaltant et plus viable, capable de supporter les aléas de la vie quotidienne. La force de l’amour, au début, est nécessaire pour mettre le couple sur orbite, à l’instar des réacteurs d’une fusée spatiale. Pourtant le carburant est forcément limité et vient le moment où la relation n’est plus propulsée vers le 7 e ciel, mais où elle se stabilise pour permettre de constituer un équilibre qui tienne la distance.
Aujourd’hui, donc, vous redécouvrez soudain cette sensation grisante et exaltante de la “première fois”, période faste et privilégiée où l’on prend le temps de sortir la perle rare de son écrin, encore fasciné par son apparente perfection. Les contrariétés, les tensions, les disputes n’ont pas droit de cité dans ce paradis de quelques jours, ce no man’s land où seul roucoulent les tourtereaux, perchés sur un petit nuage de guimauve. Mais bon, l’état de grâce c’est bien joli, mais c’est éphémère et bien vite, la réalité reprend le dessus. On emménage ensemble et on redevient terriblement humains, c’est-à-dire pleins de belles qualités qui côtoient pleins de vilains défauts. C’est la vie… Alors l’âme soeur se révèle dans toute sa complexité, avec ses contradictions, ses hauts et ses bas et il n’est pas rare que l’on ait l’impression désagréable de découvrir avec déception qu’emportés par notre enthousiasme nous étions montés quelques étages trop haut! Vous avez rencontré celle qui semble vous convenir. En d’autres termes, votre “ancienne” copine vous paraît brusquement fade et sans relief, incapable de vous remplir du même bonheur. Mais ne pensez-vous pas que ce soit encore un peu prématuré pour tirer une telle conclusion et de casser ce que vous avez patiemment construit à deux? N’avez-vous pas intérêt à attendre le bruit du tonnerre après le coup de foudre? Aveuglé par ce “flash” qui vous en a mis plein la vue, vous risquez bien d’avancer sans savoir où vous mettez les pieds et c’est la meilleurs façon de se casser la figure parce que l’on trébuche bêtement sur une évidence: les paillettes d’une soirée pétillante ne donnent pas nécessairement un goût de champagne au reste de la vie.
A votre place, je resterais donc particulièrement prudent. Laissez-vous le temps, sans rien précipiter. Je vous suggère de faire plus ample connaissance avec cette personne, de mesurer si cette sensation de plénitude perdure. Et puis essayez de retrouver dans les méandres de votre mémoire quelles émotions vous avez vécues lorsque vous avez rencontré, à l’époque, votre copine actuelle. Soyez franc avec vous-même et comparez: je suis presque sûr que vous aviez tenu le même raisonnement. “C’est elle, c’est mon âme soeur”… Eh oui, mais dans le vaste monde, nous avons plusieurs moitiés qui peuvent nous convenir, sans quoi nous serions bien mal partis. Pourquoi? Imaginez que vous êtes en Suisse et que votre promise naît en Australie. Quelle probabilité avez-vous de la rencontrer? Le destin est certes critiquable sur bien des points mais une chose est incontestablement bien conçue: la possibilité de choisir. Nous ne sommes jamais limités à une seule cartouche et si nous savons saisir les opportunités qui se présentent à nous, nous pouvons habilement négocier notre parcours ici-bas. Alors avant de tout plaquer et couler votre navire sous prétexte que des yeux doux ont fait chavirer votre coeur, reprenez vos esprits et analysez toutes les données du problème à la lueur de votre lucidité retrouvée.
J’ai 22 ans et je viens de me mettre en ménage avec mon ami. Mais face aux petits conflits qui ne manquent jamais, j’ai peur d’imiter le comportement de mes parents qui se disputent très fréquemment et très violemment. Pensez-vous que je manque “d’entraînement” parce que je n’ai pas vécu dans un contexte suffisamment harmonieux?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Même si tu la crains comme la mort, la plus terrible des tempêtes n’ébranlera pas ta maison si tu l’as construite avec des pierres…
La réponse du psy
Imaginez un athlète qui s’entraîne sur une piste de mauvaise qualité. Le jour du championnat, dans d’autres conditions de course, sera-t-il désavantagé, par rapport à d’autres coureurs, parce que sa préparation n’aura pas bénéficié d’un contexte optimal, ou, au contraire, sera-t-il avantagé, parce que son entraînement aura été plus “rude”? En fait, la réponse dépend plus de sa capacité, au moment crucial, de “gérer” les difficultés de la compétition et tant le passé que le présent auront un rôle dominant. Beaucoup d’adultes qui ont connu la souffrance d’une vie de famille en crise sont un peu dans la situation de cet athlète et, lorsque les problèmes inévitables de leur propre couple se profilent, ils craignent de revivre les conflits et les peurs qui les ont hantés durant leur enfance. Cette attitude est compréhensible mais part d’une idée qui est fausse, à savoir qu’il existe des familles parfaitement harmonieuses, protégées des difficultés liées à la cohabitation entre plusieurs personnes. On ne va pas reproduire un comportement parce qu’on l’a vécu. Par contre, on va ressentir plus ou moins fortement les tensions liées à une situation en fonction de ce que l’on aura vu et de ce qui nous aura marqué. Vous êtes à l’affût des petites contrariétés qui se présentent dans votre couple parce que vous avez eu l’occasion de voir à plusieurs reprises à quel point elles pouvaient n’être que l’amorce de crises plus graves. Et c’est ce qui vous donne des sueurs froides. Pourtant, il ne faut jamais oublier que les querelles sont inévitables et que, à l’instar de l’athlète, tant que le couple est capable d’en gérer les causes et les effets, sur le moment, il n’y a pas de raisons de s’en faire.
Récemment j’étais à une soirée d’étudiants et j’ai accepté de danser avec un type de ma volée. Depuis il croit que je suis son âme soeur et il ne me laisse pas tranquille. C’est un vrai cauchemar! Comment lui faire comprendre qu’il se trompe?
La réponse du psy
Si Cupidon s’est souvent illustré comme maître dans son art de décocher des flèches vers des coeurs solitaires, il lui arrive parfois, de manière surprenante, de se tromper de cible et de faire de son tir un cadeau particulièrement empoisonné: vous êtes dans une situation délicate car pour le moment il vous est impossible de mettre de la distance entre vous et votre amoureux transi puisque vous suivez les même études. En effet, ce qui calme d’entrée le jeu, c’est de couper tout contact, ce qui a le mérite d’être clair et définitif. Et on peut imaginer qu’il vous est difficile de ne plus lui adresser la parole, de le considérer comme un jumeau de l’homme invisible sous peine de détériorer sensiblement l’atmosphère autour de vous. Mais rassurez-vous, il y a des moyens: je vous suggère d’abord d’en parler ouvertement à tous vos collègues et d’expliquer quelle est votre problème. Ainsi ils ne seront pas surpris de vous voir plutôt froide avec un camarade qui, en apparence, ne vous a strictement rien fait. Et s’il devenait trop entreprenant, vous auriez au moins l’avantage d’être rapidement “soutenue” par les autres. Ensuite, je vous conseille de mettre le point sur les i face à votre soupirant éconduit, en le rencontrant avec une tierce personne qui a votre confiance et, si possible, la sienne. Souvent en effet, ce genre de quiproquo n’est jamais évoqué ouvertement et l’ambiguïté qui entoure ce faux-pas entretient l’idée qu’un retournement de dernière minute est encore possible. L’amour étant aveugle mais pas sourd, il convient, même si c’est difficile et douloureux, de dire haut et fort ce que l’on ressent car le montrer n’est pas suffisant. Ce qui bloque souvent, c’est que l’on a des réticences à faire mal et que ça nous donne mauvaise conscience de casser le rêve de l’autre, comme si on démolissait à coups de pied un magnifique château de sable. Mais il vaut mieux y aller directement que d’attendre que l’autre veuille bien comprendre par lui-même. Tant que l’illusion demeure, l’espoir subsiste: certaines personnes refusent de se rendre à l’évidence et se murent dans une obstination qui va parfois très loin. Mais heureusement, le temps guérit les plaies les plus tenaces à condition que tout “mystère” soit levé. La peur de faire preuve d’une franchise absolue et directe peut laisser supposer que la porte n’est pas totalement fermée. C’est en la faisant claquer sèchement que l’on remettra l’église au milieu du village et la pendule de celle-ci à l’heure…
Divorcée, avec deux enfants à ma charge, je me suis remariée il y a quelques années. Ma fille aînée est très jalouse de ma relation avec son beau-père, au point de créer tensions et conflits. Pourtant, j’essaie de lui donner beaucoup d’amour et de lui consacrer du temps. Comment faire mieux ?”
Le proverbe du sage Nô-Mi
Le temps est le plus beau don de la vie: il permet de grandir, d’apprendre mais aussi d’oublier…
La réponse du psy
Lorsqu’une famille subit la douloureuse épreuve du divorce, les conséquences sont souvent très difficiles à gérer. A mon avis, la jalousie dont fait preuve votre fille trouve son origine dans deux sources de conflits qu’elle ne parvient pas à maîtriser : d’une part, à ses yeux, votre mari prend la place légitime de son propre père et elle doit l’accepter comme un membre de sa famille, ce qui n’est pas évident si l’on songe que pour un enfant ou un adolescent, les parents forment un tout indissociable. La cassure que provoque la séparation, quel qu’en soit le contexte, provoque inévitablement un traumatisme que seul le temps est en mesure de guérir. D’autre part elle a de la peine à comprendre comment vous pouvez construire une relation harmonieuse et privilégiée avec un “inconnu”, alors qu’avec son père, ce fut un échec. Ces deux raisons créent en elle un double sentiment de frustration : non seulement les circonstances de la vie ont détruit cette cellule d’amour fondamentale que l’on appelle le noyau familial (le père et la mère), mais encore elle doit assumer le fait que vous avez ouvert votre coeur à un autre homme qui “vole” la place de son papa. Votre fille ne vous reproche pas de ne pas lui donner assez d’attention mais elle ne parvient pas à accepter que vous ayez pu ainsi “trahir” la famille que vous formiez autrefois. Il est dès lors compréhensible qu’elle sème la zizanie, seule façon de combattre cette nouvelle personne considérée comme un intrus… Il n’y a pas de solution miracle à ce problème. Je vous conseille néanmoins de laisser votre fille exprimer à vous et à votre mari sa colère et son dépit, sans la blâmer et sans lui faire de reproches. Par ailleurs, multipliez les occasions où votre fille participe avec vous et avec son beau-père à diverses activités de loisirs. Créez un climat de confiance qui rétablisse dans son esprit l’image d’une famille solide et unie, malgré les aléas du destin. Enfin, soyez indulgente et patiente à son égard, car ce n’est qu’en laissant l’eau couler sous les ponts qu’on permet à la rivière de rejoindre la mer…
Comment expliquez-vous que les couples d’acteurs ou de vedettes du show-business ne tiennent jamais longtemps ensemble et finissent toujours par divorcer ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
S’il est vrai que la célébrité peut t’ouvrir toutes les portes, il est faux de croire que tu trouveras nécessairement celle du paradis…
La réponse du psy
D’abord je vous répondrais que tous les couples de personnes célèbres ne connaissent pas forcément une fin malheureuse. Paul Newman, par exemple, est depuis plus de vingt ans marié avec l’actrice Joanne Woodward et Philippe Noiret coule des jours paisibles avec sa compagne Monique Chaumette. Ensuite, si l’on considère le nombre de divorces par rapport au nombre de mariages, en général, on constate, en moyenne, qu’une union sur trois fait naufrage. Donc ce n’est pas une particularité typique de la notoriété. Enfin, les difficultés conjugales d’une personnalité médiatique sont facilement montées en épingle, ce qui met de l’huile sur le feu et précipite les choses. Il y a d’ailleurs des spécialistes dans le genre : Elisabeth Taylor et Richard Burton, Johnny et Adeline, Eddie Barclay, etc… Mais il est vrai que le milieu des “artistes” semble particulièrement exposé au risque de vaisselle cassée. Plusieurs facteurs logiques y contribuent fortement : les vedettes se déplacent beaucoup et elles n’ont pas le temps d’entretenir leurs relations. L’abondance des partenaires rend la concurrence élevée et quelques infidélités à gauche et à droite, dûment rapportées par les journaux à sensation, mineront à coup sûr le plus solide et authentique des amours. Les acteurs, les musiciens et tous ceux qui s’exposent au public possèdent une personnalité sensible, instable et fragile. Sous le feu des projecteurs, constamment observés, ils n’ont pas de réelle vie privée. Dans ce contexte, il est certainement difficile de construire quelquechose de durable ! Et puis il ne faut pas oublier l’argent : bien qu’une somme coquette serve de passe-muraille en de nombreuses occasions, elle tend à empoisonner les meilleures intentions. On pourrait ajouter qu’il n’y a pas meilleure publicité qu’un savant “scandale” bien orchestré, accompagné de quelques larmes de crocodile. Souvent, d’ailleurs, c’est au moment où elles se sentent en perte de vitesse que certaines vedettes se rappellent au bon souvenir des médias avec une rupture sentimentale qui fait la une en quatre couleurs !
Mon ex-mari dont je suis séparée menace constamment notre fils âgé de trois ans de partir à l’étranger et de le priver ainsi de son amour par ma faute. Comment éviter ce chantage insupportable?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Si ton voisin menace de couper ton arbre, avant de t’en lamenter, assure-toi qu’il possède une hache…
La réponse du psy
Votre question soulève un problème grave et délicat, celui du chantage sous toutes ses formes. Arme privilégiée des faibles, des odieux et des mauviettes, il n’est en réalité qu’un leurre dangereux, piège vicieux dans lequel il ne faut en aucun cas mettre le pied. Dans votre situation, il paraît d’autant plus détestable qu’il s’exerce sur un enfant qui n’a pas encore les moyens de relativiser les choses, de reconnaître la vacuité de certaines menaces et dont les yeux remplis de larmes ne voient qu’un être aimé qui risque de disparaître, loin, très loin. J’ose espérer que l’attitude mesquine de votre mari cache un désarroi profond plutôt qu’un acte réfléchi visant à vous blesser et à rendre encore plus insupportable l’épreuve de la séparation, du couple qui se déchire et se dispute l’amour d’un petit être innocent, incapable de comprendre pourquoi papa et maman ne vivent plus ensemble et mènent l’un contre l’autre une guerre bête et méchante. Il n’y a rien de plus facile que de se livrer au chantage: pas besoin de s’appeler Bonnie and Clyde, de braquer des banques, de prendre des photos compromettantes d’une personnalité médiatique pour s’improviser gangster de la conscience humaine. Il suffit de s’en prendre aux choses qui ont de la valeur pour autrui et de faire planer au-dessus d’elles le spectre de la désolation, de la ruine et du chagrin. Si tu ne fais pas ce qui me plaît, je détruis ce que tu aimes et, du même coup, je démolis ta vie. Cruel dilemme: si je ne cède pas, que va-t-il m’arriver? Vais-je porter la lourde responsabilité d’un désastre annoncé? Qui prendra le risque d’affronter crânement la menace et refusera de capituler?
D’une part vous craignez que votre fils de trois ans souffre moralement et psychiquement de l’absence de son père, d’autre part, et c’est je pense ce qui vous fait le plus mal, vous imaginez toute l’acrimonie et l’amertume que votre enfant risque de vous témoigner, à terme, parce qu’il vous rendra responsable de ce départ définitif. Le décor est posé, le compte à rebours peut commencer: que l’on appelle ça une prise d’otages, un racket, une mise sous pression, l’issue du drame se joue entre vous, les adultes. Soit vous le suppliez d’arrêter ce jeu macabre et votre souffrance légitime apportera du baume au coeur meurtri de cet homme qui se sent “largué”, soit vous l’envoyez se faire cuire un oeuf d’autruche dans un pays lointain et c’est le petit qui paie les pots cassés. D’ici quelques années, rebelote, vous sombrez dans l’affliction et la misère affective parce qu’il vous demande des comptes et vous accuse de l’avoir privé de ce papa qui, pourtant, l’aimait tendrement … Quelle belle vengeance quand même. Et dire qu’il a fallu des millions d’années d’une patiente évolution du genre humain pour en arriver là: des bipèdes dotés d’un cerveau capable de dépenser tant d’énergie en crasse trivialité. Bravo! C’est bien joué. Mais il y a un hic: le chantage n’est pas un champion en matière d’endurance. S’il est capable de nous tenir en haleine quelques temps, il ne sort jamais vainqueur du bras de fer qui l’oppose à l’imprévisible, au hasard. Eh oui, la chance ça existe et les vents finissent toujours par tourner. Prenons votre situation: première variante, votre ancien époux s’évapore dans la nature. Votre enfant pourra-t-il aimer quelqu’un qui l’a abandonné? Pensez-vous qu’il aura des souvenirs lumineux de celui qui aura bruyamment manifesté un attachement possessif caractérisé par la menace et la terreur? Et même s’il vous reproche ne pas avoir su garder une famille unie, serez-vous la seule responsable? Deuxième variante, le papa ne part pas. Alors pourquoi avoir entretenu ce climat d’insécurité? Par amour ou par stupidité?
Vous le voyez, vos craintes sont infondées et reposent sur du vide. L’arme que votre ex-compagnon fait semblant de brandir dans votre direction n’est qu’un couteau sans lame dont on aurait perdu le manche. A votre place, je tiendrais un langage très clair: “Casse-toi ou reste mais prends une décision. Si la seule monnaie de ton chantage ce sont quelques cartes postales exotiques envoyées du fin fond de la planète, prends le dictionnaire des sentiments et contrôle si l’amour d’un fils pour son père se construit avec des timbres-poste…” Et expliquez une fois pour toutes à votre chérubin que rien ne sera plus comme avant à la maison: s’il y avait des divorces heureux, il y a longtemps qu’on les célébrerait en grande pompe, avec des faire-part, une fête, beaucoup de photos et tout le tintouin propre aux grandes occasions…
Je me suis marié il y a à peine une année et c’est déjà la catastrophe! Nous songeons à divorcer mais comme nous avons tout partagé, je perdrais la moitié de ce que je possède. En plus de ma situation de chômeur, ce serait le bouquet! Qu’en pensez-vous?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Craindrais-tu tellement la pluie au point de couper ton plus bel arbre pour l’en préserver…?
La réponse du psy
A l’heure actuelle, 4 mariages environ sur 10 se terminent par un divorce et en milieu urbain cette statistique serait encore plus élevée. Aujourd’hui, ce n’est plus un grand problème, du moins sur le plan administratif: fini le temps où l’on vous collait l’étiquette indélébile de celui ou de celle qui a rompu son engagement, comme si les relations humaines n’avaient pas droit à l’erreur. Par ailleurs, l’espérance de vie s’est considérablement rallongée au cours de ces dernières décennies et de nombreux couples, au faîte de leur existence, réalisent qu’ils ont chacun envie de conaître de nouveaux émois amoureux, les rides n’étant plus synonymes de vieillesse… Mais ce qui paraît si simple et se résumerait à une petite signature devant des instances officielles, masque une réalité tout de même plus complexe qu’un banal coup d’éponge sur ce qui a été vécu… Je passe sur tout le chagrin et l’incompréhension des enfants qui voient papa et maman se disputer comme des chiffonniers puis se quitter sur une porte qui claque définitivement, sur la réorganisation complète de sa vie qui ne se conjugue plus au pluriel mais au singulier et toutes ces choses qui font toujours mal au coeur quelle que soit la situation qui a conduit à la rupture. Un divorce, c’est certes facile mais ça coûte cher. Inutile de chercher des rabais “famille” ou des actions “deux pour un” dans le supermarché du coin: pire qu’un déménagement, plus dévastateur qu’un incendie et encore moins avantageux qu’un krach boursier, il faut en avoir les moyens de se séparer, même à l’amiable! Racheter des meubles, louer deux appartements, régler les problèmes de pension, de caisse de retraite, de participation aux acquêts, sans compter les frais d’avocat, de notaire, la taxation intermédiaire du fisc avec suppression des avantages que les impôts réservent aux couples répondant au label “mariés”… Ce tableau, à peine plus pessimiste que la réalité fera sans doute frissonner plus d’un porte-monnaie mais quelques fois, c’est la seule issue de secours pour deux coeurs qui ne battent plus au même rythme. Dans ce contexte, honnêtement, je me poserais sérieusement la question si c’est vraiment le bon choix: bien sûr, nous sommes habitués à jeter les objets dès qu’ils ne nous donnent plus satisfaction, de la simple chaussure à la plus belle voiture mais ce qui est la norme pour les choses doit-elle être appliquée aux relations humaines? N’y a-t-il pas de chemin moins radical à explorer avant de tout casser, de tout rompre?
Mon mari m’assaille continuellement d’injures obscènes et sa violence à mon égard ne connaît plus de limites. Malheureusement, il a été victime d’un grave accident et il dépend de moi pour beaucoup de choses. Mais je ne supporte plus cet enfer qui a des répercussions graves sur ma vie professionnelle et sur mon moral.
La réponse du psy
Votre question soulève un vaste problème que je formulerais ainsi : jusqu’à quel point se sent-on responsable de quelqu’un qui dépend de nous, suite à un accident ou une maladie ? Vous décrivez votre vie comme un enfer mais vous ne vous sentez pas le courage de quitter votre mari car vous vous sentiriez alors coupable d’abandon. Vous avez l’impression que cet acte serait malhonnête car vous lui êtes indispensable. D’un côté, il y a l’attitude de cet homme qui vous en fait voir de toutes les couleurs, de l’autre votre conscience qui est prête à vous rendre coupable de basse négligence… Vous préférez dès lors endurer les injures et les brimades car vous n’avez pas à prendre une décision qui ferait de vous un bourreau. Comme le remarquait le Sage Nô-Mi : “Donne au plus vil des tyrans un destin de martyr et toute un peuple l’encensera, car l’homme est plus sensible à la douleur de celui qui souffre qu’à la détresse de celui qui fait souffrir”. Je vous conseille donc vivement de faire le point de la situation et de bien situer votre responsabilité à l’égard de votre mari. Parlez-en à une personne de confiance, une amie ou quelqu’un qui vous connaît bien. La dépendance de votre mari ne doit pas devenir votre calvaire et vous avez le droit d’exiger respect et déférence. Refusez le rôle de victime soumise et accablée et prenez la place que vous méritez, à savoir celle d’une femme qui montre beaucoup de dévouement mais qui place clairement des limites et garde à son bien-être personnel l’importance qui lui revient, c’est-à-dire la première ! Et si votre mari refuse de comprendre, considérez que c’est un acte de survie que de faire vos bagages et de quitter cet environnement qui, à terme, risque de vous détruire définitivement…
Il y a quelques années j’étais amoureux-fou d’une femme fantastique. Le destin nous a séparés et aujourd’hui j’ai ma propre famille, elle également. Bien que je ne la voie plus depuis longtemps, je m’ennuie terriblement d’elle et je me sens malheureux car je n’arrive pas à vivre sans elle. Dois-je la contacter et lui dire à quel point je l’aime toujours ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Il n’est pire errance qu’un espoir reposant sur le refus d’assumer les chemins tortueux de l’existence…
La réponse du psy
La passion est à l’image du feu : ardente et chaleureuse, elle nous fait vivre des sentiments intenses mais elle inflige parfois de terribles brûlures qui peinent à se cicatriser. Si un savant inventait la potion magique qui efface ce genre de douleur, il serait le digne héritier du druide “Panoramix”. Il faut cependant se rendre à l’évidence : la vie nous réserve des épreuves auxquelles nous devons, coûte que coûte, apprendre à faire face. Regardez les choses telles qu’elles sont, même si ce n’est pas facile : le destin , comme vous dites, vous a séparé de cette femme “idéale”. Tant que vous n’aurez pas réussi à surmonter le chagrin et la déception que vous cause cette perte, vous vivrez dans l’illusion qu’un retournement de situation est toujours possible et vous construirez votre destin sur ce doute qui alimente toutes les illusions. Aujourd’hui, vous avez votre famille et c’est à elle que vous devez consacrer toute votre énergie. Ayez le regard braqué sur l’avenir et évitez de rester “croché” à ce passé que l’on a toujours tendance à embellir. Ne reprenez en aucun cas contact avec cette ancienne amie. Vous risqueriez non seulement de souffrir davantage mais encore de rendre votre propre femme malheureuse…
Ma mère est subitement morte il y a un mois. Personne ne s’y attendait et le choc fut très rude. Je l’avais un peu négligée, ces derniers temps, parce que j’avais beaucoup à faire. Ce qui me chagrine le plus, c’est que je n’ai pas eu le temps de lui dire “adieu” et de la remercier pour tout ce qu’elle m’a donné. Que puis-je faire pour échapper à ce sentiment de culpabilité ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Si tu veux honorer la beauté que te donnent tes roses, avant de t’extasier devant elles, cultive d’abord avec soin et amour la terre qui leur a permis d’éclore…
La réponse du psy
Le décès d’un être aussi proche que la mère ou le père constitue toujours une épreuve très lourde et la plaie que l’on sent dans son coeur et dans son âme met plusieurs mois à guérir. La disparition subite de quelqu’un suscite souvent le genre de sentiment que vous décrivez. Soudain l’on réalise qu’il est trop tard pour exprimer quelque chose de très profond, que les conventions et le stress de la vie quotidienne nous ont empêché de formuler de façon adéquate. Mais je vous conseille de ne pas vous sentir coupable car, en fait, on n’a jamais l’occasion de prendre congé définitivement de l’autre. Votre mère restera à jamais dans votre coeur et le meilleur moyen de lui témoigner votre reconnaissance, c’est de vous montrer forte et de ne jamais oublier que vous devez votre attention et votre dévouement à ceux qui vous entourent, ceux qui ont besoin de votre aide et de votre soutien. Ce que vous êtes aujourd’hui, vous le devez en partie au travail de votre maman et c’est là sans doute la plus belle récompense qu’elle ait pu emporter au-delà de son existence terrestre. Aujourd’hui, votre contribution aux instants de bonheur que vivent vos proches constitue la formule la plus adéquate pour lui dire ce fameux “MERCI”.
L’autre jour, j’ai découvert avec beaucoup d’émotion le film de Steven Spielberg “ALWAYS”. J’ai moi-même vécu un deuil pénible et j’ai de la peine à remonter la pente. Si je refais ma vie ne vais-je pas oublier et trahir celle que j’ai tant aimée ? Ai-je une chance de pouvoir lui communiquer ce que je ressens ?”
La réponse du psy
Lorsque le destin nous enlève quelqu’un que l’on aime, on affronte une tristesse et une solitude liée au souvenir omniprésent de l’autre que je répartirais en trois groupes distincts :
Je viens de perdre ma mère qui était très malade depuis de nombreuses années. Curieusement, je croyais m’être fait à l’idée de la voir “partir” et je voyais là une issue heureuse à tous ces mois de souffrances. Mais depuis sa disparition, je me sens très triste et j’ai de la peine à reprendre le dessus, comme on dit. Je sais ce qu’est le deuil, mais là c’est encore plus profond, comme si on m’avait enlevé une partie de moi. Pouvez-vous m’expliquer ce que c’est ?
La réponse du psy
Les liens qui nous unissent à notre mère sont extrêmement complexes et remontent à notre origine même. Lorsque, à notre naissance, le médecin coupe le cordon ombilical qui faisait de nous un être unique avec notre maman, il y a certes une rupture physique mais dont les implications, pour le nourrisson, ne seront comprises que bien plus tard, vers le huitième mois, au moment où il réalise qu’il est “autonome” et ne vit pas en symbiose avec cette personne qui le soigne et lui apporte chaleur et protection. Accepter cela constitue une étape essentielle de notre développement à tous mais il est bien clair qu’au plus profond de notre conscience, ce lien qui nous a permis la fusion avec celle qui nous a donné la vie reste intact, durant toute notre existence. A la mort de notre mère, notre psychisme doit, outre le deuil, accepter la cassure définitive de ce cordon ombilical “virtuel” qui nous a toujours accompagné et nous a apporté des bases aussi primordiales et indispensables que la confiance en soi, la capacité de nouer des contacts et d’aimer autrui et bien d’autres choses encore. Notre “maman” c’est en partie ce que nous sommes et c’est ce qui explique que le jour où elle quitte ce monde, c’est à un deuil particulièrement lourd que nous sommes confrontés. L’expliquer c’est une chose, le vivre c’en est une autre et je ne peux que vous souhaiter de pouvoir compter sur l’affection et le soutien de vos proches pour surmonter peu à peu cette séparation douloureuse…
Lorsqu’un acte d’une extrême violence où la mort dans son expression la plus terrifiante joue les premiers rôles, chacun sent monter en lui la peur face à l’insondable mystère qui entoure le plus souvent les causes d’un comportement qui rappelle l’explosion d’une poudrière ou l’effondrement d’un barrage.
La réponse du psy
Pourtant, chacun de nous peut faire l’expérience de la “crise de nerfs” où tout ce qui nous entoure se drape brusquement d’hostilité et provoque en nous un sentiment de révolte et l’envie de tout anéantir. C’est la fureur noire dont nous sentons qu’elle décuple nos forces et nous ébranle tout entier par sa puissance dévastatrice. A ce moment, heureusement, la structure de notre personnalité et tous les garde-fou que nous avons patiemment érigés au cours de nos expériences, depuis notre plus tendre enfance, accusent le choc et tiennent le coup et même si nous cassons de la vaisselle ou tout autre chose qui nous passe sous la main, nous parvenons à “reprendre le contrôle”. Imaginez maintenant une personne qui, suite à une vie traumatisante, marquée par l’absence d’affection, le manque de soins, les sévices de toutes sortes n’a pas eu la possibilité de se construire ces fondations et ces murs qui évitent aux vagues de l’âme de tout inonder, confrontez-la à une succession de tensions, de brimades, de conflits sans jamais lui laisser le temps de souffler, de décompresser, ajoutez-y éventuellement des produits hallucinogènes (comme la fameuse drogue “PCP”) et vous obtenez cette déflagration qui transforme un être mal-aimé et tourmenté en véritable machine à tuer…
Des milliers d’élèves vont retrouver le chemin de l’école et non seulement se frotter à l’apprentissage de nouvelles matières mais également faire de nombreuses expériences qui les prépareront à affronter la vie…
Le proverbe du sage Nô-Mi
La vie est un jeu dont on construit les règles chaque jour pour en faire une destinée…
La réponse du psy
C’était le bon temps: lever vers 9 heures, loisirs à gogo durant toute la journée et longues soirées sans soucis ni devoirs. Mais on s’était à peine habitué à cette douce quiétude, agrémentée de soleil et de chaleur, que le réveil sonnait, impitoyable et catégorique: debout, c’est la rentrée! Bien sûr il n’y a pas que de mauvais côtés: on retrouve les copains et les copines, on découvre de nouveaux profs et puis si la plage c’est drôlement agréable, on finit tout de même par trouver lassant de compter les coquillages! Mais l’école c’est toute une série de contraintes inévitables, dont la cohabitation avec les autres, le contact parfois difficile avec certains enseignants, l’obligation de suivre des branches que l’on n’aime pas forcément, les échéances des examens et l’évaluation constante de ses performances… Et il en faut, parfois, de la bonne volonté, pour accepter de se plonger encore et encore dans des équations désespérément inconnues, des bouquins épais comme un Big Mac mais impossibles à avaler, et des langues mortes que l’on a malheureusement oublié d’enterrer. Un vrai chemin de croix, émaillé bien sûr de bons moments, et véritable répétition générale de ce que réservera plus tard la vie d’adulte. Car après l’école, il n’y a certes plus de bancs ni de classe mais grosso modo des difficultés identiques, encore et toujours: les horaires, le rendement, le regard des collègues, l’évaluation du patron et cette source intarissable de petites contrariétés qui nous poussent tous, parfois, à rêver d’une île déserte au milieu de nulle part… En fait, le monde scolaire n’est rien d’autre qu’un vaste champ d’essai où l’on apprend non seulement à gérer (et à digérer) de nombreuses nouvelles connaissances, à modeler ses capacités de raisonnement, de mémorisation, d’attention et de concentration, mais aussi à assumer certaines responsabilités, à respecter différents codes, à entraîner des facultés sociales et humaines et, surtout, à accepter d’aller au bout des choses, en maîtrisant ses émotions face aux difficultés, à surmonter les obstacles quitte à s’y prendre à plusieurs reprises en considérant qu’un essai non transformé n’est qu’une tentative et non un échec. C’est difficile, surtout au lendemain des vacances mais c’est le prix à payer pour s’insérer, plus tard, dans une société qui fait peu de concessions et exige, pour réussir, un caractère bien trempé et ancré dans de solides fondations que l’on a patiemment édifiées sur les chaises de son école, les yeux tantôt rivés sur un tableau noir, sur une feuille blanche ou sur quelque livre poussiéreux…
Comme chaque année, les campagnes de prévention se multiplient : des visages souriants de charmants petits écoliers fleurissent sur des supports publicitaires, aux abords des écoles, dans les journaux et à la télévision pour inciter les automobilistes à redoubler de vigilance et d’attention partout où des enfants, la tête encore pleine de souvenirs rayonnants de vacances, se rendront à pied, en transports publics ou à vélo vers ces grandes bâtisses synonymes de rentrée scolaire.
Le proverbe du sage Nô-Mi
Que valent 5 secondes de vitesse contre une éternité de destin?
La réponse du psy
De nombreux conducteurs, eux-mêmes parents, savent bien que le macadam regorge de dangers pour ces petits qui n’ont pas encore acquis toute l’expérience de bison-futé. Une balle de foot qui s’égare, des bousculades sur le trottoir, un bus à prendre à tout prix… la liste est longue et, calmement arrêté à un feu rouge, on a tout le temps et le loisir de se rendre compte à quel point certaines réactions sont imprévisibles, en particulier lorsque tout ce petit monde se déplace aux heures de pointe. Mais si tous les automobilistes savent qu’il y a des risques, pourquoi sans cesse leur rappeler les règles élémentaires de la prudence ? Ne sont-ils pas adultes et donc pleinement conscients de leurs responsabilités au volant de leur bolide ? Peut-être. Et pourtant, les sinistres rapports d’accidents impliquant des écoliers fauchés sur la route alors qu’ils avaient encore tout le chemin de leur vie à parcourir laisse supposer que l’on ne saurait invoquer la seule fatalité. “On y a pensé, à freiner, à faire attention, à modérer sa vitesse. Mais, que voulez-vous, le réveil avait sonné avec 10 minutes de retard, la conférence commençait à 8 heures pile et on ne savait pas où parquer dans ce chaos appelé trafic. Alors on a forcé l’allure, les yeux rivés sur une potentielle parcelle de terrain entre deux voitures, pour garer la sienne. Si on avait su…” Ah bon ? Parce que vous ne saviez pas ? “Bien sûr que si, mais là, c’était différent. Inattendu. Bête. Et injuste.” Presque tous les accidents sont précisément dus à ce facteur “stress” qui modifie nos comportements et nos attitudes et nous fait oublier l’essentiel, à savoir que cinq minutes de perdues dans une belle carrière ne sont rien en comparaison d’une vie entière dévastée. Et c’est pour cette raison que l’on ne fera jamais assez de prévention, comme si le clou que l’on cherche à enfoncer dans la tête des conducteurs peinait à y maintenir en grandes lettres le fameux panneau “ATTENTION ! ENFANTS !”.
Comment augmenter la motivation des élèves ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Aucune terre n’est aride si l’on prend la peine d’apprendre à la cultiver…
La réponse du psy
Comme chaque année, vers la fin du mois d’août, on peut observer une grande migration dans le rang des êtres humains. Grands et petits, ils atteignent ce jour que l’on appelle “la rentrée”, synonyme à la fois de joie (on retrouve les copains et les copines) et de mélancolie (abandonner en plein été la douce brise des plages, quel dommage !)… La reprise de l’école, c’est également le moment, pour les parents et pour les enseignants de se poser des questions quant aux performances qu’ils attendent des enfants et des adolescents, pris dans le tumulte des devoirs, des travaux et des notes. Tous les enfants ne témoignent pas de la même assiduité aux études et il est intéressant d’essayer de comprendre ce qui explique cette différence. De nombreuses recherches (v. bibliographie) ont mis en évidence des facteurs susceptibles d’influencer le développement de la motivation des élèves. Parmi les plus importants, on retiendra :
Comment repartir après les vacances?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Si tu peines à labourer ton champ, pense à la moisson qui te récompensera de ton travail…
La réponse du psy
La rentrée c’est naturellement le retour au travail des “profs” qui troquent également leur costume de plage contre des vêtements de ville. Après la pause estivale, il est souvent bien difficile de retrouver le rythme de travail chargé de l’école. Des études menées en Allemagne ont montré que les enseignants étaient soumis à un stress particulièrement intense, à la rentrée : préparer les cours, organiser la classe, imposer sa discipline, apprendre à connaître (ou à re-connaître) le ou les groupe(s) d’élèves, s’habituer aux horaires, etc… Résultat, divers maux risquent d’assaillir le vaillant “gardien du savoir” : insomnies, migraines, fatigue excessive, sentiment de lassitude générale, envie de “faire autre chose”, état général déprimé. Le remède ? S’accrocher. A l’instar des effets provoqués par le décalage horaire lorsque l’on voyage en avion, ces symptômes disparaissent rapidement, à condition de ne pas y accorder trop d’attention. Pour les combattre, le bon-sens est le meilleur des conseillers : pour se mettre dans le rythme, il faut impérativement faire une croix sur les “mauvaises” habitudes prises pendant les vacances et s’astreindre à une hygiène de vie qui ménage le corps et l’esprit. Exercice physique, sommeil, nourriture légère et régularité de l’effort sont autant de trucs qui aident à se maintenir en selle ! Et si votre blues persiste, pensez déjà aux vacances d’automne qui vous permettront de souffler et de récupérer…
L’enfant est très sensible à l’attention que ses parents portent à sa vie “d’écolier”. Le soutien que les adultes lui apportent lorsqu’il fait ses devoirs contribuent beaucoup à en diminuer le côté “embêtant” et le motivent à donner le meilleur de lui-même. Voici quelques conseils pratiques, susceptibles d’épauler et d’aider votre enfant dans ses tâches à domicile :
La réponse du psy
Ma belle-mère a l’art de me faire grimper aux murs avec ses cadeaux: elle m’a offert des chaînes à neige alors que je n’ai ni permis ni voiture, un after-shave alors que je porte la barbe et aujourd’hui elle récidive avec un cendrier de table, bien que je sois un non-fumeur N’avez-vous pas l’impression qu’elle se moque de moi?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Avant de jeter le seau parce que tu n’as pas de puits d’eau, songe à récolter de la pluie…
La réponse du psy
Les fêtes de fin d’année sont souvent liées au stress des achats en masse et il est fort difficile de trouver le temps d’écumer tous les magasins bondés à la recherche du truc ou du machin qui suscitera des cris de ravissement de la part de celui ou de celle qui le recevra. Dans la hâte, il nous arrive d’acheter un peu par hasard ce qui nous tombe sous la main ou de recycler un objet neuf dont nous ne savions que faire. Et puis, dans ces moments, on a la fâcheuse tendance de négliger des détails importants: typiquement, le coup des chaînes à neige, de l’after-shave ou du cendrier, c’est de la maladresse répétitive car la malchance a voulu que trois fois de suite votre belle-mère mette les pieds dans le plat. Je ne pense pas, néanmoins, qu’elle veuille se moquer de vous. Si tel était le cas, se donnerait-elle la peine de vous donner quelque chose? A mon avis, elle se fait avant tout un devoir de ne pas vous oublier sur sa liste de “Mère-Noël” mais ne connaît pas suffisamment vos habitudes ou, plus simplement, n’y accorde pas d’importance. Ce que l’on demande d’abord à un cadeau, bien souvent, c’est de prendre sagement sa place sous le sapin dans un emballage multicolore. Quant à son utilité… Et puis à y regarder de près, ce que vous recevez n’est pas forcément ridicule: même si vous ne conduisez pas, vous avez certainement recours, en tant que passager, aux bienfaits de l’automobile. Pourquoi ne pas prêter ces chaînes qui ne vous servent apparemment à rien? Et si, cet été, vous décidiez de couper votre barbe? Enfin, j’imagine que vous avez quelques fois des amis fumeurs qui profiteront de votre nouveau cendrier au lieu de laisser leurs cendres sur le tapis ou dans leur tasse à café…
Il y a fort longtemps, dans une contrée éloignée, vivait et régnait un empereur bon et sage. Soucieux d’être proche de ses ouailles, il avait pris l’habitude, une fois par année, de troquer discrètement ses habits d’apparat et sa couronne, contre quelques fripes qui lui donnaient l’allure d’un vagabond de passage dans la région.
La réponse du psy
Allant de ville en ville, accompagné d’un homme de confiance vêtu comme lui, il demandait l’aumône et créchait chez l’habitant, discutant de tout et de rien pour mieux comprendre ce qui se passait et se tramait loin du trône. Parfois heureux d’entendre que tout allait bien, il était souvent peiné de voir que, malgré de bonnes récoltes, beaucoup d’estomacs criaient famine. Aussitôt, il promulguait une nouvelle loi ou augmentait les impôts des riches pour venir en aide à ceux qui n’avaient de quoi subvenir à leurs besoins, ce qui suscitait la colère et la jalousie des nantis qui, évidemment, n’aimaient pas cette politique… Aussi, un jour, ils ourdirent un complot et soudoyèrent l’homme de confiance. Le plan était simple: sous prétexte de se rendre de l’autre côté de la montagne, le garde emmena l’empereur loin et haut dans la rocaille et, alors qu’ils traversaient un endroit particulièrement dangereux il poussa son souverain qui chuta lourdement, se brisant une jambe au bas de la pente, où fleurissait un parterre de fleurs aussi blanches que la neige et poussaient des arbustes couverts de baies aussi rouges que sauvages.
Aucun secours n’était imaginable et, abandonné à son triste sort, celui qui avait été au sommet du pouvoir sentit que sa fin était proche. C’est alors qu’un miracle se produisit: un ermite qui, par hasard, vivait non loin de là dans une petite grotte et qui rentrait de sa cueillette de racines fortifiantes vint à son secours. Avec beaucoup de douceur, il soigna son membre lésé et aida l’accidenté à rejoindre sa modeste demeure. Plein de gratitude, l’empereur décida alors de révéler son identité et expliqua au vieil homme ce qui était arrivé. Mais celui-ci ne fut nullement impressionné d’héberger une si auguste personne. Après tout, il n’était que peu concerné par les affaires du royaume. Quelques temps plus tard, la jambe fut guérie et l’empereur songea à rentrer. Mais en son absence, le pouvoir avait naturellement changé, les félons ayant pris la place de celui qu’ils croyaient mort. Le souverain trouva porte close et, comprenant qu’il n’y avait pour l’instant rien à faire, il revint à la montagne. Il n’était pas malheureux, loin de là, mais des rumeurs alarmantes sur les exactions de ses ennemis lui vinrent aux oreilles et le mirent en colère: les potentats exigeaient de chacun un magnifique cadeau, preuve d’allégeance, et exécutaient ceux qui ne leur offraient rien d’exceptionnel. Plein de courage, l’empereur se rendit alors en ville, une besace remplie de ces fruits aussi rouges que sauvages, apprêtés délicatement en fine confiserie…
Évidemment, personne ne le reconnut sous sa simple bure et, lorsqu’il arriva au palais, devant les conspirateurs, il fut accueilli avec mépris et condescendance: “Qui es-tu, étranger, pour oser offenser notre vue avec un si pâle cadeau?” Sans se démonter, l’empereur répondit: “Goûtez, messires, l’apparence bien modeste de mes fruits confits flattera vos papilles à l’instar de celles d’un dieu…” Flattés, les malhonnêtes qui s’étaient arrogés sa place avalèrent goulûment les friandises puis ordonnèrent: “Gardes, saisissez-vous de ce vagabond et pendez-le haut et court. Ses baies sont certes bien douces mais un peu de sucre ne saurait nous combler!” C’est alors qu’ils sentirent leurs estomacs se crisper sous l’effet d’une sourde douleur. Et le souverain de leur dire: “En effet, qu’est-ce qu’un fruit qui tombe en comparaison d’une vie qui s’envole? Courez, fuyez et rejoignez la montagne où vous m’aviez laissé. Vous y trouverez une plante aussi blanche que la neige, qui vous servira d’antidote aux baies que vous avez avalées.” Voyant qu’ils avaient perdu, les conspirateurs s’enfuirent aussitôt en trébuchant. Fébrilement, ils cherchèrent dans la rocaille cette fameuse plante, mais faibles sur leurs jambes, sur la pente ils tombèrent. A bout de forces, au fond du ravin, ils entendirent alors les pas d’un homme. C’était le vieil ermite. Il les salua au passage, et leur dit simplement: “Si c’est votre empereur que vous cherchez, ne désespérez point. Je l’ai bien soigné et, à l’heure qu’il est, il a certainement déjà retrouvé son trône…” Et sans s’attarder davantage, il poursuivit sa route.
Chaque année, je prends de nombreuses bonnes résolutions (arrêter de fumer, dépenser moins, etc…) mais lorsque je fais le bilan c’est toujours la même débandade : je ne tiens pas mes promesses. Quels conseils pourriez-vous me donner ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
A quoi te sert de couper les mauvaises herbes de ton jardin avant même d’en avoir labouré la terre ?
La réponse du psy
La nouvelle année est effectivement propice aux changements et c’est presque devenu un rituel obligé de prendre de bonnes résolutions qui deviennent effectives au douzième coup de minuit, le 31 décembre… Si l’on additionnait le nombre de celles-ci, nous serions d’un seul coup entourés de gens parfaits, sans aucun défaut… Mais entre le voeu et la réalité, il y a un pas pour l’homme et un bond pour sa volonté! Nous sommes tous pareils: pendant l’ivresse des fêtes et l’accalmie de cette période où l’on passe allègrement de la grasse matinée au foie gras, tout paraît possible et facile. Que ce soit le dernier cigare ou la première bonne action on tourne la page et l’année se termine sous les flonflons et les cotillons. Et puis, sans crier gare, le quotidien et son inséparable copine, le routine, nous rattrapent et nous rappellent que s’amuser c’est bien mais que ça ne met pas de beurre dans les épinards. Et, la mine grise à force de s’être grisés, nous devons dire adieu à ces quelques jours fastueux passés alternativement au chaud sous le duvet et au calme autour d’un feu de cheminée, et revenir à la dure réalité qui prend plaisir à faire sonner le réveil bien avant l’aube et nous libère du travail bien après le crépuscule. Dans ce contexte, à moins d’être particulièrement motivé, inutile d’en rajouter avec ces bonnes résolutions: nous les avons prises dans un état second, sur une autre planète… Personnellement, je ne pense pas que ce soit très important de les tenir, à moins qu’elles ne fassent partie d’une série de décisions mûrement réfléchies, avec, à la clef, des objectifs bien précis à atteindre. Mais, dans ce cas, pourquoi attendre précisément Nouvel-An pour les mettre en pratique? Les habitudes, ce n’est pas comme un agenda: inutile d’arriver à la dernière page pour changer. Vous partez certes d’une bonne idée, celle de faire “table rase” et de mettre au placard ces quelques défauts qui empoisonnent votre vie, voire celle des autres. Et dans l’allégresse générale, quoi de plus gratifiant que de promettre le meilleur et de mettre au rancard de pire… N’y accordez cependant pas trop d’importance et réservez les vrais “chamboulements” pour la suite, lorsque vous aurez retrouvé votre vitesse de croisière habituelle. La seule vraie résolution que l’on puisse s’engager à prendre et à tenir, c’est, à mon avis, celle qui consiste à accepter de faire mieux et de se remettre en question face aux besoins de la vie quotidienne. On raconte que le grand homme politique Winston Churchill jurait à qui voulait l’entendre que le 31 décembre, à minuit pile, il cesserait définitivement de fumer et s’adonnerait au sport. A minuit une, il allumait déjà un nouveau cigare et marmonnait : “Qu’ai-je à faire de ces vieilles décisions de l’année dernière ? Elles sont passées et je regarde toujours vers l’avenir…” Comme lui, essayez plutôt de corriger le présent au fur et à mesure et ne vous accrochez pas à des promesses qui, de toutes façons, sont dépassées à peine prononcées.
Cette année encore mes neveux ont reçu des dizaines de cadeaux plus sophistiqués les uns que les autres mais après la joie de la première découverte, ils les ont vite mis de côté. Pourquoi se sent-on obligé de les submerger pareillement de gadgets à la mode?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Ce n’est pas ta plus belle rose qui va conquérir le coeur d’autrui mais celle à laquelle tu auras apporté le plus grand soin…
La réponse du psy
Plus d’un adulte se posera sans doute cette même question, face au nombre impressionnant de cadeaux entassés sous l’arbre de Noël: chaque année voit son lot de nouveautés incontournables et que ce soient des robots articulés, des véhicules télécommandés ou des gadgets en plastique, ils ne sont pas conçus pour durer et pour rivaliser avec les “classiques” mais pour émerveiller l’espace de quelques jours les petits et les grands pour lesquels Noël est souvent devenu synonyme de présents à profusion. Lorsque l’on désire faire plaisir à un enfant il n’est pas nécessaire de se forcer à suivre le mouvement général et à apporter le carton le plus volumineux avec un contenu aussi clinquant qu’inutile. Ce que l’on donne doit, en règle générale, remporter notre adhésion, nous procurer un certain plaisir. Les enfants aiment partager avec les adultes et rien ne leur donne plus de joie que de pouvoir s’amuser avec celui ou celle qui lui a donné telle ou telle chose. C’est vrai que toutes les inventions du moment ne sont pas destinées à durer longtemps. Mais même si le jouet que vous avez offert finit prématurément sa carrière au fond d’un galetas, il aura pleinement rempli son objectif s’il a fait rêver l’enfant et lui a permis de découvrir quelque chose de nouveau. Ainsi, le circuit automobile d’il y a trois ans que l’on croyait définitivement relégué au rang des souvenirs éphémères peut soudain réapparaître et se “rentabiliser” au-delà de toute espérance. Je vous conseille donc de ne pas voir dans la quantité de cadeaux une source de gaspillage mais plutôt une possibilité pour l’enfant de s’enrichir par la diversité au cours de l’année, à condition que votre présent ait rempli sa première mission, celle de vous plaire à vous d’abord!
C’est toujours le même cirque avec mon amie: elle me demande mille cadeaux plus chers les uns que les autres, sous prétexte que c’est l’occasion de lui prouver mon amour. J’ai peur de la perdre, mais mon porte-monnaie ne suit plus. Que faire?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Maintenant, douce damoiselle, faites-moi les bulles et je les glisserai sur un cordon…
La réponse du psy
Un cadeau est-il nécessairement une preuve d’amour? Une sorte de quittance qui permet d’évaluer, de “chiffrer” combien on aime? A mon avis votre amie fait fausse route en exigeant de votre part de telles preuves “matérielles”. Bien entendu, on a tous envie de faire plaisir à son conjoint et les fêtes de fin d’année constituent une époque idéale pour s’offrir des attentions qui réchauffent le coeur, attisent le feu de la passion et mettent une bûche bien sèche sur les braises d’une relation amoureuse. Mais, comme disait le Sage Nô-Mi: “Si ta bien-aimée compte le nombre de roses que tu lui apportes, oublie-la dans un jardin de fleurs…” Le présent que l’on pose sous le sapin de Noël, on le répétera jamais assez, n’est pas un dû. Et personne ne saurait exiger de recevoir tel ou tel objet, quel qu’en soit d’ailleurs le prétexte. J’ai l’impression que vous êtes le dindon d’une farce qui sent le vinaigre. A votre place, je remettrais sans tarder l’église au milieu du village. Si votre compagne continue d’évaluer l’ampleur de vos sentiments par rapport au prix de ce que vous lui offrez et en fait une preuve “d’amour”, adoptez le même comportement : dorénavant, ce sera “donnant-donnant”. Dans tous les cas de figure, vous êtes alors gagnant : soit son mode de fonctionnement privilégie cet aspect relationnel de votre couple et vous bénéficierez d’un retour complet de ce que vous “investissez” (mais franchement, j’ai des doutes…), soit vous vous rendrez compte que ce qui fait briller votre étoile a firmament de son coeur c’est le vernis doré de votre compte en banque et il sera alors grand temps pour vous de tourner vos yeux ailleurs et vous y trouverez certainement une personne qui vous aimera vous et non votre portefeuille. Ne laissez surtout pas votre amour sincère pourrir sous la vermine usurière qui fait de Cupidon un angelot de pacotille que l’on achète au supermarché du coin pour faire joli a milieu des bibelots du salon ou des nains de jardin.
Les Contes de Nô-Mi :
Il y a fort longtemps, dans le vaste empire de Chine, la fille de l’empereur, subjuguée par la grâce des bulles de savon précieux exigea de son père qu’on lui offrit séant un collier fait de celles-ci. Il tenta de lui expliquer que nul personne au monde ne serait capable d’accomplir tel miracle mais la jeune femme demeura intraitable : “Si tu m’aimes, prouve et trouve…” Le monarque fit venir les plus fins artisans du pays mais aucun d’eux ne parvint à exaucer son voeu. Furieuse, la donzelle menaça de s’ouvrir les veines si cette parure ne venait point à être réalisée et l’empereur, pris de peur, à son tour somma son peuple : “Tant que ma fille n’aura pas son collier de bulles, chaque aube verra une personne du royaume décapitée sur mon ordre…” Entendant ces paroles comminatoires, le vieil ermite de Khan Khéou se présenta aux portes du palais et fut reçu par sa majesté et par celle qui causait tant d’émoi. “O mon souverain, permets-moi d’être le premier qui connaisse ton courroux si demain je ne parviens à satisfaire ta noble descendante. Accorde-moi toute son aide et je réussirai”. Le monarque répondit : “Tout ce qui est en mon pouvoir je te l’accorde.” Le Sage sourit et fit signe à la jeune fille de s’avancer. “Qu’elle vienne avec moi et fasse la moitié du travail”. Il s’assit alors au bord d’un bassin rempli d’eau savonneuse et dit : “Maintenant, douce damoiselle, faites-moi les bulles et je les glisserai sur un cordon…” Et c’est ainsi qu’elle comprit que son rêve n’était que chimère, futile et inutile.
Cet été, je pars en vacances en Grande-Bretagne. J’hésite à louer une voiture sur place ou à prendre la mienne. Il faut dire que je n’ai encore jamais circulé à gauche. Que me conseillez-vous?
Liens du coeur Ou pourquoi rien ne sert de chercher une aiguille dans une botte de foin…
La réponse du psy
Au début, c’est une sensation déroutante (c’est le cas de le dire…): à peine débarqué du ferry, toute la circulation est à l’envers et vous devez faire particulièrement attention à “couper” ces automatismes qui pourraient vous mettre en fâcheuse posture. Typiquement, le giratoire où, machinalement, vous vous engagez en gardant votre droite. Et pan! vous vous retrouvez nez à nez avec une voiture qui arrive dans l’autre sens. Caramba! Les habitudes vous donnent des sueurs froides. Mais pratiquement tous les conducteurs vous diront à quel point ce n’est qu’une question de kilomètres: très vite, vous vous adaptez aux nouvelles conditions et au bout d’un certain temps, vous retrouvez le plaisir d’avoir un volant entre les mains. D’ailleurs, une statistique surprenante montre que les accrochages dus à ce changement surviennent plutôt au moment du retour: l’automobiliste s’est tellement concentré pour modifier son comportement sur la route, qu’il s’emmêle les pinceaux lorsqu’il doit revenir à la “normale”. C’est d’ailleurs un phénomène courant que l’on peut observer dans de nombreux domaines: l’effort à fournir pour surmonter un obstacle est bien souvent moins important que celui qu’impose la réadaptation à la routine. Donc, en principe, même si vous aurez à vous concentrer davantage à l’arrivée sur les routes d’Angleterre et à votre retour à la maison, je ne pense pas que ce soit particulièrement risqué de vous aventurer en voiture dans le pays où l’on conduit à gauche. C’est une question d’adaptation et, en tant qu’automobiliste chevronné, vous n’aurez sans doute pas de peine à “inverser” vos habitudes.
Maintenant, faut-il louer sur place une automobile avec le volant à droite ou partir à l’assaut des kilomètres avec votre propre voiture? Il y a le pour et le contre dans les deux cas de figure. La location a de multiples avantages: vous arrivez en Angleterre par avion, par train ou par bateau et hop, vous signez quelques papiers et vous poursuivez votre route en bagnole que vous pouvez déposer à n’importe quel moment de votre périple. Pratique et simple. Je ne me perdrai pas dans le dédale des problèmes juridico-administratifs en cas d’accident, d’accrochage ou de litige car, de toutes façons, c’est toujours la panique à bord lorsque la tuile vous tombe su la tête. Je retiendrai en revanche le fait qu’en plus de vous adapter aux nouvelles conditions de trafic, vous circulerez à bord d’une automobile que vous ne connaissez pas bien et qui a toutes les commandes à l’envers, ce qui vous demandera un effort de concentration encore supplémentaire. Si vous optez pour cette solution, choisissez un modèle à vitesses automatiques: c’est ce que les conducteurs qui en font l’expérience recommandent pour des raisons évidentes de simplicité, de confort et de commodité. Avantage certain de l’option “location”: dans les parkings et face aux nombreux automates qui jalonneront votre route, vous serez toujours du “bon” côté. Allez prendre un ticket à droite coincé sous votre volant à gauche et vous apprécierez à leur juste valeur les performances des contorsionnistes de cirque…
Personnellement, je vous conseillerais cependant de faire le voyage avec votre propre voiture: vous la connaissez bien, elle ne vous réserve pas de surprises et la seule nouveauté c’est de rouler à gauche. Bien sûr, en cas de pépin ou de panne, c’est la galère, suivant où vous vous trouvez. Pas sûr que le petit garage au fin fond des landes écossaises a nécessairement en stock LA pièce qui vient de lâcher sur votre quatre-roues qui, dans le pays, n’est même pas importée… Mais avouez que la probabilité que cela vous tombe dessus est minime! Parmi les désavantages réels, je retiendrais néanmoins ceux liés à la topologie des lieux et des routes: comme je le mentionnais plus haut, certaines situations, comme la prise d’un ticket dans un parking ou certaines manoeuvres compliquées à effectuer sans se tromper de côté vous procureront sans doute quelques sensations fortes. Mais les vacances, c’est fait pour se dépayser, n’est-il pas vrai? Je vous suggère de vous munir de cartes très précises des régions et des villes que vous allez traverser et de ne pas circuler l’oeil rivé sur les noms des rues pour repérer celle où se cache votre hôtel. C’est en effet dans ces situations que vous risquez le plus d’entendre un bruit de tôles froissées. Mais c’est là un problème qui se présente partout, dès que l’on circule dans un endroit que nous ne connaissons pas et que nous découvrons au fur et à mesure. Le maître mot, dans ce cas, c’est bien entendu la prudence et mieux vaut perdre cinq minutes à s’arrêter dan un coin tranquille pour retrouver son chemin que de passer une bonne heure à se dépatouiller avec un constat de police…
Chaque année c’est la même chose : je me réjouis de partir en vacances, mais une fois la porte fermée à clef et les dernières valises rangées dans le coffre, je suis assailli par une profonde tristesse qui me poursuit quelques jours. C’est frustrant car cela gâche un peu mes vacances. Quelle est la cause de ce sentiment ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Je veux bien que votre voeu soit exaucé mais à mon tour d’exiger: une fois détachés, je vous disperserai et vous devrez vous retrouver…
La réponse du psy
Avec la plage, le soleil et les vacances, l’homme et la femme, aussi connus sous le sobriquet commun de “homo sapiens”, se prennent à rêver: là-bas, sous les cocotiers, cette créature à deux pattes ne serait-elle pas, par le plus fou des hasards, l’élu(e), l’âme soeur, la douce moitié, bref, cette personne unique au monde qui matera cette damnée solitude du coeur? Bien sûr, il y a son - ou sa - partenaire mais que de routine dans cette relation qui a tellement roulé qu’on ne se souvient même plus d’où elle vient et, surtout, où elle va! Un couple, c’est comme du sirop: à force de le mélanger à l’eau qui coule sous les ponts, il perd toute sa saveur, et le temps libre passé à bouquiner sur une plage ensoleillée est propice à voir sa “Bobonne” ou son “Jules” comme preuve que l’erreur est humaine… Le courrier que vous nous envoyez montre que l’angelot bouffi qui tire ses flèches perché sur un nuage en se faisant appeler “Cupidon” a pris ses quartiers d’été dans nos régions et qu’il s’entraîne à viser les coeurs, histoire de ne pas s’endormir sur un Cumulo Nimbus. Que de rencontres décisives sous le ciel étoilé qui mettent en émoi cette vie qui s’enlise depuis des mois. Que de changements, de bouleversements, d’agitation et de bruit autour de ces flirts torrides qui fleurissent à l’ombre d’une garden-party ou d’un festival et qui durent l’espace d’une chanson à succès. Que de vacances qui se terminent sur le fracas de vaisselle brisée, de valises qui se bouclent définitivement et de portes qui claquent sur un “Je te quitte” sec et sonore. Vous l’aurez compris - si ce n’est vécu - c’est la saison des amours et aussi des ruptures. Non, non, ne craignez rien, ce n’est pas un virus, c’est simplement une logique: en été, fais ce qu’il te plaît…
Alors, LA question qui revient sans cesse c’est à peu près: “Est-elle (ou est-il) la femme (l’homme) qui m’était destinée (sans “e” pour la parenthèse et les aficionados des dédoublements féminin-masculin), mon âme soeur?” Ce qui serait pratique, dans pareil cas, ce serait de commercialiser un test qui serait vendu en pharmacie: jaune, c’est oui, bleu c’est non, réponse en trente secondes. Du coup, l’amour deviendrait une science exacte et nous n’aurions plus besoin de lire notre horoscope pour savoir si notre bonne étoile est favorable au fameux “coup de foudre”, autrement dit ce flash sans photo qui nous transporte illico au 7 e ciel. Mais la chimie a ses limites et il est bien probable que nous soyons encore longtemps tributaires des prévisions de Madame Soleil et des caprices de Monsieur Hasard. Si toutefois la chance frappe à la porte de votre cabine de plage, avant de vous jeter tête baissée dans les filets du bonheur, prenez le temps de regarder où vous posez les pieds. Car tout ce qui brille - et aveugle - n’est pas or, comme ne l’a pas dit le sage Nô-Mi mais quelqu’un d’autre qui occupait le même créneau. Les suggestions à faire et les précautions à prendre sont bien entendu nombreuses, mais au lieu d’en faire une liste approximative qui, par ailleurs, ne s’appliquera bien entendu pas à votre situation particulière, je vous propose de lire un petit conte qui vous illustrera à sa façon pourquoi avant de tout plaquer, il vaut mieux prendre le temps d’y réfléchir à deux fois…
Les Contes de Nô-Mi:
Il y a fort longtemps, la terre était un vaste paradis. Le Créateur avait pensé à tout. Ainsi, même la solitude et la mésentente avaient été bannis car à chaque âme correspondait un double qui lui était solidement attaché par le coeur. Les hommes et les femmes vivaient ensemble en paix et les couples étaient aussi gracieux qu’harmonieux. Un jour, cependant, un de ces liens se brisa, pour une raison inconnue à ce jour, et les deux tourtereaux, d’abord paniqués à l’idée de se trouver séparés, y perçurent une nouvelle liberté qu’ils ne connaissaient point encore. Et, comme souvent lorsque l’on découvre un nouveau pouvoir, ils en abusèrent, semant la zizanie chez leurs pairs qui, jaloux et envieux, réclamèrent à leur tour le droit d’être libérés l’un de l’autre. Le Créateur, essayant de calmer la clameur, proposa un marché: “Je veux bien que votre voeu soit exaucé mais à mon tour d’exiger. Une fois détachés, je vous disperserai et vous devrez vous retrouver…” Ainsi fut et une immense bousculade s’ensuivit. Certains se tinrent très fort par la main et demeurèrent unis alors que d’autres, irrémédiablement se voyaient éloignés. Et lorsque la nuit tomba, beaucoup d’hommes et beaucoup de femmes, pour la première fois, sentirent sur eux s’abattre l’isolement. Et depuis lors, tous les habitants de la terre cherchent en vain à recréer ce lien, perdus dans une foule de plus en plus dense qui, jadis, à jamais engloutit le paradis…
Pourquoi, chaque année, en dépit de listes soigneusement établies et de temps interminable consacré à faire minutieusement les bagages, ai-je toujours le malheur d’oublier LE machin indispensable?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Ce n’est qu’en quittant les choses que tu aimes que tu apprends à les aimer davantage…
La réponse du psy
Le Sage Nô-Mi avait coutume de dire : “Si ta maison reflète ta vie dans le miroir de ton coeur, son ombre t’envahira lorsque tu lui tourneras le dos…” En d’autres termes, même si vous exultez de joie à l’idée de partir en vacances, vous n’en êtes pas moins très attaché à ce lieu où vous passez le plus clair de votre temps. Vos meubles, vos effets personnels, votre “chez-vous” sont chargés d’habitudes et de souvenirs et au moment de les quitter vous devez admettre qu’ils ne vous accompagnent pas, avec toutes les questions et les incertitudes quel cela peut amener. Vous faites là une expérience de séparation et durant quelques jours, vous aurez un sentiment de “regret”, exactement comme si on vous avait enlevé quelque chose. Vos vacances sont certes attendues avec impatience, mais vous allez dans un endroit plus ou moins inconnu, où tout le train-train sécurisant de la vie quotidienne cède le pas à l’anti-routine, synonyme de repos et de changement d’idées, mais également de “lâcher-prise” et de renoncement car vous quittez votre “tanière”, sans savoir avec certitude que vous la retrouverez telle quelle au moment du retour. Pour de nombreuses personnes, d’ailleurs, ce pas est tellement difficile à franchir, qu’elles renoncent presque systématiquement à s’éloigner de leur domicile et lorsqu’elles le font, ce n’est qu’au prix de mille précautions pour éviter le feu, l’eau, les cambriolages, etc… Nous sommes tous plus ou moins attachés aux “objets” qui nous entourent. Mais comme dans tout comportement humain, il y a des intensités différentes dune personne à l’autre. Certains n’attachent que peu de prix à leur “cocon” et font preuve d’une surprenante habileté à devenir familiers avec un nouvel entourage, quel qu’il soit. D’autres sont littéralement “captifs” de leur univers et si on les en prive, même partiellement, ils peuvent tomber malades, voire mourir. Ce besoin d’un “Home sweet Home” est relativement indépendant de l’âge, même si au crépuscule de sa vie on n’a plus la même force pour s’adapter et recommencer à zéro. Vous êtes attaché à vos affaires, à vos habitudes et à l’instant de partir vous éprouvez naturellement la tristesse de quitter le connu pour l’inconnu. Vous n’y échapperez pas, même si je vous donne une marche à suivre en 10 points. Mais gardez à l’esprit que ce “mini-deuil” fait déjà partie du programme global de recharge de vos batteries et que sans pincement au coeur le jour du départ, il n’y aurait pas de grande joie le jour du retour.
Je n’ose pas me mettre en costume de bain, à la plage ou à la piscine, de peur qu’on se moque de moi, car je ne corresponds pas au “canon de beauté” masculine. Que me conseillez-vous?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Avant de compter le nombre de cailloux qui obstruent ton chemin, comptabilise tous ceux que tu as réussi à éviter…
La réponse du psy
Votre question reflète probablement un problème quasiment universel chez tous les vacanciers : on a beau penser à tout, on oublie forcément quelque chose! La solution? Elle existe mais elle est soit trop onéreuse soit pas assez : vous vous arrangez pour mettre toute votre maison sur quatre roues et emportez TOUT, ou vous renoncez simplement à partir. Mais pourquoi n’avons-nous pas les moyens de penser à tout? L’explication tient en un seul mot : “l’imprévu”. Lorsque l’on se prépare à partir, on envisage tous les cas de figure possibles et imaginables. Mais toute notre finesse d’analyse, même assistée des plus puissants ordinateurs ne saurait contrer l’imprévisible. Le hasard est capricieux et les concours de circonstances tellement complexes que rien ne saurait freiner l’arrivée d’événements qui, sur le moment nous paraissent évidents, mais que nous étions totalement incapables de prévoir. Notre quotidien est fait d’une multitude de détails qui, côte à côte, conduisent parfois aux pires tracasseries. En temps normal, nous nous en accommodons, d’abord parce que nous sommes submergés par le travail et immergés dans la routine, et ensuite parce que nous avons les moyens d’y remédier peu à peu. Pendant les vacances, ce n’est pas pareil: les jours son comptés et il n’est pas question de dilapider de précieuses heures à corriger un défaut ou un manque. Et puis nous sommes dans une infrastructure que nous ne connaissons en général pas “à fond” et, de ce fait, nous gaspillons davantage d’énergie. La moindre contrainte peut ainsi devenir démesurée et on a envie de se taper la tête contre les murs en criant notre désespoir de n’avoir pas su maîtriser l’imprévisible devenu, soudain, parfaitement prévisible. Rassurons-nous: dans tous les domaines, chaque jour, l’imprévisible coûte des fortunes, ruine des plans, masque des opportunités, détruit des possibilités… Si nos vacances sont marquées par quelques “pannes”, inutile donc de crier à l’injustice, à la fatalité, voire à la malédiction. Les choses n’ont d’importance que par rapport à celle qu’on leur donne et rien (si ce n’est quelque chose d’exceptionnellement grave) ne devrait ternir nos précieux jours de repos. Prenons les petits pépins qui nous accompagnent en voyage avec philosophie et, au lieu de chercher à tout prix à tout prévoir (même l’imprévisible), retenons le proverbe du Sage Nô-Mi:
Mon adorable grand-mère n’arrive pas à comprendre qu’à 15 ans on n’a plus l’âge de chercher des oeufs dans le jardin, le jour de Pâques. Comment lui faire accepter que je ne suis plus un bébé ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Tant que tu le regarderas de loin et avant que tu t’en approches, même le plus grand des géants te paraîtra petit…
La réponse du psy
Le problème que vous évoquez fait partie de ces tracasseries liées à la transition entre l’enfance et l’âge adulte. On grandit vite et soudain on se rend compte que sa parenté, son entourage n’a pas suivi le mouvement : on a cette désagréable sensation d’être pris pour quelqu’un que l’on n’est plus (et que l’on ne veut plus être) et c’est les dents serrées et les nerfs à vif que l’on traverse des situations embarrassantes où les autres croient s’adresser à un enfant, alors qu’il s’est métamorphosé. C’est un peu comme le papillon que l’on appelle chenille, le tableau que l’on qualifie d’esquisse ou le fruit mûr que l’on croit encore vert… Mais heureusement, ce n’est qu’une étape gênante dans le développement de toute personne. Plus ou moins longue et difficile à passer, elle nécessite cependant quelques mises au point qui passeront généralement par le canal de ses parents. Pour votre grand-mère, vous n’avez pas changé, même si vous vous êtes transformé : elle continue à vous percevoir comme le “chérubin” qui est venu ensoleiller sa vie. Si vous vous braquez contre elle, et manifestez des propos ou des conduites trop “affirmées” vous risquez de lui infliger une douleur morale inutile. En d’autres termes, si vous l’envoyez se aire cuire un oeuf, vous la blesserez et ce n’est manifestement pas une bonne solution. Vos parents, par contre, peuvent davantage se permettre de mettre les points sur les i. Votre grand-mère les côtoie en “adultes” et ne sera pas effarouchée d’entendre que vous n’êtes plus l’enfant en culottes courtes qui, il y a encore quelques années, piaffait d’impatience avant de s’élancer à la recherche des oeufs dissimulés sous les buissons. Par ailleurs, il serait également judicieux de changer les habitudes pascales : proposez, par exemple, que toute la famille parte en excursion, couronnée par un bon repas dans un restaurant. Ainsi vous éviterez d’être incommodé par la “tradition” et le changement s’opérera en douceur. Rassurez-vous, votre grand-mère vous verra bientôt d’un autre oeil, le temps qu’elle s’habitue à vous considérer comme une personne au seuil de l’âge adulte, avec la complicité de votre mère ou de votre père qui sauront certainement trouver les bons mots pour vous définir sous un nouveau jour.
A chaque fête de Pâques, ma soeur organise plein d’activités pour ses enfants : oeufs cachés dans le jardin, goûter somptueux et cadeaux à profusion… De mon côté, je culpabilise un peu, car je ne fais rien de particulier. Est-ce si important pour un enfant de fêter Pâques ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Une petite goutte de liesse suffit bien souvent à remplir un océan de joie…
La réponse du psy
Je poserais la question de façon plus large : quelle importance accordons-nous à “faire la fête” ? Dans notre vie, souvent, nous n’avons plus le temps de nous détendre, de nous laisser tenter par ce qui peut paraître futile et inutile. Mais à qui la faute ? Notre société privilégie le rendement et la vitesse et dès notre plus tendre enfance, nous sommes conditionnés à bouger, à être actifs. Les enfants apprennent de plus en plus précocement à “gérer” leur temps : lorsque l’on entend certains parents énumérer toutes les occupations de leurs chérubins, on pourrait presque croire que le premier objet indispensable et vital à tout être vivant, c’est un agenda ! Dans ce contexte, on a naturellement tendance à oublier que le “farniente” n’est pas synonyme de paresse et que “faire la fête” n’est pas un luxe réservé à ceux qui font régulièrement la couverture des magazines en vogue. Votre soeur a raison de valoriser Pâques avec ses oeufs, ses lapins et son ambiance printanière. Elle donne ainsi à ses enfants la possibilité de marquer une période de l’année où l’on salue le retour du soleil et des beaux jours. Autrefois, c’était un rituel incontournable que d’enterrer l’hiver et de saluer avec gratitude la renaissance de la Nature… Cependant, de votre côté, vous avez tort de vous culpabiliser : personne ne vous oblige de fêter Pâques en sortant la panoplie des grands événements, car ce qui importe, avant tout, c’est de prendre plaisir à célébrer une occasion particulière. A mon avis, les parents se doivent d’inclure dans “l’éducation” de leurs enfants cette notion de “fête”, quel que soit le moyen utilisé. Un anniversaire, une promotion, un succès, ou un banal concours de circonstances peuvent parfaitement faire l’affaire et donner aux petits cette sensation incomparable de vivre quelque chose qui sort de la routine et qui fait chaud au coeur. Pas besoin de déclencher la fiesta du siècle, puisqu’il s’agit simplement de suspendre le temps au son des rires et du plaisir gratuits. Dans votre famille, ce sera peut-être en plein été, au début de l’automne ou dans la neige que vous laisserez libre cours aux réjouissances et à l’allégresse ! A vous de décider, à votre convenance.
Nous avons un enfant de huit mois et nous songeons à lui donner un petit frère ou une petite soeur. Notre question est simple : est-il préférable d’avoir un second enfant le plus vite possible ou d’attendre quelques années ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Avant de contribuer à cimenter le mur qui fait la force et la solidité de ton couple, l’enfant va d’abord en tester la résistance…
La réponse du psy
C’est un choix difficile à faire car chacune des deux solutions a ses avantages et ses inconvénients : plus les naissances sont rapprochées, plus le travail et l’investissement durant les premières années seront lourds. Attendre quelques années est certes moins pénible mais, en revanche, la maman aura l’impression de ne jamais avoir fini de “pouponner”. La relation entre les enfants dépend d’abord de leur caractère mais également de leurs âges respectifs : ils partageront d’autant plus facilement les jeux et les expériences s’il n’y a que quelques mois de différence entre eux, ce qui paraît parfaitement logique ! Le plus important, avant de prendre une décision, est de tenir compte de la charge de travail que la mère et le père sont en mesure d’assumer. En fonction des “besoins” du premier enfant, de son développement et de son tempérament il est possible d’évaluer en gros quelles seront les incidences d’une nouvelle grossesse - puis d’un second bébé - tant sur la vie de famille que sur la cohésion du couple.
Depuis plusieurs mois, mon fils de 25 ans est hypocondriaque. Il est très angoissé et craint d’avoir toutes sortes de maladies. Chaque jour, il trouve de nouveaux noms d’affections graves dont il croit souffrir. Il consulte des tas de médecins qui, bien entendu, le trouvent en parfaite santé physique… Comment l’aider?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Si ton fils se plaint d’avoir hérité d’une terre particulièrement aride, avant de lui en offrir une autre, attends qu’il l’ait labourée et cultivée…
La réponse du psy
Nous sommes tous de grands malades qui nous ignorons, se plaisait à relever le Dr Knock dans la fameuse pièce de Jules Renard. L’hypocondrie (dont on a tiré l’adjectif “hypocondriaque”) se définit par la préoccupation angoissante et même obsédante manifestée par un individu au sujet de son état de santé général. Autrefois, ce terme était plus restrictif. En effet, l’hypocondre est la partie de l’abdomen située de part et d’autre de la région épigastrique, et l’on qualifiait de “malade des hypocondres” toute personne qui se plaignait sans raison apparente de douleurs et de troubles au niveau des organes digestifs (estomac, foie, intestins, etc…). L’être humain est comparable à une horloge aux mécanismes hypersophistiqués qu’un rien peut dérégler. Et l’étroite imbrication entre le psychisme et le physique, entre l’esprit et le corps n’arrange rien à cette complexité, au point de provoquer ce que l’on appelle des maladies psychosomatiques, où notre organisme ne présente aucun “défaut” mais dysfonctionne sous l’influence de nos angoisses existentielles, de notre mal-être, de notre peur face à l’inconnu et de notre crainte de perdre le contrôle de notre destinée constamment soumise aux bourrasques de l’imprévisible. La souffrance de “l’hypocondriaque” n’est pas à prendre à la légère car même si les médecins ne diagnostiquent rien de “tangible” les symptômes ressentis n’en demeurent pas moins réels. Prenez l’exemple de quelqu’un qui est sûr d’avoir une tumeur au cerveau: le moindre mal de tête, signe de fatigue, vertige, nausée viendra renforcer cette idée et l’entraînera dans un cercle vicieux que le plus sophistiqué des scanners aura du mal à briser. Dans ce cas, je crois que l’aide d’un spécialiste (psychiatre, psychothérapeute) est indispensable, surtout si la pseudo-maladie empêche la personne de vivre normalement et la freine sérieusement dans toutes ses tâches quotidiennes. Il est cependant intéressant de relever que l’hypocondrie a souvent été associée à une forme insidieuse de “nombrilisme”. En d’autres termes, elle trouverait un terrain particulièrement propice chez ceux et celles qui ont pas mal de temps pour réfléchir et se poser mille questions… On imagine mal, en effet, quelqu’un qui lutte pour sa survie en plein désert, ou travaille à mi-temps (c’est-à-dire 12 heures sur 24!) dans l’étroit boyau d’une mine de charbon au fin fond de la Sibérie se demander s’il ne souffrirait pas par hasard d’une leucophlégmasie, d’une esquinancie ou d’une trypanosomiase… Aussi, dans la situation que vous nous décrivez, je vous conseille, avant toute chose, d’inciter votre fils à multiplier les activités et à occuper son esprit avec d’autres choses que ses maladies hypothétiques. Lorsque l’on se lève à six heures, que l’on turbine jusqu’à six heures et que l’on ne peut s’accorder que six heures de repos on n’a logiquement pas l’énergie pour se tourmenter avec ce genre d’idées morbides… Si le mal persiste, alors c’est que le problème a atteint une ampleur qui nécessite une prise en charge conséquente.
Nous avons trois enfants encore petits. Le soir, c’est toujours la même chose: mon épouse n’en finit pas de les mettre au lit. Il lui faut tellement de temps qu’elle manque systématiquement le début des films. J’ai déjà proposé plusieurs fois de faire moins long, rien n’y fait, les couchers sont interminables. Que faire?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Si les choses obéissaient aux cris et à la colère, nous craindrions le soleil autant que nous aimerions la tempête…
La réponse du psy
Observez-vous, le soir, au moment de vous coucher. Je suis prêt à parier que vous avez, comme tout le monde, une série d’habitudes qui s’apparentent à un petit rituel, marquant votre entrée dans le royaume de Morphée. C’est que ce n’est pas rien, huit heures de sommeil. Demandez à un insomniaque, il vous expliquera en long et en large à quel point les nuits ressemblent au cortège interminables de secondes et de minutes qui défilent en silence dans l’obscurité, suivant la cadence exemplaire des aiguilles du réveille-matin. Pour les enfants, cette plongée dans un univers sombre et parfois peuplé de mauvais rêves n’est pas facile. A la lumière se substitue le noir, au tumulte de la journée le calme de la maison endormie. Votre épouse l’a bien compris et elle leur a aménagé une sorte de passerelle qui les aide à passer en douceur la douane du Pays des Songes. Ces moments que vous trouvez interminables ne sont de loin pas du temps perdu: vos petits diables s’endorment paisiblement et passent une bonne nuit, ce qui est appréciable à tous points de vues. Souvenez-vous, lorsqu’ils étaient encore de petits bébés et qu’ils vous réveillaient toutes les demi-heures et vous mesurerez tout le chemin parcouru! Je comprends votre souci de permettre à votre femme d’assister au début des films et des émissions que vous regardez ensemble mais il ne suffit pas de proposer de “faire moins long” pour résoudre le problème. Trois enfants à mettre au lit ce n’est pas une mince affaire et je vous suggère donc de mettre la main à la pâte avant de vous énerver dans votre coin. Vous aurez certainement des méthodes plus “expéditives” qui correspondent mieux à votre tempérament, mais peu importe, si vous habituez les enfants à un rituel bien défini. Essayez différentes tactiques: l’heure du coucher, par exemple, peut être avancée d’un quart d’heure, une seule histoire peut être racontée aux trois en même temps au lieu de le faire séparément, etc… Je crois qu’il est très important que le tout se passe sans stress ni tensions inutiles: vous n’aurez rien gagné si vous commandez à votre femme de se dépêcher et que vos enfants ne peuvent ensuite pas s’endormir tranquillement parce qu’ils entendent papa et maman se disputer dans le couloir… Par ailleurs, vous pouvez imaginer des trucs tout simples pour vous aider: offrez à vos trois petits monstres une lampe de poche que vous leur laisserez s’ils sont - et ont été - sages. Ils joueront ainsi un moment dans le noir avec leur sabre lumineux et auront l’impression d’avoir en main un outil prodigieux pour conjurer les angoisses qui se cachent dans l’ombre des ténèbres. S’ils sont assez grands, donnez-leur quelques livres à lire et laissez une lumière allumée pendant vingt minutes. Passez éventuellement un disque de musique douce ou de berceuses. Bref, faites fonctionner votre imagination! Je suis sûr que votre partenaire sera enchantée de votre aide et de vos idées et qu’elle accueillera volontiers toute suggestion qui lui permette de combiner sa fonction de maman désireuse de donner à ses enfants le meilleur d’elle-même et sa fonction d’épouse qui passe d’agréables soirées en compagnie de son mari. Mais, de grâce, ne jouez pas aux dictateurs, qui font semblant de vouloir arranger les choses en haussant le ton, passivement affalés dans un fauteuil devant leur tube cathodique.
Je soupçonne que les parents d’un ami de mon fils, âgé de 7 ans, lui infligent de mauvais traitements et le négligent. Mais je ne sais pas quelle attitude adopter. Que me conseillez-vous ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Avant de détourner le cours de la rivière qui sépare tes terres, jette un pont entre les deux rives…
La réponse du psy
C’est effectivement une situation très délicate : d’abord, vous ne pouvez pas aller directement trouver les parents de cet enfant en leur faisant la morale. Ils vous claqueraient la porte au nez ! Ensuite, je doute que le petit copain de votre fils, à 7 ans, se lance dans des confidences et accuse ses parents. Enfin, votre propre enfant ne peut pas prendre sur lui de “témoigner” ce qu’il a pu voir s’il n’y a pas de plainte ou de raisons impératives de le faire. Mais vous n’êtes pas démunie pour autant ! Vous avez la possibilité de l’entourer d’un maximum d’affection et d’attention. Puisqu’il a de bons rapports avec votre famille, intégrez-le au maximum en favorisant toutes les occasions qui lui permettent de passer un agréable moment chez vous : il peut faire ses devoirs avec votre fils, venir manger régulièrement, à midi ou même le soir, et vous pourriez même proposer à sa maman de la décharger de temps à autre en le laissant même dormir dans votre maison. Ses parents sont peut-être débordés par leur travail, par leur situation personnelle, par les soucis qui les assaillent et ils seront soulagés de savoir que leur gosse est dans de bonnes mains, sans leur créer de corvée (par exemple de chercher et de payer une baby-sitter, de “placer” l’enfant chez les grands-parents, etc…). Peu à peu des liens privilégiés vont se tisser entre vous et cet enfant et, outre un réconfort naturel, il aura l’occasion de vivre des expériences valorisantes qui feront passer la pilule amère d’une enfance chargée de conflits et de tristesse. Par ailleurs, si la situation devait devenir intolérable, chez lui, il aurait alors sans doute suffisamment confiance en vous pour en parler, même à mots couverts. Face à ce que vous ressentez comme une injustice, vous n’êtes pas à même de jouer les “redresseurs de torts”, ce qui ne ferait qu’embraser une situation déjà explosive. Mais au lieu de jeter de l’huile sur le feu, vous pouvez “prévenir” en y versant patiemment quelques gouttes d’eau qui se transformeront immédiatement en vapeur sans avoir, apparemment, d’effet tangible mais contribueront à refroidir les braises et, qui sait, à étouffer les flammes. C’est en intervenant en douceur que vous garderez intactes les chances de donner à cet enfant qui connaît une vie difficile un havre de paix où le mot “bonheur” peut prendre un certain sens.
Notre fils unique, de nature peu mature et volage, s’est marié il y a deux ans. 15 mois plus tard, il a divorcé avec fracas. Puis il a rencontré une nouvelle compagne et aujourd’hui, il nous annonce son mariage en grande pompe… Mais à quoi bon marquer cet événement d’une pierre blanche si de toutes façons cette union cassera d’ici peu?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Ce n’est pas parce que ta récolte fut maigre cette année que ta terre est aride à jamais…
La réponse du psy
On dit souvent que le mariage est le plus beau jour de la vie. Et l’on souhaite en faire une fête digne de cette réputation! C’est à la fois un rite social, une reconnaissance officielle, un moment de bonheur partagé avec la famille, les proches et les amis. Mais ce n’est pas parce que le champagne coule à flots, que les rires et les sourires illuminent une journée pas comme les autres que l’union du couple sera une réussite. Dans le grand jeu de la destinée, quatre mariages sur dix environ passent par la case “divorce” ou “séparation”, sans compter les turbulences en cours de route qui réaffirment constamment que rien n’est jamais gagné d’avance. Je comprends qu’aujourd’hui vous ayez quelques réticences à foncer tête baissée dans le nouveau projet de vie de votre fils. Vous êtes sans doute inquiets quant à sa décision, d’autant plus que vous le jugez immature et volage. Et ça vous fait mal au coeur de penser que ce mariage se soldera peut-être par une catastrophe en fin de compte. Mais à votre place je ne peindrais pas le diable sur la muraille: qui sait ce que vous réservent les années à venir? Je ne peux évidemment pas vous dire que vous avez tort de vous tracasser et que ce n’est pas “normal” qu’un mariage en “grande pompe” vous reste en travers de la gorge parce que rien n’est plus facile à une personne extérieure, peu impliquée de dispenser sa généreuse morale et ses conseils trempés dans le bon-sens. Mais je pense qu’en manifestant trop de réticences, vous risquez de vous faire beaucoup de mal et de détériorer les relations que vous entretenez avec votre fils. A votre place, j’irais de l’avant avec prudence certes mais avec l’espoir que cette deuxième “tentative” sera la bonne et apportera à ce nouveau couple tout le bonheur et toute la longévité à laquelle chacun et chacune aspire en prononçant un “oui” pour la vie, pour l’éternité.
Au cours de ces vacances, j’ai fait un voyage aux États-Unis. J’y ai rencontré un homme formidable et nous avons passé de merveilleux moments ensemble. Je compte le rejoindre dès que possible mais j’ai peur de cet adage “Loin des yeux, loin du coeur”.
Le proverbe du sage Nô-Mi
Pourquoi craindrais-tu l’avenir si tu apprends à le construire avec ce que tu vis à l’instant présent?
La réponse du psy
Il ne faut pas confondre le sentiment amoureux, c’est-à-dire cette sensation incomparable de plénitude face à quelqu’un que l’on aime, avec la relation que l’on construit peu à peu avec l’autre, sur la base, précisément, de cette envie de joindre deux destinées. L’adage “Loin des yeux, loin du coeur” peut, dès lors, s’interpréter de la manière suivante : comment espérer construire une liaison satisfaisante avec une personne qui n’est pas à nos côtés, compte tenu que chacun avance chaque jour un peu plus sur le long chemin de la vie ? Il est bien clair, cependant, que l’on que l’on parle d’une séparation durable et que rien ne présage une réunion à court-terme. Vous pensez rejoindre cet ami dès que possible et c’est là une bonne idée, à condition, toutefois, d’être bien sûre de votre choix et de prendre un minimum de précautions. Je vous conseille de ménager vos arrières, ici, en Suisse, au cas où les événements ne donneraient pas raison aux élans de votre coeur. En attendant, maintenez un contact aussi étroit que possible par l’intermédiaire de lettes, de téléphones et, éventuellement de cassettes audio ou vidéo qui alimenteront le feu de cette jeune passion et lui permettront d’attendre qu’une fois sur place vous placiez sur ce foyer les “bûches” plus durables d’une vraie relation à deux. A votre place, je ne craindrais pas de perdre cet ami à cause de votre éloignement actuel. Par contre, vous devez absolument veiller à conserver, en plus du sentiment amoureux, un lien réel qui face appel au maximum de communications directes. Votre note de téléphone grossira, vous dépenserez de l’encre, des timbres et du papier mais si le jeu en vaut la peine vous vivrez une belle histoire d’amour.
Famille idéale J’ai 22 ans et je viens de me mettre en ménage avec mon ami. Mais face aux petits conflits qui ne manquent jamais, j’ai peur d’imiter inconsciemment le comportement de mes parents qui se disputent très fréquemment. Pensez-vous que je manque “d’entraînement” parce que je n’ai pas vécu dans un contexte suffisamment harmonieux ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Il n’y a pas lieu de craindre la tempête si l’on sait comment s’en protéger…
La réponse du psy
Imaginez un athlète qui s’entraîne sur une piste de mauvaise qualité. Le jour du championnat, dans d’autres conditions de course, sera-t-il désavantagé, par rapport à d’autres coureurs, parce que sa préparation n’aura pas bénéficié d’un contexte optimal, ou, au contraire, sera-t-il avantagé, parce que son entraînement aura été plus “rude” ? En fait, la réponse dépend plus de sa capacité, au moment crucial, de “gérer” les difficultés de la “compétition” et tant le passé que le présent auront un rôle dominant. Beaucoup d’adultes qui ont connu la souffrance d’une vie de famille en crise sont un peu dans la situation de cet athlète et, lorsque les problèmes inévitables de leur propre couple se profilent, ils craignent de revivre les conflits et les peurs qui les ont hantés durant leur enfance. Cette attitude est compréhensible mais part d’une idée qui est fausse, à savoir qu’il existe des familles parfaitement harmonieuses, protégées des difficultés liées à la cohabitation entre plusieurs personnes. Les querelles sont inévitables mais, à l’instar de l’athlète, tant que le couple est capable d’en gérer les causes et les effets, sur le moment, il n’y a pas de raisons de s’en faire.
Mon enfance a été très marquée par les problèmes d’argent et aujourd’hui je vis avec la hantise de tout perdre, de me retrouver ruiné. Cette attitude cause d’innombrables conflits avec mon épouse. Que pensez-vous de ce problème ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Si tu gardes constamment un sac de farine dans ton galetas, même en cas de disette tu sauras comment te nourrir…
La réponse du psy
Le Sage Nô-Mi disait à ses disciples : “Si tu veux des ennemis, prête ou emprunte de l’argent à tes amis, et si tu veux des amis, parle de cet argent que tu as prêté ou emprunté à tes ennemis…" En d’autres termes, quelle que soit la manière de voir le problème, les questions d’argent empoisonnent les meilleures relations du monde. Chez les couples, c’est un facteur de discorde très fréquent surtout lorsque l’enfance a été placée sous le signe du manque à gagner ! Je ne pense pas, dès lors, que les conflits qui naissent autour des questions d’argent soient réellement évitables. Ce qu’il faut aménager et améliorer, en revanche, c’est le “terrain” sur lequel reposent ces “tensions”. Vous pourriez chercher en commun quelques “remèdes” qui préviennent, à défaut de guérir : tenez une comptabilité détaillée et discutez toujours de l’opportunité d’un achat que vous jugez “onéreux” et qui vous donne l’impression de vous rapprocher du gouffre. Vos préoccupations sont légitimes, mais leur façon de se manifester est sans doute disproportionnée par rapport à la réalité. Essayez donc de relativiser les choses et ne vous braquez pas sur des questions de centimes : évaluez vos comptes en termes assez larges et gardez une bonne marge de manoeuvre. Par ailleurs, ne vous lancez pas dans de grandes dépenses sans être couvert : évitez les dettes, et, autant que possible, mettez un peu d’argent de côté, à la banque, et alimentez cette “poire pour la soif” sans jamais (à moins d’y être forcé) y faire de ponctions. Ainsi, même en cas de coup dur, vous aurez les moyens de limiter les dégâts et de rester “à flot”.
J’ai connu voici 3 mois un homme formidable, ceux que l’on décrit dans les romans de gare. Naturellement, j’ai tout laissé tomber (travail, famille, amis) pour le suivre dans ses voyages aux quatre coins du monde. Mais du jour au lendemain, mon rêve s’est effondré : il est criblé de dettes, il a plusieurs maîtresses et, le comble, une épouse légitime et des enfants… Comment ai-je pu être si bête au point de tout abandonner pour cet homme que je connaissais à peine ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Avant de t’envoler sur un nuage, prends une corde et attache-toi au chêne vigoureux de ton jardin…
La réponse du psy
Le sage Nô-Mi avait coutume de dire : “Avant de t’envoler sur un nuage, prends une corde et attache-toi au chêne vigoureux de ton jardin…”. Dans notre vie souvent dominée la grisaille, nous avons tous secrètement envie de rencontrer la belle au bois dormant ou le prince charmant. Lorsque l’occasion semble se présenter, tout le monde réagit de la même façon en plongeant tête baissée dans cette idylle digne des plus beaux contes de fées. Ne vous blâmez donc pas d’avoir cru à cette image parfaite de baroudeur au coeur tendre qui vous proposait de traverser la vie sur une flèche tirée par un arc-en-ciel. Cependant, une prochaine fois (car ces mirages ne sont pas rares…), suivez l’adage du sage Nô-Mi et assurez solidement vos arrières : ne donnez votre congé sous aucun prétexte et attendez une année au minimum pour prendre une décision quant à la tournure que vous souhaitez donner à votre destin. Laissez le temps travailler pour vous et mettre à l’épreuve la véracité et la constance de votre nouvel amour. Evitez de vous laisser porter par le charme des mots et des apparences et ne craignez pas de découvrir la vérité : votre récente mésaventure s’est heureusement terminée au bout de trois mois déjà. Que serait-il advenu si vous n’aviez découvert le pot-au-roses que plus tard, au moment où le retour en arrière eût été impossible ? Apprenez donc, grâce à cette expérience douloureuse, à vous méfier des trop beaux carrosses. Après minuit, la plupart du temps, ils redeviennent de simples citrouilles…
Mon copain a un problème que je n’arrive pas à comprendre : il a un besoin quasiment maladif d’accumuler les choses, de constituer des collections. Il ne jette pratiquement rien et trouve presque chaque semaine un nouveau truc à collectionner. Qu’en pensez-vous ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Mieux vaut tolérer un petit défaut pour un grand bonheur qu’exiger une grande qualité pour un petit malheur…
La réponse du psy
Depuis l’aube de l’humanité on trouve des traces de “collectionneurs” et il semble que ce soit là l’une des nombreuses activités caractéristiques de l’être humain. Tout le monde éprouve la nécessité de s’entourer de choses familières, rassurantes. Même dans le dénuement le plus total, le sentiment de “propriété” demeure intact car c’est en partie ce qui permet à l’homme de marquer son territoire. Chez les enfants, on observe très tôt ce besoin de “posséder” et souvent ce n’est qu’au prix de cris et de larmes qu’ils se séparent temporairement d’un jouet qu’ils doivent prêter à leurs compères de jeu. Les collections occupent une place prépondérante dans les loisirs : timbres, cartes postales, livres, bandes dessinées, disques, revues, photos, antiquités, vieilles voitures, armes, journaux, coquillages, conquêtes amoureuses… les exemples sont innombrables et montrent qu’à divers degrés, nous sommes tous peu ou prou des “collectionneurs”. Fondamentalement, le fait d’accumuler toutes sortes d’objets constitue une source de plaisir et d’équilibre. A cela s’ajoute évidemment la fierté d’exhiber ses trophées et c’est toujours étonnant de voir à quel point certaines personnes parviennent à force de patience, de recherches et d’endurance à mettre la main sur la rareté qui couronnera leur assortiment… jusqu’à la suivante. Mais bien entendu tout est question d’intensité : l’idéal est de se situer à mi-chemin entre les extrêmes. D’un côté, il y a celles et ceux qui font une sorte d’anti-collection en se débarrassant systématiquement de tout objet qui n’a pas d’utilité directe dans la vie quotidienne, de l’autre, celles et ceux qui, à l’instar de votre copain font “feu de tout bois” et gardent précieusement tout ce qui leur passe entre leurs mains. Les origines de tels comportements sont multiples et complexes mais il n’y a pas de raisons de s’inquiéter outre mesure tant que le collectionneur n’est pas “handicapé” personnellement et quotidiennement par son activité de fourmi. Vivre avec une personne qui a tendance à tout stocker n’est pas forcément facile, sur le plan des compromis et de la place, mais je ne parlerais ni d’obsession, ni de maladie, ni de mauvaise habitude, tant que celui - ou celle - qui “accumule” y trouve du plaisir et n’y voit pas une contrainte dictée par des peurs irrationnelles ou des causes qui laisseraient apparaître une souffrance morale et psychique et l’impossibilité de relativiser cette manie par le truchement de l’humour ou d’un arrangement mutuel entre partenaires. Je vous conseille donc de ne pas vous faire du souci pour autant que ce tic ne vous empêche pas de “cohabiter” plus ou moins normalement. Le cas échéant, vous pourriez demander à votre ami de freiner sa passion en prenant en considération votre point de vue…
Récemment, je suis tombé amoureux d’une collègue. Malheureusement, elle a répondu assez froidement à mes avances (je la couvrais de fleurs et de cadeaux), en me faisant remarquer que je m’y prenais très mal pour la séduire. Comment faire pour gagner son coeur ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Celui qui plante ses graines avant même d’avoir labouré son jardin ne peut récolter que ronces et mauvaises herbes…
La réponse du psy
Je vous répondrai d’abord que l’amour ne peut en aucun cas “s’acheter”, par telle attitude ou tel comportement. La naissance d’une relation qui lie deux êtres est faite de hasard, de mystère et ne se commande pas comme un objet “sur catalogue”. Combien de fois croit-on rencontrer la femme ou l’homme de ses rêves, alors que les circonstances de la vie et le contexte du destin vont rendre cet amour sincère et puissant absolument impossible ? Votre collègue s’est sans aucun doute sentie “envahie” par vos sentiments auxquels elle ne souhaite pas répondre et qui, de ce fait l’indisposent. Elle ne veut pas se laisser séduire en se faisant littéralement “acheter”. Implicitement, en la submergeant de cadeaux, vous la mettez au pied du mur car votre générosité n’est pas “gratuite”. En clair, c’est comme si vous lui disiez :”Regarde tout ce que je suis capable de t’offrir… à condition que tu m’accordes ton amour”. Or celui-ci est par définition inconditionnel et ne surgit pas forcément là où l’opulence matérielle a planté ses graines… Si vous voulez réellement séduire la femme de vos rêves, manifestez votre présence mais soyez patient et discret. Lorsque deux coeurs sont faits pour s’accorder ils finissent toujours par se rencontrer et le sentiment qu’ils partagent alors est totalement indépendant de dons “matériels”, quels qu’ils soient.
LES CONTES DE NO-MI
Il y a fort longtemps, un terrible tyran asservissait un immense royaume. Les richesses coulaient de ses mains comme la source d’un rocher et inondaient ses palais et ses terres. Mais cet homme qui dominait même le soleil était malheureux car nul coeur ne battait pour le sien. Les épaules voûtées par le chagrin, il alla trouver un ermite d’une grande sagesse et lui commanda : “Vieil homme, livre-moi le secret de l’Amour et je ferai de toi le plus puissant des hommes…” Le Sage sortit un sac rempli de poudre et le tendit malicieusement au monarque : “Descends de ton trône, ouvre une échoppe de savetier et jette un peu de ce sable magique sur les pieds des femmes qui plaisent à ta royale personne. Un jour, le miracle se produira…” Ainsi fit le despote, qui devint humble fabricant de sabots et sema à tout vent jusqu’au jour où il fit d’une femme qui l’aimait la reine de sa vie. Exultant de joie il retourna chez l’ermite et lui demanda : “Ton secret est extraordinaire et tu mérites ta récompense. Demande et je te donnerai.” Et le sage de répondre : “Abandonne tes richesses à ton peuple, travaille et sois honnête et je serai récompensé.” Séant ce fut, et le pays prospéra dans le bonheur et la quiétude…
Mon enfance a été très marquée par les problèmes d’argent et aujourd’hui je vis avec la hantise de tout perdre, de me retrouver ruiné. Cette attitude cause d’innombrables conflits avec mon épouse. Que pensez-vous de ce problème ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Si tu veux des ennemis, prête ou emprunte de l’argent à tes amis, et si tu veux des amis, parle de cet argent que tu as prêté ou emprunté à tes ennemis…
La réponse du psy
Le Sage Nô-Mi disait à ses disciples : “Si tu veux des ennemis, prête ou emprunte de l’argent à tes amis, et si tu veux des amis, parle de cet argent que tu as prêté ou emprunté à tes ennemis… En d’autres termes, quelle que soit la manière de voir le problème, les questions d’argent empoisonnent les meilleures relations du monde. Chez les couples, c’est un facteur de discorde très fréquent surtout lorsque l’enfance a été placée sous le signe du manque à gagner ! Je ne pense pas, dès lors, que les conflits qui naissent autour des questions d’argent soient réellement évitables. Ce qu’il faut aménager et améliorer, en revanche, c’est le “terrain” sur lequel reposent ces “tensions”. Vous pourriez chercher en commun quelques “remèdes” qui préviennent, à défaut de guérir : tenez une comptabilité détaillée et discutez toujours de l’opportunité d’un achat que vous jugez “onéreux” et qui vous donne l’impression de vous rapprocher du gouffre. Vos préoccupations sont légitimes, mais leur façon de se manifester est sans doute disproportionnée par rapport à la réalité. Essayez donc de relativiser les choses et ne vous braquez pas sur des questions de centimes : évaluez vos comptes en termes assez larges et gardez une bonne marge de manoeuvre. Par ailleurs, ne vous lancez pas dans de grandes dépenses sans être couvert : évitez les dettes, et, autant que possible, mettez un peu d’argent de côté, à la banque, et alimentez cette “poire pour la soif” sans jamais (à moins d’y être forcé) y faire de ponctions. Ainsi, même en cas de coup dur, vous aurez les moyens de limiter les dégâts et de rester “à flot”.
Notre présentation physique est un peu le miroir de notre âme. C’est ce qu’ont pu montrer les nombreuses études menées notamment par Paul Ekman aux États-Unis sur ce qu’on appelle le “langage du corps”.
La réponse du psy
Les cheveux et les vêtements y jouent bien évidemment un rôle primordial. Mais, alors que notre habillement reflète plutôt une volonté consciente “d’impressionner” nos interlocuteurs, la coupe de cheveux reflète davantage notre face “intime”, ce qui se passe en nous à l’abri des regards indiscrets. Ainsi, on a pu constater que les personnes qui subissent une opération de chirurgie esthétique faciale ne s’acceptent pas tant qu’elles n’ont pas rendu visite aux ciseaux du coiffeur. De même, au sortir d’une crise existentielle, beaucoup de gens ressentent le besoin de “changer de peau” et, partant, de “look”. Les cheveux sont bien plus qu’un simple ornement sur la tête, ils mettent en valeur notre visage, et plus particulièrement notre regard et notre expression. Tout le monde a sans doute fait l’expérience désagréable de rencontrer un ami ou une amie qui arbore une nouvelle coupe : on a alors la désagréable sensation de ne plus reconnaître l’autre et il nous faut un certain temps pour retrouver nos marques, pour nous habituer. C’est tellement vrai que certaines vedettes ont bâti une part de leur légende sur leur chevelure : Elvis Presley, James Dean ou encore le groupe ZZ-Top sont indissociables de leur brushing typique. Et certains y ont même sacrifié leur précieuse pilosité crânienne : Yul Brynner doit sa carrière à sa tête d’oeuf et Telly Savalas (alias Kojak) à sa gueule de sucette glacée. Les métamorphoses de Hillary Clinton, indépendamment des influences de conseillers en “image publique” (qui ont pu lui suggérer d’adapter sa présentation pour améliorer son impact auprès de ses pairs), révèle incontestablement que sous des airs de femme déterminée et forte, prête à affronter sans sourciller les tempêtes du destin, il y a une personne sensible et orgueilleuse qui a souffert des rebuffades et autres refus essuyés et endurés au cours de ces derniers mois : quand “Billary la battante” devient “Hillary la battue”, elle change de coiffure en espérant ainsi garder la face. D’abord pour l’opinion publique qui en a fait une “star médiatique”, ensuite - et surtout - pour elle-même puisque depuis Blanche-Neige, ce sont les miroirs qui osent dire ce que l’on est et ce que l’on n’est plus…
Ou pourquoi il ne sera jamais possible de connaître avec certitude la réaction d’autrui.
La réponse du psy
Imaginez un petit ordinateur de poche qui suivrait fidèlement de son oeil électronique impassible tous vos faits et gestes quotidiens et ceux de votre entourage. Un programme sophistiqué en ferait un allié indispensable car sur simple pression d’une touche il vous livrerait instantanément les secrets d’autrui: ses réactions prévisibles, son caractère, son tempérament, ses goûts et préférences et il vous donnerait en plus une liste de mots à utiliser en priorité pour être au top de la communication, pour faire de vos échanges des messages idéaux, sans quiproquos ni sous-entendus. La science et la technologie au service des relations humaines. Tenez, votre patron qui est toujours d’humeur changeante, eh bien vous n’auriez plus ces chauds-froids qui vous empoisonnent l’existence: la robotique vous signalerait immédiatement quelle attitude adopter. Froid et distant ou chaleureux et amical. Finies les douches écossaises, vous seriez paré pour aller loin et monter haut…
Trêve de rêve. Ce gadget n’existe pas. Et je suis prêt à parier que malgré tous les progrès en matière de compréhension de l’être humain, de ses interactions avec les autres, on ne saura jamais faire du comportement une “science”. Le monde cartésien dans lequel nous évoluons a tendance à tout quantifier, à tout cadrer à l’aide de règles de plus en plus précises. Et nos attitudes, nos habitudes n’y échappent pas: on essaie d’en comprendre le pourquoi et le comment et d’expliquer à l’aide de constantes mathématiques, d’équations non-linéaires et de systèmes-experts ce que le bon-sens et l’intuition nous dictent à mesure que nous acquérons de l’expérience. “Tiens, ce n’est pas son jour!” dira-t-on du collègue qui entre dans le bureau les traits à peine plus tirés que d’habitude. Mais nous sentons à sa façon d’ouvrir et de fermer la porte qu’il est sous tension. Même chose pour ce que l’on appelle communément les “atomes crochus”. C’est quelque chose que nous percevons distinctement mais qui ne porte pas de nom. Une simple impression qui se vérifie pourtant si souvent! Mais ce qui fonctionne si bien à certaines occasions et qui nous précipite dans le doute à d’autres est mû par des mécanismes qui évoluent à grande vitesse et se soustraient à la systématisation.
Le problème réside dans l’alchimie complexe des rapports humains qui se construisent sur un savant jeu de questions et de réponses, de donner et de recevoir, d’émission et de réception: les fameuses interactions. Et c’est là-dessus que le scientifique bute. Parce que dès qu’il commence à observer les gestes et les comportements, il devient partie intégrante de ce “jeu”. Longtemps, on a cru que les choses existaient en elles-mêmes et que la présence d’un “spectateur” neutre était sans influence. Typiquement, on estimait qu’un adulte immobile et silencieux observant des enfants en train de jouer dans une pièce n’affectait aucunement leur “spontanéité”. C’était faux: sa présence induisait un biais difficilement chiffrable mais bien présent. Autre exemple fameux, l’effet décrit par L. Rosenthal sous le nom “d’effet Pygmalion”: le fait d’attendre un résultat augmente significativement la probabilité de l’obtenir. Parce que j’induirai une interaction favorable qui m’aidera - et me confortera - dans la réalisation de mon attente. Dès lors, le psychologue “scientifique” qui cherche à comprendre les mécanismes qui régissent les conduites humaines se trouve devant un dilemme insoluble: soit il abandonne toute velléité d’observation et, logiquement, il ne voit plus rien, soit il regarde attentivement et fausse inévitablement les données…
Ce qui est vrai pour un domaine aussi “flou” que le comportement, l’est également dans d’autres disciplines. Le physicien allemand Heisenberg a ainsi démontré qu’on ne pouvait faire intervenir des instruments de mesure dans le milieu de l’infiniment petit sans provoquer des interférences fâcheuses. Calculez la vitesse d’une particule atomique, vous modifierez sa positon “naturelle” dans l’espace et donc sa trajectoire. Cherchez à déterminer cette même trajectoire… et vous modifierez la vitesse de la particule. Cercle vicieux qui permet de relativiser bien des “théories”… En d’autres termes, le comportement humain est par définition imprévisible. Du moins si on cherche à l’enfermer dans une série de clichés à la fois trop vagues pour englober la particularité de chaque situation et trop “précis” pour rendre compte de l’infinité de combinaisons possibles lorsqu’on met deux personnes (ou plus) en interaction. Et vous voulez mon opinion? C’est très bien ainsi. Parce que cela signifie que nous ne sommes pas des machines et qu’il y a encore beaucoup de place pour la communication, la vraie, celle qui fait intervenir la surprise et le plaisir de découvrir qui est l’autre et à travers lui, qui je suis…
Fréquemment, nous sommes horrifiés de lire dans les journaux des faits divers mettant en scène une personne victime d’un accident ou d’une agression sous les yeux apparemment impassibles de témoins directs. Chaque fois nous sommes les premiers à nous exclamer : “Moi, dans pareille situation, je prendrais les choses en main, je réagirais…”.
La réponse du psy
Récemment encore, différents drames ont défrayé les chroniques et ému la population : le pire arrive, sans qu’aucun badaud ne tente quoi que ce soit. Pire encore, certains filment ou photographient la tragédie, à l’instar de ces chasseurs de sensations fortes qui sévissent à la télévision américaine et qui, pour 200 dollars le sujet, descendent dans l’arène, là où se brisent en quelques secondes des destins humains.
Mais comment expliquer cette “apathie des témoins” ? Faut-il blâmer la société de consommation qui pousse à l’indifférence et au repli sur soi, stigmatiser les “reality shows” boulimiques d’agression et de violence et totalement dévoués au tout-puissant audimat ?
De nombreuses études menées dans le cadre de la psychologie sociale (qui étudie les comportements humains interagissant dans un milieu socio-culturel bien déterminé) ont pu montrer que le problème résidait principalement dans deux facteurs inhérents à notre fonctionnement au sein d’un groupe de personnes :
Nous avons tendance à calquer nos comportements sur ceux que nous observons autour de nous. Lorsqu’il y a un accident, nous attendons que quelqu’un fasse le premier pas pour éventuellement agir ensuite. Or, comme personne n’aime se mettre en avant, surtout dans un contexte plutôt dangereux, nous jugeons que ce que nous voyons ne constitue pas une urgence puisqu’il n’y a pas de réaction. C’est là un cercle vicieux particulièrement lourd de conséquences que l’on pourrait qualifier “d’ignorance pluraliste”. En d’autres termes, chaque témoin trompe l’autre parce qu’il conserve son calme, même si une tragédie se déroule sous son nez ! Mais attention : si quelqu’un se met à paniquer, on assiste au phénomène inverse. La foule s’embrase littéralement et c’est le chaos, tel qu’on peut l’observer lors d’incendies ou de catastrophes dans des lieux publics (supermarchés, cinémas, dancings).
Nous sommes tous enclins à penser que nous ne sommes ni responsables, ni compétents, dans une situation d’urgence. C’est ce que l’on pourrait appeler l’émiettement des responsabilités : on se rassure en pensant que la police est avertie, que les pompiers vont intervenir et que ceux dont c’est la spécialité de sauver des vies humaines ne vont pas tarder à apparaître. Mais alors que peut-on faire pour corriger cette léthargie naturelle ? Je retiendrais trois idées dont la pertinence a également fait l’objet de nombreuses recherches :
Le rôle de l’information : en prenant conscience qu’en restant inactifs on paralyse littéralement la masse qui nous entoure, on peut se forcer à cultiver la graine de héros qui sommeille en nous. Sans jouer les justiciers, les redresseurs de torts ou les zorros urbains, on peut au moins s’assurer que la police a été avertie. Même si vingt personnes prennent la peine d’appeler les secours, aucune ne sera ridicule !
Le rôle de la communication : lorsqu’une situation nous paraît dangereuse, il ne faut pas hésiter à adresser la parole aux témoins qui nous entourent. Eux aussi perçoivent peut-être le danger et c’est en groupe qu’on portera secours ! A ce titre, les drames où personne n’intervient relèvent, à mon avis, d’une faillite totale dans l’art de communiquer !
Le rôle des modèles “secourables” : comme nous l’avons vu, il suffit qu’une ou deux personnes se décident à agir pour que la foule les suive. Trop souvent, cependant, nous freinons notre fougue de peur de paraître ridicule ou de faire “faux”. Il est important, je pense, de s’entraîner à retrouver en nous tous ces gestes dictés par l’instinct et qui, à l’origine, servaient autant à nous protéger qu’à préserver nos proches. La technique nous a beaucoup déchargés de ce type de responsabilités mais, en même temps, a émoussé cette espèce d’éveil naturel qui nous permet, à l’instar des animaux, d’accomplir des prouesses physiques et psychiques dont nous sommes toujours étonnés a posteriori. On peut donc se forcer à agir plus en fonction de ce que l’on sent, qu’en fonction de ce que l’on observe chez autrui…
Les chercheurs Latané et Darley (1968) ont mis au point l’expérience suivante :
Sous prétexte d’une entrevue avec un professeur d’Université, on convoque plusieurs étudiants que l’on fait patienter, seuls ou en groupe, dans une salle d’attente. On fait alors pénétrer dans ce local une fumée blanche et inodore et on observe les réactions des personnes qui attendent. Lorsqu’un étudiant est seul, l’instinct prime : plus de 75 % réagissent en moins de deux minutes et appellent de l’aide ! Par contre, lorsqu’un groupe est confronté à cette même situation, 13 % seulement des sujets entreprennent quelque chose… en l’espace de 6 minutes, alors que la pièce est remplie de fumée ! Tant que personne ne fait le premier pas, aucun participant n’ose se jeter à l’eau, même si intérieurement, il réalise qu’il pourrait y avoir un danger. Cette expérience corrobore le fait que plusieurs témoins freinent l’action et inhibent l’instinct…
ZAJONC R.B., Psychlogie sociale expérimentale, Paris : Dunod, 1967
MOSCOVICI S., Introduction à la psychologie sociale, Paris : Larousse, 1972
LEYENS J.P., Psychologie sociale, Bruxelles : Mardaga, 1979
Ou comment nous nous sentons vieillir en observant le parcours du soleil…
La réponse du psy
Par une belle journée de farniente à regarder les marrons tomber, nonchalamment affalé dans une chaise longue qui fleure bon le congé endimanché, il est plaisant d’observer la trajectoire du soleil qui nous rappelle constamment notre propre parcours : de l’aube à midi nous grandissons, apprenons les règles du grand jeu de la destinée et nous trimons dur pour parvenir au faîte de nos possibilités. Mais le temps court et à peine avons-nous atteint le zénith, nous entrons de plain-pied dans l’après-midi et les ombres qui s’allongent annoncent bientôt le déclin de l’astre de lumière et de vie… Entre 40 et 50 ans, l’homme regarde fébrilement sa montre et constate soudain qu’il doit lui aussi compter les heures. Les premiers signes de fatigue physique pointent à l’horizon et le miroir renvoie soudain les premiers reflets de l’inéluctable : nous vieillissons. Et c’est alors qu’il s’agit d’entamer un long processus de deuil : il n’y aura pas de retour en arrière et cette jeunesse que l’on croyait éternelle file entre nos doigts comme du sable dans un sablier. D’un seul coup surgit l’envie irrésistible d’échapper au tic-tac de l’horloge et de retrouver ses vingt ans sous cette peau qui en accuse le double. C’est le “démon de midi” qui nous précipite dans les affres d’une véritable boulimie existentielle : nous voulons tout et tout de suite. Plus encore, face au regard des autres, nous cherchons à cacher ce que les scientifiques appellent élégamment l’andropause, et les mauvaises langues le “début de la fin”. La vieillesse fait peur car elle nous rapproche de la mort. Et même si nous avons suffisamment d’expérience pour garder notre sang-froid, nous succombons aux sirènes de l’éphémère en masquant à nos yeux pailletés de petites rides que notre avenir, progressivement, cesse de se conjuguer au futur… Certains hommes s’en sortent brillamment car ils comprennent que ce n’est pas en fuyant son ombre qu’on empêchera de la voir grandir. D’autres refusent l’évidence et s’enferrent dans un rôle qui les enserre progressivement dans un costume devenu trop étroit, au point de ressembler, finalement, à un clown pathétique, silhouette de vieillard cherchant à imiter les jeunes, dans un décor de crépuscule…
Face au déchaînement des forces de la Nature contre l’homme, on peut s’étonner de voir à quel point celui-ci résiste, s’accroche et, finalement, tel un phénix, renaît de ses cendres et ramène la lumière là où se sont abattues les ténèbres.
La réponse du psy
Il est toujours très difficile d’évaluer à quel point une tragédie marque ceux qui en sont les victimes, car l’intensité de la souffrance, du stress, de l’anxiété et du ressentiment contre ces fléaux naturels qui sèment la mort dans un champ de vie dépend avant tout de la prévisibilité de la catastrophe, de sa durée, de l’évaluation qu’en fait celui qui la vit et des ressources, de l’aide et des appuis dont il dispose pour y faire face, comme l’ont montré les psychosociologues américains P. Badia, S.Culbertson et J. Harsh (1973). En d’autres termes, les personnes qui sont préparées à vivre, un jour, “dans l’oeil du cyclone”, qui subissent des entraînements préventifs en cas d’alerte générale, qui savent que les autorités et l’ensemble de la population sont prêtes à affronter le pire et à se tenir le coudes au plus fort de la tempête apprivoisent peu à peu la peur de vivre l’événement dramatique. Que ce soit au pied d’un volcan ou au sommet d’une faille sismique, chacun apprend à vivre aux côtés d’un monstre endormi et se prépare minutieusement à lui tenir tête lorsque soudain, il se réveille et apaise sa soif de sang. La douleur qui habite celles et ceux qui ont tout perdu, physiquement et affectivement provoque certes de lourdes blessures et laisse de larges cicatrices. Mais le cataclysme ne surgit pas de nulle part : on l’a attendu et on a adapté ses valeurs personnelles en fonction de ce qui n’est plus vécu comme un coup bas du sort ou une fatalité injuste mais comme quelque chose qui était parfaitement inévitable. A l’instar des malades qui finissent par tutoyer leur maladie et la traiter en adversaire dont on connaît les ruses, la force et les tactiques, ces habitants intrépides se sont habitués à la présence d’un voisin colossal mais invisible dont le rugissement périodique suscite moins la peur et la tristesse que l’envie et le courage de poursuivre, en commun, envers et contre tout, une bataille que personne n’admettrait de perdre…
Ou pourquoi les gaulois avaient raison de craindre que le ciel ne leur tombe sur la tête…
La réponse du psy
L’être humain a remarquablement aménagé son espace vital. Confronté aux constants caprices de la nature qui le soumet au régime de la douche écossaise, avec des sécheresses qui transforment en désert de vastes étendues de terre pourtant fertile et des inondations qui font déferler de gigantesques murs d’eau et des vagues mugissantes sur des paysages a priori idylliques et tranquilles et “normalement” secs, il a construit des digues, des murs, des ponts, des canaux, des barrages, il a édifié des “fortifications”, des abris, des couloirs de sécurité, sans compter ses inventions de maisons résistantes tant à l’eau qu’au feu, aux tremblements de terre, au tonnerre, à la grêle, à la foudre et à toutes ces forces “cosmiques” qui métamorphosent le ciel en puissance de l’enfer. Les gaulois n’avaient qu’une crainte, dit-on, celle de voir le dieu Toutatis provoquer l’effondrement de la voûte céleste qui supporte les nuages et les étoiles. Ils parlaient en connaissance de cause et cette peur n’était pas due au hasard d’une superstition magique: la violence des éléments naturels montre sans aucun doute le visage le plus hostile et le plus dévastateur du monde dans lequel nous vivons.
La technologie moderne nous a habitués progressivement à surestimer notre propre pouvoir et à sous-estimer la menace de la nature. Tranquillement assis sur les berges d’une rivière soigneusement confinée dans un lit artificiel aménagé pour notre confort et notre agrément, nous regardons fièrement cette eau domptée, même en cas de crue. Et nous en venons à croire que la probabilité qu’un cataclysme nous surprenne à cet endroit précis est nulle. Normal, on a pensé à tout et ce qui est “virtuellement” impossible nous empêche de considérer la réalité en face: la nature ne nous appartient pas, c’est à elle que nous appartenons. Et cette rive si douce et si paisible va nous le montrer au détour d’une catastrophe où les circonstances les plus extrêmes - et les plus difficiles à estimer à l’avance - vont se conjuguer ensemble sur le mode féroce de l’horreur absolue. Une forte pluie, des glissements de terrain, des torrents de boue et nous voilà catapultés en une fraction de seconde dans les plus noires tourbillons d’une force titanique, aveugle et sans pitié. Les experts n’en croient pas leurs yeux: leurs calculs les plus fous, ceux qu’ils avaient même écartés parce qu’ils les jugeaient trop fantaisistes et alarmistes se révèlent largement dépassés par la puissance des éléments en furie. Tel mur qui pouvait sans autre contenir une pression inimaginable à nos yeux est sans autre balayé par les flots impétueux, tel boyau qui était conçu pour charrier des milliers de mères de cubes d’eau à la minute explose comme une simple paille, soufflé par la masse déferlante de liquide écumant de rage sous la tempête. Et soudain, tout ce qui avait été préparé, évalué, calculé, mesuré s’avère ridicule et inadapté face à une énergie autant redoutable qu’implacable…
Tenez, dans le genre “cas d’école”, prenons le fameux naufrage du “Titanic”, paquebot réputé insubmersible: les ingénieurs avaient tout prévu. Des cloisons étanches aux parois coupe-feu, des infrastructures aux superstructures résistant à tout, même aux pires cauchemars. L’amiral des navires, le roi des bateaux de plaisance était un joyau prêt à défier n’importe quelle tornade, cyclone et autres vagues géantes. Mais il a suffi d’un iceberg pour déchirer d’une griffe nonchalante le flanc de ce chef-d’oeuvre des mers et en faire l’une des leçons les plus marquantes dans notre combat contre les calamités naturelles en tout genre: on ne maîtrise pas la succession de circonstances heureuses ou malheureuses qui échappent rigoureusement à toute forme de calcul en termes de probabilités. En d’autres termes, nous ne pouvons que difficilement lutter contre l’enchaînement des événements. Prévoyez les tous, les uns après les autres, trouvez les parades à chacun d’eux séparément et vous aurez déjà perdu la partie d’échecs que vous jouez contre l’infortune car vous aurez oublié qu’un fil invisible relie tout ce qui arrive et qu’aux causes succèdent des effets qui servent de nouvelles causes à de nouveaux effets. C’est la théorie des dominos: vous en poussez un, dans sa chute il en entraîne un deuxième, qui en fait tomber un troisième. Et en bout de chaîne, c’est le déluge qui s’abat sur une paisible ville de montagne, le ciel qui tombe sur une tranquille bourgade de campagne… Vous connaissiez toutes les pièces mais vous n’aviez pas additionné et/ou multiplié leurs interactions!
Discours apocalyptique où nous n’avons plus qu’à attendre résignés que la nature nous jette en pâture à sa furie sauvage? Absolument pas. Mais à mon avis il n’est pas inutile de rappeler que la meilleure des protections, c’est de ne jamais calculer les risques en termes de probabilités mais de se concentrer davantage sur l’analyse de la succession possible d’incidents mineurs qui se transforment en drames majeurs. L’attitude qui consiste à penser que tel avatar ne peut pas se produire parce qu’il faudrait une suite de “malheurs” hautement improbable conduit justement à vérifier l’hypothèse que le hasard et la nature, lorsqu’ils conjuguent leurs effets destructeurs produisent des surprises “chaotiques” qui, après coup, paraissent si évidentes qu’on ne comprend pas comment on n’y avait pas songé avant. Et pourtant, il n’y a pas d’excuse car on le savait. Seulement c’était tellement tiré par les cheveux qu’on l’avait écarté avec un petit sourire en se disant qu’il ne faut pas être fataliste et qu’à trop brandir le spectre de la tragédie, on finit par l’appeler… Mais il y a une grande différence entre le pessimisme et la prévoyance: en espérant que l’incommensurable ne se produise jamais, c’est-à-dire en se montrant optimiste, on peut néanmoins “baliser” le terrain afin d’en écarter au maximum les dangers. Et si ceux-ci déjouent néanmoins notre vigilance, ne jouons pas la carte de l’étonnement candide: la nature est dangereuse et même si nous nous en croyons les maîtres, c’est elle qui nous dicte sa volonté…
Les énormes progrès industriels, techniques, sociaux et médicaux réalisés au cours de ce siècle ont notablement fait évoluer la notion de vieillesse. Les “patriarches” d’antan constituaient des exceptions que l’on considérait avec admiration et respect, profitant de leur savoir et de leur expérience qui leur conféraient une position privilégiée de “sage” au sein de la famille.
La réponse du psy
Aujourd’hui, en revanche, les personnes à la retraite sont légion et le seuil des soixante ans n’est plus perçu comme une grâce extraordinaire du destin mais comme une simple porte ouverte sur une nouvelle tranche de vie où, libéré des contraintes et des servitudes du travail “actif”, l’on peut enfin profiter de faire ce que bon nous semble. Mais pour de nombreuses personnes, tant d’espace donne le vertige et ils n’osent pas s’aventurer hors des sentiers battus, de peur de se perdre dans cette immensité à laquelle rien ne les a habitués. Car il faut passablement d’énergie et de courage pour se lancer dans de nouvelles aventures et il suffit que le corps donne des signes précoces de fatigue, que quelques maladies grippent le moteur ou que le contexte s’avère difficile, en raison de relative solitude ou de précarité financière, pour que toutes ces envies d’évasion, et ces anciens rêves colorés que l’on s’était promis de transformer en réalités chatoyantes s’évanouissent dans une grisaille au goût morose. Mais, comme le montrent les témoignages de ceux et de celles qui vivent une “vieillesse” heureuse et variée, le tempérament et le caractère personnels s’avèrent également déterminants, pour peu que l’on jouisse d’une situation matérielle et vitale confortable: si les premiers pas sont parfois hésitants et difficiles, la volonté de persévérer et d’aller de l’avant sera toujours largement récompensée car le chemin à parcourir se révèle tellement riche et passionnant qu’il permettra systématiquement de vérifier l’adage que l’on ne saurait confondre “âge” et “kilométrage”…
Dans ses études sur l’évolution psychique de l’homme, le grand psychologue américain Carl Rogers a montré que, à l’instar de la plante qui oriente toujours sa croissance vers la lumière du soleil, l’individu cherche constamment à dépasser ses propres limites et à tendre vers le “mieux”, en se mesurant aux modèles et aux références qui l’entourent.
La réponse du psy
Ce besoin permanent d’aller plus loin et de chercher à optimaliser ses potentialités constitue en effet l’une des conditions de survie de notre espèce qui, comparée aux autres êtres vivants, possède certes une intelligence largement supérieure mais ne dispose pas d’atouts physiques très avantageux: notre force est faible, nos sens restent passablement limités et nous ne possédons ni griffes, ni crocs, ni carapace pour nous protéger efficacement contre les agressions de tout genre. Cet esprit de compétition, présent en chacun de nous, est donc bénéfique car c’est un moteur très puissant qui permet d’engager un combat opiniâtre, soutenu et inflexible contre l’adversité afin de surmonter les nombreux obstacles qui se dressent sur notre chemin. Paradoxalement, pourtant, l’on ne peut gagner que si l’on a appris à perdre et l’art de transformer une défaite en victoire réside dans la capacité de prendre du recul, d’analyser ses erreurs et de tirer parti de ces informations pour rebondir vers la réussite et le succès: de mat, l’échec devient brillant! Cependant, cette qualité fondamentale se nourrit d’une énergie intérieure qui est un mélange complexe de volonté, de patience, de persévérance et de confiance en soi. Si l’un de ces ingrédients vient à manquer, l’avancée cesse d’être harmonieuse et de multiples tensions et contradictions ralentissent le mouvement ascendant: les revers ne sont plus perçus comme éléments indispensables et naturels à tout développement personnel mais deviennent autant de boulets qu’un destin ingrat s’amuse à attacher à nos pieds pour freiner notre élan.
Depuis quelques mois, je cumule les catastrophes domestiques : je ne rate pas une occasion de me brûler, de me couper, de glisser, d’érafler la carrosserie de ma voiture… En un mot, je suis poursuivie par la poisse et je me demande pourquoi. Qu’en pensez-vous ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
N’oublie jamais que c’est avec une petite graine que tu obtiens l’abondance…
La réponse du psy
On dit souvent qu’on est toujours partiellement responsable de ce qui nous arrive. Les accidents domestiques qui nous taquinent quotidiennement sont inévitables mais lorsqu’ils prennent une certaine ampleur et deviennent réguliers, on peut légitimement se demander s’il n’y a pas, dans notre comportement, quelque chose qui “attire” ce type de problèmes. On reconnaît facilement qu’une vie chargée, pleine de stress et source d’angoisses difficiles à gérer est en mesure d’entraver sérieusement notre santé : ulcères, migraines, fatigue chronique… tout ce que l’on range sous la rubrique “psychosomatique”. Par ailleurs, lorsque nous soumettons notre organisme à rude épreuve, notre système de défense contre les attaques bactériennes et virales perd de son efficacité. Certains psychiatres font donc l’hypothèse que notre psychisme pourrait également être affecté par notre train de vie. Bousculés par des horaires trop lourds, pressés par les délais et le rendement, nous faisons tous l’expérience plus ou moins consciente d’une sensation de “trop-plein”. La série de mini-catastrophes que vous décrivez constitue peut-être un signe que, submergée par les contraintes auxquelles vous devez faire face, vous ne prêtez plus suffisamment attention aux activités banales de la vie quotidienne. Vous marchez trop vite, sans regarder où vous mettez les pieds et vous glissez. Vos gestes sont trop brusques et vous vous brûlez en cuisinant, vous vous coupez en jardinant, etc… En d’autres termes, vous avez la tête ailleurs et si vous rayez le carrosserie de votre voiture, c’est que le “pilote automatique” que vous avez enclenché ne remplace pas votre vigilance habituelle. Je vous conseille donc de vous efforcer de concentrer toute votre attention aux activités que vous faites dans l’instant en leur accordant une importance égale, que ce soit pour passer l’aspirateur ou présenter un projet d’envergure. Certes, les implications ne sont pas les mêmes, en surface, du moins. Car si l’on y regarde de plus près, on se rend compte qu’un accident grave peut avoir des conséquences infiniment plus lourdes qu’un léger bafouillage… Je ne veux pas dire par là que tout est équivalent, mais chacune de nos activités nécessite concentration et disponibilité. Je ne crois pas à la fatalité même si certaines fois, la loi des séries nous glisse plusieurs fois la même peau de banane sous les pieds. Se consacrer relativement intensément à tout ce que l’on fait évite cependant bien des bobos qui, par chance, portent rarement la couleur tragique du drame.
Hausses de prix, planète en péril, guerres, souffrances… Comment trouver la force de résister à la morosité ambiante ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Une seule récolte ne fait pas la vie d’un cultivateur…
La réponse du psy
Le pessimisme est souvent plus facile à entretenir car l’être humain est ainsi fait qu’il tend à voir d’abord le défaut dans un panier de qualités. Mais cette attitude peut être combattue en s’efforçant de construire autour de soi une sorte de carapace faite d’optimisme et de confiance en l’avenir, même si la situation paraît si grave qu’un pas de plus nous précipitera dans le gouffre… En 1943, un journaliste britannique s’étonnait de voir Sir Winston Churchill siroter tranquillement son thé de cinq heures, alors que les attaques contre l’Angleterre se faisaient de plus en plus menaçantes. Churchill donna alors “sa” recette de l’optimisme, bien laconique mais drôlement efficace : “Wait and see” (“Qui vivra, verra”). Quelle que soit notre situation du moment, rien d’autre que le temps - et donc la patience - n’est en mesure de l’infléchir, dans un sens comme dans un autre. Dans ce cas, la colère, le dépit, le chagrin sont autant de douleurs supplémentaires et de stress qu’il faut gérer… Si l’on veut s’en sortir, il s’agit donc d’apprendre à cultiver une forme de sérénité intérieure qui, bien qu’elle ne résolve pas les difficultés, en atténue les ravages sur notre corps et notre esprit. Chacun devrait posséder en lui un jardin secret où les craintes, les déceptions, les avanies n’ont pas droit de cité. Souvent, c’est grâce à une activité qui nous plaît et qui a la vertu de nous détendre que nous réussissons à créer un tel endroit : le même Winston Churchill se plongeait dans les volutes d’un bon cigare dont les cercles de fumée lui rappelaient que la roue tourne et que rien ne saurait être considéré comme définitif.
Il y a des jours comme ça: vous vous levez du pied gauche, le lait déborde de la casserole, votre tartine pleine de confiture se renverse sur votre pantalon tout propre, vous loupez votre bus et, comble de malchance, vous oubliez le dossier que votre patron vous réclamait de toute urgence. Et ce n’est parfois que le début de la catastrophe…
Le proverbe du sage Nô-Mi
On ne cueille jamais de belles roses sans se piquer parfois…
La réponse du psy
On se prend alors à espérer qu’il ne s’agit que d’un mauvais rêve, d’un de ces cauchemars exagérément réalistes où les situations les plus inoffensives se retournent subitement contre vous et vous déclarent la guerre. Hélas, ce n’est que la triste réalité. Malchance, pépins, accrochages, tous ces maux se sont donnés le mot pour vous glisser des peaux de banane sous les pieds et ça ne fait rire personne… Il y aura bien quelques âmes compatissantes qui feront remarquer qu’il faut prendre son mal en patience et qu’une bonne dose d’optimisme nous fera voir le verre à moitié plein et non l’inverse. Facile à dire, difficile à faire, d’autant que notre maladresse a carrément vidé la carafe! Mais le bon-sens a raison: face à l’adversité, avant de baisser les bras, on peut essayer d’apprendre beaucoup en analysant les origines de nos “échecs”. On rapporte que Thomas Edison, inventeur de l’ampoule à incandescence, fit plus de mille essais avant de réussir. Un journaliste lui demanda comment il s’y était pris pour ne pas céder au découragement. Edison aurait alors répondu: “Quand on veut avancer, peu importe de trébucher ou de tomber. L’essentiel, c’est de se relever et de trouver l’obstacle qui barre notre route.”
En fait, toute expérience est profitable, qu’elle soit positive ou négative. Il faut simplement essayer de garder “la tête froide” afin d’être en mesure de comprendre ce qui est arrivé. Lorsque tout va mal et que visiblement notre jeu de cartes porte le label “made in Waterloo” il faudrait donc prendre du recul et poser une sorte de diagnostic, englobant notamment les questions suivantes :
Les contes de Nô-Mi:
Il y a fort longtemps, un humble potier du nom de Pù-Zêl façonnait les plus beaux vases et récipients d’un lointain royaume. On venait de partout pour visiter son échoppe et chacun admirait la finesse de son travail. Un jour, cependant, une terrible tornade s’abattit sur la province, emportant tout sur son passage, renversant les maisons et arrachant les toits. La poterie ne fut pas épargnée et la porcelaine fut une proie facile pour le vent déchaîné. Lorsque le calme fut revenu, le pauvre artisan constata avec effroi l’étendue du désastre et, abattu par tant de dégâts, songea que sa vie était, à l’instar de ces vases précieux, brisée en mille morceaux. Et c’est alors qu’il eût une idée, étincelle qui raviva aussitôt sa flamme d’artiste et de créateur. Rassemblant les débris, il les rangea avec minutie dans des petites boîtes en bois. Puis, il fabriqua une colle épaisse qu’il répartit dans des petits pots en terre cuite. Et le lendemain déjà, sa nouvelle invention fit le tour du monde: un passe-temps qui permettait à chacun de fabriquer son propre vase, livré en pièces…
Décidément, ce n’est pas votre jour! D’abord, vous renversez votre café sur votre nouveau pantalon crème, vous prenez la porte en plein nez au moment de sortir, vous ramassez une amende salée et oubliez un rendez-vous important…
Le proverbe du sage Nô-Mi
Le bonheur appartient à celui qui fait beaucoup de voeux et se réjouit de n’en voir exaucé qu’une partie…
La réponse du psy
La loi des séries, quoi, comme si la poisse, une fois collée au bout de votre semelle ne vous lâchait plus, heureuse d’avoir trouvé une victime idéale. Et il n’y a rien à faire: estimez-vous heureux que les pépins soient bénins car il en va des petits comme des grands: ils vous assaillent en groupe. Les statisticiens et les théoriciens qui étudient le hasard sous toutes ses formes ont d’ailleurs fait une constatation intéressante: prenez une pièce de monnaie et lancez-la en l’air. La probabilité voudrait que vous ayez une chance sur deux de tomber soit sur pile soit sur face et ce, qu’elle que soit la durée du jeu. Eh bien pas du tout: en analysant de près les résultats effectifs, on constate que la monnaie se comporte selon un rythme bien précis, alternant des séries entières de pile et des séries entières de face, selon une fréquence qui avantage plutôt l’une ou l’autre de ces tendances. L’aspect positif de la loi des séries c’est de considérer qu’il n’y a pas lieu d’être trop pessimiste lorsque nous tombons sur une suite de pannes et de pépins. Bien sûr, personne ne peut en prévoir la fin mais une chose est certaine: ce n’est qu’une mauvaise passe, et la chance reviendra. “Après la pluie, le beau temps”, nous enseigne le dicton populaire. Et vous pouvez analyser n’importe quel parcours, n’importe quelle carrière, n’importe quelle destinée: il y a toujours des hauts et des bas, plus ou moins nombreux, plus ou moins aigus ou profonds. Mais ce qui est constant et parfaitement “prévisible” c’est qu’il y aura nécessairement alternance. Aujourd’hui, ce n’était pas votre jour et vous auriez mieux fait de rester couché. Mais qui sait? Parce que vous avez eu de la malchance maintenant vous réussirez peut-être un coup de maître dans quelques instants…
Pouvez-vous m’expliquer par quel coup du sort je me trouve toujours dans la file d’attente la plus longue, que ce soit à la poste, au magasin, à la banque ou partout ailleurs où il faut patienter ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Une petite minute, dans le miroir de la hâte deviendra éternité alors que reflétée par le flegme demeurera simple instant…
La réponse du psy
Je crois que d’entrée je peux vous répondre que nous sommes tous “victimes” du même phénomène : on a en effet toujours cette impression désagréable de faire le “mauvais” choix et que les autres nous dépassent allègrement et ne perdent pas le même temps à ronger leur frein derrière une bande de clients qui semblent faire exprès d’évoluer au ralenti, un peu comme les astronautes qui ont marché sur la lune… En fait, il n’y a ni malchance, ni coup du sort, ni fatalité. Seulement un fonctionnement particulier de la pensée de l’être humain : à court-terme, notre mémoire garde plus facilement à disposition immédiate de la conscience les expériences qui nous ont particulièrement frappées, soit par leur caractère positif, soit par leur tournure négative. A long-terme, en revanche, nos souvenirs prennent une couleur plutôt sereine et nous retenons donc plus facilement le côté “idéalisé” des événements que nous avons vécus. En d’autres termes, si l’on faisait le calcul exact du temps que nous passons à attendre dans des files, nous obtiendrions une moyenne quasiment égale, d’un individu à l’autre (je ne parle bien évidemment de ceux qui respectent les règles du jeu et ne s’arrangent pas pour piquer la place de celui ou de celle qui les précède !). Seulement voilà : chaque fois que nous ne devons pas spécialement attendre, que notre tour vient rapidement, nous “classons” l’affaire qui disparaît dans les méandres de notre esprit. Mais lorsque nous tombons en plein “embouteillage” et que les secondes se transforment en minutes, nous rappelons à notre souvenir toutes “ces fois” où nous étions coincés de la même façon. Essayez de faire l’exercice pendant un mois : calculez combien de temps vous passez au total “à attendre” et vous verrez apparaître un diagramme en forme de zigzag, dont je parie que vous ne retiendrez que les pics ! Le seul conseil valable que je puisse vous donner est le suivant : gardez votre calme et prenez les choses du bon côté. Franchement, où avons-nous encore l’occasion de ne “rien” faire, si ce n’est à la poste, à la banque ou dans un magasin, en attendant notre tour ?
Ou comment un cadeau peut vider votre compte en banque…
Le proverbe du sage Nô-Mi
Que celui qui sème vite s’attende à une récolte vide…
La réponse du psy
Ca alors! Madame Duschmürz est une sacrée veinarde: dans son courrier, une lettre d’un grand commerce la congratule car elle vient de gagner un superbe bidule, sans aucune obligation d’achat. Super! Bien sûr, le truc en question n’est pas livré par la poste, il faut donc aller le chercher sur place. Et comme rien ne se décide seul dans la vie, la missive porteuse de bonheur précise: “Venez en couple, vous ne le regretterez pas.” Ni une ni deux, Madame embarque Monsieur à son retour du travail et ils partent ensemble récupérer le machin généreusement offert par le magasin. A l’évidence, ils ne sont pas les seuls à profiter de l’incroyable chance: le parking est plein comme un oeuf et dans les locaux il y a du monde. Beaucoup. Certains visiteurs portent sous le bras la chose promise, d’autres sont en grande discussion avec des vendeurs. Mazette, c’est vraiment un jour à marquer d’une pierre blanche: un gaillard en costard-cravate, le sourire collant et la poignée de main sirupeuse accueille les Duschmürz avec empressement et leur annonce fièrement que c’est la fête en ces lieux car le fabricant lui-même s’est déplacé d’une lointaine contrée dans le but de faire profiter toutes ces personnes triées sur le volet d’offres sans concurrence. Une aubaine par les temps qui courent! On va s’asseoir dans des fauteuils cossus pour discuter “affaires” et c’est avec ébahissement que les heureux gagnants de la bricole sont submergés de propositions alléchantes. Mais il y a un hic. Le mécène-qui-vient-de-loin s’en va le soir même et il faut conclure le contrat immédiatement. Mais… Pas de mais! Quand on est adulte on sait se décider sur-le-champ. Et l’argent? Détail sans importance, ridicule même: un petit-crédit vite-fait et c’est dans la poche. Un stylo pour parapher le contrat de vente et le tour est joué. Ah oui, j’oubliais: le trophée gagné. Ce n’est pas très grand mais c’est l’intention qui compte. Voilà. Et bien le bonjour chez vous. De retour dans leur voiture, les Duschmürz réalisent alors qu’ils n’avaient pas d’obligation d’acheter. Mais pressés, entortillés, emberlificotés, ficelés, ils ont craqué. Cette aventure vous semble familière? C’est ce que l’on appelle le marketing “uppercut”: direct, agressif, immédiat. On vous appâte en vous faisant gagner une babiole, on vous attire dans le repaire du loup et on vous enferre dans la combine. Vous n’avez pas ni le temps de penser, ni l’opportunité de comparer, ni même la possibilité de réfléchir à vos besoins réels. C’est sans concessions. Et gare à ceux et à celles qui osent protester, demander un délai, réclamer un catalogue: on leur fera froidement remarquer que si c’est pour faire la fine bouche, il ne fallait pas venir quémander le cadeau en odieux profiteurs. Le mécène généreux s’offusque, il est vexé par cette attitude mesquine que l’on appelle l’hésitation. Et oublie bien entendu que le client devrait être un roi plutôt qu’un bouffon. Face à ce type de situation, ne vous laissez pas embobiner. Primo, dès qu’un achat est conséquent au niveau financier, il faut impérativement s’accorder un délai de réflexion, seule façon de prendre du recul et de décider sereinement. Deuxio, même la plus mirobolante des occasions doit pouvoir attendre 24 heures au moins. Sinon c’est de l’arnaque. Ne vous précipitez jamais, même si on vous avance des arguments “convaincants”. Dans ce cas, soyez en sûrs, c’est bien vous qui serez le con… vaincu. Tertio, méfiez-vous des “super-cadeaux” sans obligation d’achat. On vous sélectionne en fonction de critères socioprofessionnels (âge, statut social, lieu d’habitation, etc…) et si c’est dans votre boîte aux lettres qu’atterrit la missive, c’est que le vendeur sait parfaitement que vous êtes un acheteur probable donc un pigeon facile à plumer. La règle d’or consiste, à mon avis, à faire valoir ses droits de client exigeant: c’est vous qui tenez le couteau par le manche et tant pis pour votre interlocuteur s’il ne vous laisse pas le temps de vous concerter et d’évaluer la pertinence de l’achat. S’il est aussi pressé de vendre sa camelote avant de prendre l’avion, qu’il reparte tranquillement d’où il est venu méditer cette maxime du sage Nô-Mi: “Que celui qui sème vite s’attende à une récolte vide…”
Depuis que nous avons acheté une villa, mon mari est complètement paniqué à l’idée que nous puissions être la cible de cambrioleurs. Comment le rassurer sans construire une clôture en béton avec alarme, chiens, policiers et miradors?
La réponse du psy
Lorsque l’on évoque les cambriolages, il est intéressant de noter le nombre d’idées reçues qui, en réalité, s’avèrent le plus souvent exceptionnelles, voire anecdotiques: on imagine des voleurs qui observent leur future “proie” durant plusieurs jours avant de passer à l’attaque, des vandales qui cassent tout pour faire main basse sur de misérables centimes dans la tirelire du cadet, des professionnels qui sortent de l’ombre… la nuit et disposent d’un arsenal digne des meilleurs James Bond. Or, statistiquement, ce type de délit montre une face bien différente: la préméditation est plutôt rare car les malfaiteurs préfèrent les “coups” faciles, décidés sur la base de quelques éléments bien visibles comme une boîte aux lettres débordante de courrier ou une villa isolée sans aucun signe de vie. Les saccages ne sont pas non plus légion: les meubles fermés à clef seront certes ouverts sans ménagement mais de là à tout démolir il y a un pas géant que le bruit que cela occasionnerait rend difficile à franchir. La nuit tous les chats sont gris et les propriétaires au lit… Durant la journée, en revanche, on déserte facilement son nid pour aller bûcher au bureau et c’est là une occasion qui attire le larron. Enfin, ce n’est pas parce que sa maison est équipée d’alarmes sophistiquées que les malandrins seront tenus à l’écart comme des moustiques gênés par un brumisateur d’insecticide. Au contraire… Bref, si la panacée n’existe pas, quelques aménagements pourraient aider votre mari à se détendre: en cas d’absence prolongée demandez à un voisin (de confiance…) de relever votre courrier, achetez des minuteries qui allument à tour de rôle les lumières de votre maison, équipez la porte d’entrée de solides verrous, laissez des “signes” qui donnent l’impression que vous habitez les lieux (radio enclenchée, chaussures devant la porte, volets pas systématiquement clos, etc…) et protégez les “accès” faciles avec des vitres de sécurité ou des grilles idoines: typiquement, il n’est pas très judicieux de faire construire une porte d’entrée blindée si le porte-fenêtre de la terrasse ne demande qu’à être brisé ou si le garage ne possède qu’une serrure sommaire… Ne fermez pas vos meubles à clef mais trouvez des caches astucieuses pour vos objets de valeur: les Arsène Lupin de l’an 2000 sont des gens pressés et s’ils connaissent parfaitement leurs “classiques” (dessous de lit, penderies, etc…) ils seront décontenancés par votre imagination. Enfin, n’oubliez pas de signaler à la police toute anomalie que vous-même remarqueriez dans votre voisinage: une déménageuse en face de chez vous alors que les propriétaires sont aux Canaries n’augure rien de bon. A charge de revanche, ensuite…
Dans tout ce que l’on fait, il y a nécessairement une part de notre “personnalité” qui s’affirme et se projette aux yeux de notre entourage. Cependant, notre culture et notre éducation nous ont appris, dans de nombreuses situations de la vie quotidienne, à arrondir les angles et à dresser de savants paravents devant certains aspects de son caractère et de son tempérament qui pourraient heurter autrui.
La réponse du psy
Ainsi, dans beaucoup de nos comportements, nous adoptons une attitude “adaptée” aux circonstances qui ne reflète pas totalement ce que nous sommes et constitue un compromis entre qualités propres et induites. Le colérique s’astreindra à ne pas faire trop scandale, l’émotif retiendra ses torrents de larmes, le timide sortira un peu de sa coquille, etc… Il y a cependant des endroits où ces barrières tombent presque complètement, des espaces privilégiés qui n’appartiennent qu’à nous et où l’on ne s’embarrasse d’aucun fard pour s’exprimer pleinement: ce sont des “bulles” de liberté dont la nature diffère sensiblement d’une personne à l’autre, en fonction des goûts, des affinités et des possibilités “matérielles”. Trois domaines se taillent cependant la part du lion et offrent le plus grand dénominateur commun: le logis (appartement, maison, caravane,…), la voiture et l’habillement. Bien sûr, il y a des exceptions: on ne tiendra pas compte d’un logement de fonction, d’une automobile d’entreprise ou d’un costume de travail, pour la simple et bonne raison qu’il n’y a pas de véritable choix dans ces cas. Condition sine qua non à l’émergence de la touche “personnelle”, c’est bien entendu le libre arbitre. D’ailleurs il n’est pas rare que l’on use d’une combinaison des trois aspects à la fois, sans qu’il y ait nécessairement convergence et logique absolue entre eux. Tous les styles sont envisageables, dans la mesure où l’on a tendance à “cristalliser” et à focaliser son originalité et son “essence” profonde sur différents pôles d’intérêts. Il va sans dire que ces territoires constituent des propriétés particulièrement bien défendues, dont les frontières et les limites sont toujours délicates à négocier lorsqu’il faut s’accorder et s’entendre sur d’éventuels aménagements, notamment au sein d’un couple. Cette cellule de liberté est vitale pour l’équilibre psychique et indispensable pour sa survie en tant qu’individu. Si nous étions condamnés à être tous pareils et à vivre de façon uniforme, nous perdrions en effet rapidement cette cohérence intérieure qui nous permet de nous situer par rapport aux autres et à affirmer une volonté qui fait la juste part entre les intérêts personnels et collectifs…
Agé de 25 ans, je souffre d’un petit problème : je n’ose pas me mettre en costume de bain, à la plage ou à la piscine, de peur qu’on se moque de moi, car je ne corresponds pas au “canon de beauté” masculine. S’agit-il d’un excès de pudibonderie de ma part et que me conseillez-vous ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
La beauté ne se mesure pas seulement à la qualité de l’écrin mais aussi à la valeur de ce qu’il contient…
La réponse du psy
Qui ne s’est jamais senti mal à l’aise en sortant la première fois prendre un bain de soleil ? On a l’impression que tout le monde a les yeux braqués sur notre peau laiteuse, sur nos muscles relâchés et on donnerait cher pour avoir l’espace de quelques minutes l’apparence d’un Arnold Schwarzenegger, à défaut d’être l’homme invisible…
En premier lieu, je vous conseillerais de chasser de votre esprit cette sensation d’être observé. La foule est anonyme et chacun se sent suffisamment préoccupé par lui-même pour ne pas avoir envie de prêter durablement son temps et ses regards à autrui. Jetez un oeil autour de vous, à la plage : il y a tellement de monde qu’on ne saurait distinguer les différences des uns et des autres. Aller se baigner, ce n’est pas participer à un défilé de mannequin ! Par ailleurs, vous pouvez facilement vous “préparer” à affronter la belle saison : faites quelques séances de solarium, entraînez votre corps dans un salon de fitness et apprenez à apprécier votre image.
Chaque année c’est la même chose : en vacances, sur un court de tennis, par exemple, ou au volley-ball je me sens affreusement mal à l’aise parce que j’ai l’impression d’être vraiment moins fort que mes partenaires. J’évite donc de jouer, de peur de me ridiculiser et de montrer que je suis débutant, et je reste assis à ronger mon frein… Comment corriger ce défaut ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Avant de présenter tes roses à ton voisin, apprends à les cultiver derrière une palissade…
La réponse du psy
Votre préoccupation est beaucoup plus répandue que vous ne le croyez : chacun, à tout moment de sa vie, est confronté aux difficultés du débutant qui ne maîtrise pas encore les gestes et les savoir-faire d’une nouvelle activité. Or, dans ces cas, on a toujours l’impression désagréable de sombrer dans le ridicule et de devenir la cible de mille regards moqueurs ou méprisants. Ce sentiment est d’ailleurs très précoce : les enfants sont déjà très sensibles à cette image de “réussite” et n’aiment pas qu’on les observe lorsqu’ils risquent de se tromper. Mais, finalement, avec la quantité de choses que nous avons apprises, comment avons-nous surmonté la “honte” des premiers pas ? D’une part, nous avons souvent bénéficié d’un cadre relativement anonyme (un groupe, par exemple, qui a progressé à notre rythme), d’autre part l’entraînement a rapidement contribué à corriger les hésitations du début, enfin, nous avons pu faire des répétitions à l’abri des regards. Je retiendrais donc de cette brève énumération quelques conseils très généraux qui vous aideront à surmonter votre problème : d’abord, lorsque vous abordez quelque chose de nouveau, veillez soit à être entouré de personnes qui, comme vous, tentent leurs premiers essais, soit à bénéficier d’une formation individuelle ou en groupe restreint, ce qui vous permet d’assimiler les bases sans vous frotter à la concurrence ou au jugement de personnes nettement plus avancées que vous. Ensuite, ne surestimez jamais vos propres capacités, et ne sous-estimez pas l’effort à produire. Souvent, en effet, nous avons l’impression qu’une activité est fort simple alors qu’elle réclame des heures de patience et d’exercices ! Enfin, dans la mesure du possible, répétez autant de fois les gestes à faire dans le calme de votre appartement ou dans un endroit ou rien ni personne ne vous dérange. Et si, en vacances, on vous propose un sport ou un exercice nouveau, ne suivez pas les yeux fermés ceux qui ont de l’expérience mais trouvez d’autres débutants avec lesquels vous aurez le temps d’apprendre. Le sentiment de ridicule vient d’un jugement que notre conscience nous dicte à voix basse : nous nous rendons alors compte que nous ne sommes pas “à la hauteur”. Dans ce cas, prenons le temps d’apprivoiser la difficulté, avant de montrer aux autres que nous aussi, nous sommes capables du meilleur.
Depuis plusieurs années, je souffre d’un sentiment de très profond ennui durant le week-end.J’ai plein d’envies mais je ne me sens pas d’attaque et passée la grasse matinée et la sieste de midi, le reste de la journée me semble morne et triste. Que me conseillez-vous ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
L’être humain est comme une horloge: si tu ounlies de la remonter, un jour elle s’arrête!
La réponse du psy
Beaucoup de gens souffrent de cette sorte de “syndrome du week-end”. Notre rythme de vie s’imprègne fortement du stress de la semaine, avec son cortège d’impératifs et d’obligations. Notre corps adapte son “rythme biologique” à nos horaires serrés et même si nous nous sentons fatigués, nous ne pouvons pas nous arrêter. Lorsqu’arrive le week-end, nous pouvons enfin soufler et, dans notre esprit, nous imaginons toute cette liberté que nous allons pouvoir modeler au gré de notre fantaisie. Mais c’est sans compter l’état de nos “batteries” qui ont besoin de se recharger et sont incapables de nous fournir toute l’énergie dont nous aurions alors besoin. Cette situation nous met dans un état de frustration : enfin libres de nos mouvements, nous n’avons pas la disponibilité pour en profiter… En fait, le week-end nécessite une certaine préparation, pendant la semaine déjà. Etablissez donc à l’avance et par écrit une liste des choses que vous aimeriez faire et notez brièvement comment les réaliser (partir en train, en voiture, à pied, quand, comment, où, etc…). En fonction de ce “programme” essayez, autant que possible, de vous ménager durant la semaine. Réservez le vendredi soir et couchez-vous de bonheur, de sorte à récupérer au maximum pour le lendemain. L’erreur c’est de croire que nous allons pouvoir “improviser” en l’absence de contraintes horaires externes. Mais seul une bonne planification vous ouvrira réellement les portes de la liberté, l’espace d’un week-end fructuex, diversifié et… reposant.
Depuis plusieurs années, je souffre d’un sentiment de très profond ennui durant le week-end.J’ai plein d’envies mais je ne me sens pas d’attaque et passée la grasse matinée et la sieste de midi, le reste de la journée me semble morne et triste. Que me conseillez-vous ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
L’être humain est comme une horloge: si tu ounlies de la remonter, un jour elle s’arrête!
La réponse du psy
Beaucoup de gens souffrent de cette sorte de “syndrome du week-end”. Notre rythme de vie s’imprègne fortement du stress de la semaine, avec son cortège d’impératifs et d’obligations. Notre corps adapte son “rythme biologique” à nos horaires serrés et même si nous nous sentons fatigués, nous ne pouvons pas nous arrêter. Lorsqu’arrive le week-end, nous pouvons enfin soufler et, dans notre esprit, nous imaginons toute cette liberté que nous allons pouvoir modeler au gré de notre fantaisie. Mais c’est sans compter l’état de nos “batteries” qui ont besoin de se recharger et sont incapables de nous fournir toute l’énergie dont nous aurions alors besoin. Cette situation nous met dans un état de frustration : enfin libres de nos mouvements, nous n’avons pas la disponibilité pour en profiter… En fait, le week-end nécessite une certaine préparation, pendant la semaine déjà. Etablissez donc à l’avance et par écrit une liste des choses que vous aimeriez faire et notez brièvement comment les réaliser (partir en train, en voiture, à pied, quand, comment, où, etc…). En fonction de ce “programme” essayez, autant que possible, de vous ménager durant la semaine. Réservez le vendredi soir et couchez-vous de bonheur, de sorte à récupérer au maximum pour le lendemain. L’erreur c’est de croire que nous allons pouvoir “improviser” en l’absence de contraintes horaires externes. Mais seul une bonne planification vous ouvrira réellement les portes de la liberté, l’espace d’un week-end fructuex, diversifié et… reposant.
Je suis gros, pas beau et seul. Énoncé comme ça, on en rit mais c’est une souffrance de tous les jours. Je voudrais plaire aux femmes et posséder ce truc magique qui fait la différence entre une lopette timide et un séducteur. Quels conseils pouvez-vous me donner ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Plante tes graines dans un jardin sans âme et tu obtiendras des roses sans coeur…
La réponse du psy
Le Sage Nô-Mi vous aurait répondu : “Plantes tes graines dans un jardin sans âme et tu obtiendras des roses sans coeur…” Mais il vous aurait également rappelé à l’ordre : “N’accuse pas ton champ d’être aride si tu ne l’as pas labouré ! Exploite d’abord ce que la nature t’a donné, c’est alors qu’elle fera de toi un homme comblé…” Les séducteurs multiplient les aventures sans lendemain et leur triste palmarès ressemble aux trophées d’un pêcheur qui n’aime pas le poisson. Le Don Juan a besoin de se rassurer. Il erre de conquête à conquête sans trouver dans le reflet des yeux des femmes dont le coeur chavire cette image qu’il cherche, celle de l’homme capable d’assumer pleinement un rôle d’adulte impliquant la prise de responsabilités professionnelles et familiales. Vous voulez connaître la différence entre une lopette timide et un séducteur ? C’est la même qu’entre un affamé qui n’ose entamer un morceau de pain et un boulimique qui ne sait comment s’arrêter. Les deux passent à côté de l’essentiel : ce qui fait le charme de l’existence, c’est le plaisir de se balader sur le chemin de son destin et de se laisser surprendre par la richesse des expériences que l’on peut faire, à condition de savoir modérer son appétit et d’accepter ses limites autant que celles des autres. Ce qui fait le charme de chacun, c’est précisément qu’il est unique. Quel que soit son physique ou son caractère, toute personne possède en elle des atouts qui lui permettent d’être aimée par autrui. Mais pour en jouer, il faut savoir se risquer et se forcer à sortir de sa solitude : multipliez les activités en groupe, faites-vous des amis et des amies, élargissez votre cercle de connaissances et vous serez surpris de constater à quel point votre intérêt porté aux autres sera payé en retour. Le monde est plein de coeurs qui ne demandent qu’à être cueillis. Pas par un séducteur, ni par une lopette timide. Mais par un être adulte qui sait se mettre en valeur en s’ouvrant à autrui.
Agée de 23 ans, je suis étudiante à l’Université où j’aime rencontrer des gens et nouer de nouvelles relations. Bien malgré moi, un bon copain a mal interprété mon attitude et croit que je suis amoureuse de lui. Depuis, il me poursuit de ses assiduités, me couvre de cadeaux et me fait comprendre que je suis la “femme de sa vie”. Comment corriger le tir, sans le blesser inutilement ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
L’amour est l’un des plus grands défis de la vie car être aimé c’est ouvrir son coeur, ce qui rend vulnérable…
La réponse du psy
Il n’est pas rare que l’on confonde l’amitié et l’amour car entre ces deux sentiments délicats existe un “flou” qui laisse place à bien des interprétations. Par ailleurs, les hommes ont souvent une autre conception de l’amour et de l’amitié que les femmes : ainsi, pour différentes raisons essentiellement culturelles, il semble qu’il leur soit plus difficile d’accepter une simple amitié lorsque le sentiment qui les porte vers leur amie devient plus intense et aspire à une relation plus complète, tant sur le plan physique que psychique. Il y a là un dilemme important, car une fois qu’on a franchi cette barrière symbolique, le retour en arrière est difficile, voire impossible. L’homme - ou la femme - doit admettre que son attachement ne va pas trouver d’écho et c’est vivre un déchirement du coeur comparable à une véritable rupture. Aussi, quelle que soit l’attitude que vous adopterez, vous ne pourrez pas éviter de blesser votre copain. Mais faites-le sans tarder, avant que les feux de l’amour n’aient complètement occulté la réalité, ouvrant la porte aux illusions les plus folles ! Parlez en toute franchise de ce problème avec lui et évitez de le blâmer ou de le rejeter s’il se montre agressif : pour cacher un violent accès de chagrin, la colère ou le mépris constituent des réactions de protection idéales. Quoi qu’il vous dise, pourtant, n’oubliez pas qu’il y a derrière beaucoup d’amour auquel vous ne pouvez et ne voulez pas répondre…
Au mois de juin, je suis tombée amoureuse d’un homme, au Maroc, et nous avons envie de vivre ensemble. Mais mon entourage se montre très méfiant à son égard et me plonge dans le doute : est-ce que cet amour est vraiment impossible parce que notre culture et notre religion sont différentes ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
L’amour est comme un bel oiseau : s’il te séduit lorsqu’il déploie ses ailes, attends et regarde-le voler…
La réponse du psy
Le sage Nô-Mi vous aurait sans doute répondu : “Ce n’est qu’au moment de la récolte que tu peux juger de la fertilité de ton champ…” En d’autres termes, il est encore bien tôt pour tirer des conclusions quant à la viabilité de cette relation. Vous êtes aujourd’hui bercée par l’un des sentiments les plus puissants qui soient : ce n’est pas chaque jour que l’on a l’occasion de vivre une belle histoire d’amour. Il y a un peu plus de deux mois, votre destin a basculé et vous avez ouvert votre coeur à un bel inconnu… Naturellement, vous anticipez déjà votre avenir commun et vous songez au mariage et aux hypothétiques incompatibilités culturelles et religieuses. Le meilleur conseil que je puisse vous donner c’est de vivre intensément le moment présent sans vous projeter dans le futur : préservez-le de toutes considérations qui chambouleraient votre vie entière (départ à l’étranger, enfants, etc…). Le temps et la jeunesse sont deux alliés de taille et vous pouvez entièrement compter sur eux : commencez à construire votre relation en savourant chaque instant que vous passez en compagnie de cet homme dont vous êtes amoureuse. Apprenez à le connaître davantage, à découvrir ses multiples facettes, ses qualités mais également ses défauts et restez ouverte à toutes les éventualités. L’amour me fait un peu penser à une magnifique fleur que l’on découvre dans un magasin : parfois elle se fane très vite, parfois elle déploie son éclat plusieurs jours après qu’on l’ait achetée, sans qu’il soit vraiment possible d’en décider au moment où on la choisit. Faites abstraction de la méfiance et des commentaires déplaisants de votre entourage en retenant cependant que vous pouvez légitimement être aveuglée par cet amour à condition toutefois d’assurer vos arrières sans tout miser sur une grande aventure qui pourrait, néanmoins, vous conduire en plein désert…
Je sors avec une femme depuis quelques mois. Je l’aime beaucoup mais c’est avant tout physique. Je ne me vois pas du tout faire ma vie avec elle ! Mais elle parle de mariage et d’enfants. Je voudrais garder cette relation sensuelle mais pas avoir à m’engager. Que faire ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
C’est toujours celui qui provoque la tempête qui chavire le premier…
La réponse du psy
Situation délicate : vous voulez bien monter dans un train mais vous estimez superflu qu’il quitte la gare… Il n’est pas rare qu’un couple tisse des liens fort différents entre elle et lui : de son côté, c’est une amante de coeur, de l’autre il n’est qu’un amant de corps. Il faut être deux pour construire une relation. Peu importe le nom qu’on lui donne et le langage que l’on utilise, une chose est néanmoins essentielle : les objectifs doivent être similaires. Dès l’instant où ceux-ci commencent à diverger, l’édifice tremble car un rapport de force s’instaure et aucun lien ne résiste longtemps à ce type de tension. A mon avis, vous ne pouvez pas demander à votre amie de se cantonner dans le rôle d’une femme “de passage” avec laquelle vous voulez bien partager un lit, sans l’inconvénient d’en changer les draps… Son attitude est légitime : on ne donne pas on corps sans y associer son coeur, à moins d’être passablement égocentrique. Après la passion des premiers mois, après le feu charnel dévorant qui accompagne la découverte de l’autre, l’amour évolue invariablement vers un équilibre où cohabitent physique et psychique. En d’autres termes, soit vous acceptez de consolider cette liaison en souscrivant à l’idée de poursuivre votre route en sa compagnie, soit vous admettez qu’après le bon temps que vous avez vécu jusqu’à présent, le moment est venu de se séparer et de mettre les voiles vers de nouveaux horizons. Vous n’éviterez pas ce choix, à moins que vous soyez de ceux qui croient qu’on peut récolter le blé sans labourer son champ… Réfléchissez bien avant de vous décider mais faites-le sans tarder. Si votre compagne actuelle vous parle de mariage et d’enfants, c’est qu’elle tient à vous. Si ce n’est pas réciproque, songez à la souffrance que vous allez engendrer chez elle.
’autre soir, j’étais à un concert de rock. J’ai échangé un regard avec une jeune fille, juste à côté de moi. J’ai complètement flashé et, depuis, je ne pense qu’à elle. J’essaie de la retrouver et je me demande comment un tel coup de foudre est possible. N’est-ce pas le signe que c’est elle la femme de ma vie ?”
Le proverbe du sage Nô-Mi
L’amour ressemble aux roses d’un jardin : il y a celles qui éclatent soudain d’une beauté extraordinaire mais qui faneront avant le crépuscule et puis il y a celles qui fleurissent plus lentement et modestement mais qui passeront allègrement le cap de l’aube…
La réponse du psy
Le coup de foudre amoureux constitue un phénomène assez mystérieux. Cependant, si on prend la peine de l’analyser avec une bonne dose de bon-sens, on constatera qu’il se présente presque toujours sous de semblables auspices :
Je suis très sensible et j’ai de la peine à exprimer mes émotions “vraies” que je cache derrière un décor qui me pèse de plus en plus. Comment pourrais-je montrer ce que je ressens, sans être à la merci des autres ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
A quoi te sert le plus beau sourire, si tu le caches derrière une grimace?
La réponse du psy
Exprimer ce que l’on ressent au niveau de ses émotions constitue un besoin fondamental de l’être humain sur le plan de la communication. Notre culture a cependant tendance à nous apprendre à réprimer et à étouffer ces “bouffées” de larmes ou de joie qui ne manquent pas de nous submerger chaque jour.
Nous refusons d’exprimer nos émotions par peur de “perdre le contrôle”, d’être rejeté par autrai ou de subir ses moqueries. Je vous proposerais d’abord d’apprendre (ou de réapprendre) à reconnaître ce que vous ressentez et d’exprimer directement ces sentiments, au moment où ils se présentent.
Evitez de vous replier, de ruminer, d’étouffer cette envie de vous extérioriser. Ensuite, au lieu de nier, ou d’atténuer vos émotions, essayez de les partager avec les autres, en gardant les convenances mais sans vous limiter au point de ne plus rien manifester.
Enfin, exprimez avant tout ce qui est positif et trouvez des exutoires neutres à vos sentiments de colère ou d’agressivité. Imitez le lion et rugissez au sommet d’une montage lorsque la vie vous pèse comme la lave à l’intérieur d’un volcan.
Je ne suis jamais contente de moi, de ce que je fais, de ce que j’accomplis, que ce soit dans ma vie privée ou professionnelle. Comment apprendre à m’estimer moi-même?
Le proverbe du sage Nô-Mi
N’attends pas un sourire de ton miroir si tu le regardes avec des larmes…
La réponse du psy
L’un des plus grands défis qui nous soit posés dans notre vie, c’est d’accepter nos propres limites et celles des autres. Certains s’en accommodent heureusement fort bien et se trouvent de multiples qualités, au point de se prendre pour le nombril du monde. D’autres, comme vous, souffrent exactement du contraire: leur miroir renvoie une image critique et acerbe, où se profilent toujours de multiples imperfections faites de doutes, de reproches et de désapprobation. L’entourage de ces personnes a beau souligner les réussites, les qualités, les capacités, les chances, rien n’y fait: s’aimer soi-même est parfois bien plus difficile qu’aimer les autres.
De multiples facteurs provoquent, à la longue, de telles situations: l’enfance est en général marquée par la désapprobation récurrente des parents qui, parfois sans le vouloir, reprochent à leur bébé de ne pas être ce qu’ils auraient voulu qu’il soit. Puis il y a l’école et sa concurrence impitoyable, le regard des autres, la comparaison des performances et, toujours, en arrière-fond cette impression de ne pas répondre aux attentes du monde “adulte”. Subsiste alors une petite voix intérieure qui ne manque jamais de rappeler que notre seule qualité c’est de reconnaître lucidement n’avoir que des défauts… Et on aura beau s’attaquer aux plus beaux défis, cette idée demeurera entière tant qu’on n’aura pas eu le courage de la refuser et de lui tordre le cou. Mais comment?
Nos conseils:
-Faire confiance à ceux et à celles que l’on aime et que l’on porte dans son coeur. Si les autres trouvent le moyen de nous aimer, c’est que nous le méritons et il n’y a aucune raison de se priver d’amour-propre.
-Regarder la réalité en face et comptabiliser autant les succès que les échecs. A toujours voir le revers de la médaille, on oublie d’en considérer la valeur!
-Essayer de retrouver dans sa mémoire ces lointains souvenirs qui ternissent notre reflet et déforment notre image. L’aide d’un spécialiste (un psychothérapeute) est parfois nécessaire pour entrer dans ce monde passé et redessiner un portrait bien plus fidèle de notre vraie nature.
Je suis jeune, pas trop mal dans ma peau et je pense être de compagnie agréable. Pourtant, en société, je joue toujours le rôle de “potiche”. Je n’ose pas prendre la parole et je reste dans mon coin, sans oser faire le premier pas. Que pouvez-vous me conseiller ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Il n’est pire solitude que celle d’un être qui ne parvient pas à reconnaître sa propre valeur…
La réponse du psy
Dans l’affirmation de soi, deux premices sont à même de définir ce que l’on pourrait appeler une affirmation de soi positive et fructueuse :
J’ai la trentaine, un bon niveau intellectuel et je ne crois pas souffrir de la maladie de persécution. Pourtant, depuis de longues années, on ne cesse pas de me marcher dessus, ce qui m’empêche d’exister et de me sentir reconnu. Que faire ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Ce n’est pas en t’effaçant que tu donneras la meilleure image de toi-même…
La réponse du psy
Quotidiennement, nous rencontrons des situations que l’on appelle “conflictuelles” : les intérêts divergent et une sorte de bras de fer s’engage. Dans ces moments, indépendamment de notre façon de réagir (il y les calmes, les pondérés… et les colériques) nous devons placer et faire valoir nos “limites” face à notre interlocuteur, en d’autres termes, indiquer clairement notre position et fixer les marges du compromis. Lorsqu’une personne “s’écrase”, c’est qu’elle perd tout contrôle de ce territoire symbolique que l’autre investit alors allègrement.
Concrètement, pour éviter ce problème, vous devez impérativement :
Je suis très sensible et j’ai de la peine à exprimer mes émotions vraies que je cache derrière un décor qui me pèse de plus en plus. Comment pourrais-je montrer ce que je ressens, sans être à la merci des autres?
Le proverbe du sage Nô-Mi
A quoi te sert le plus beau sourire, si tu le caches derrière une grimace?
La réponse du psy
Exprimer ce que l’on ressent au niveau de ses émotions constitue un besoin fondamental de l’être humain tant sur le plan psychique que sur le plan de la communication. Effectivement, d’une part nous sommes largement perçus par notre entourage en fonction de nos réactions qui, elles, sont presque toujours empreintes d’émotions, d’autre part, nous sommes comparables à une marmite à vapeur qui doit, pour ne pas exploser sous l’effet de la pression disposer de soupapes, en l’occurrence de ces choses que nous avons besoin d’exprimer. Notre culture a cependant tendance à nous apprendre à réprimer et à étouffer ces “bouffées” de larmes ou de joie qui ne manquent pas de nous submerger au détour de nombreuses situations professionnelles et personnelles. Nous refusons d’exprimer nos émotions par peur de perdre le contrôle, d’être rejeté par autrui ou de subir ses moqueries. Je vous proposerais d’abord d’apprendre (ou de réapprendre) à reconnaître ce que vous ressentez et d’exprimer directement ces sentiments, au moment où ils se présentent. Évitez de vous replier, de ruminer, d’étouffer cette envie de vous extérioriser. Ensuite, au lieu de nier, ou d’atténuer vos émotions, essayez de les partager avec les autres, en gardant les convenances mais sans vous limiter au point de ne plus rien manifester. Enfin, exprimez avant tout ce qui est positif et trouvez des exutoires neutres à vos sentiments de colère ou d’agressivité. Imitez le lion et rugissez au sommet d’une montagne lorsque la vie vous pèse comme de la lave en fusion à l’intérieur d’un volcan.
e peins depuis plusieurs années des portraits, des paysages et des natures mortes mais au lieu d’être exposées au regard des autres, mes toiles s’entassent dans le galetas. En effet, malgré de nombreuses tentatives, aucun propriétaire de galeries ne m’a proposé de monter une exposition car, disent-ils, je suis un honnête peintre du dimanche, sans plus. Que faire pour trouver le génie qui me manque ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Le génie est exceptionnel car il parachève un défi si extrême que rares sont ceux qui osent le relever…
La réponse du psy
Le génie, c’est 90 % de sueur et 10 % d’inspiration… Quel que soit l’artiste auquel on fasse référence (Mozart, Bach, Beethoven, Williams, Rembrandt, Hodler, Picasso, etc…), son oeuvre est indissociable d’un gigantesque travail qui, à force de tentatives maintes fois renouvelées, a connu cet aboutissement que l’on appelle “chef-d’oeuvre”. L’image caricaturale du “génie” qui, d’un coup de baguette transforme un rocher en statue admirable, une toile blanche en tableau de maître ou une portée en symphonie fantastique n’existe pas dans la réalité où l’artiste doit sans cesse remettre son ouvrage sur le métier et faire face aux critiques qui le poussent à explorer et à expérimenter un nombre croissant de facettes de son art. Le meilleur conseil que je puisse vous donner tient en un mot : “Persévérez !”. Envers et contre tout, peignez sans relâche, acceptez les suggestions, perfectionnez vos traits, affinez les couleurs, améliorez la mise en forme et ne soyez jamais satisfait au point de vous croire arrivé “au sommet”, car en art, finir est synonyme de recommencer… Le génie, c’est çà. Une recette où prime une remise en question perpétuelle et une obstination que rien n’arrête.
J’ai toujours cru que “la chance sourit aux intrépides”. Dans mon cas, cet adage ne se vérifie vraiment pas : j’accumule échecs et déceptions sur tous les fronts. Mes affaires vont de plus en plus mal… En un mot, je coule ! Avez-vous quelques conseils à me donner ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
On ne cueille pas des roses sans se piquer parfois…
La réponse du psy
On rapporte que Thomas Edison, inventeur de l’ampoule à incandescence fit plus de mille essais avant de réussir. Un journaliste lui demanda comment il s’y était pris pour ne pas céder au découragement. Edison aurait alors répondu : “Quand on veut avancer, peu importe de tomber. L’essentiel, c’est de se relever et de chercher pourquoi on a trébuché…
En fait, toute expérience peut nous apprendre quelque chose, qu’elle soit positive ou négative. Il faut simplement essayer de garder “la tête froide” afin d’être en mesure d’analyser ce qui s’est produit. Je vous conseille donc de prendre du recul face à votre situation actuelle et de poser une sorte de diagnostic, englobant notamment les questions suivantes :
J’ai bien peur de rater ma vie… Lorsque je compare ce que je fais avec mes idéaux, je prends peur: comment être heureux quand on est à cent lieues de ce qu’on voudrait? Faudrait-il tout plaquer pour être enfin en accord avec soi-même?
Le proverbe du sage Nô-Mi
C’est bien parce que tu ne peux pas enfermer le soleil dans une cage que tu es si heureux de le voir réapparaître chaque jour…
La réponse du psy
Le bonheur… Imaginez qu’un druide, disciple attentif de Panoramix, ait inventé une potion magique à même de transformer toute vie en un fleuve de jouissance et que vous en redécouvriez aujourd’hui même la recette, gravée sur un vieux chaudron vendu cent sous au marché aux puces. Vous en prendriez une petite goutte et, hop!, votre miroir refléterait une personne épanouie, en accord avec ses désirs les plus secrets. Un tapis rouge se déroulerait sous vos pas les plus audacieux et rien, plus rien, ne vous résisterait. Votre grisaille quotidienne prendrait les allures d’un parterre de fleurs multicolores et toutes vos activités s’apparenteraient à un conte de fées. Plus de soucis, finies les tracasseries, terminées les envies inassouvies… De la joie à revendre, et un épanouissement total, extrême. Les années passeraient en coup de vent. Et, un jour, la mort frapperait à votre porte. Avant de partir, vous feriez un bref bilan de tout ce que vous avez vécu et vous devriez répondre à une question, essentielle: tout cela valait-il la peine? Bien sûr, répondriez-vous sans hésiter. Mais un doute surviendrait immanquablement: quelle valeur peut-on accorder aux choses qui nous ont été données sans effort, sans attente, sans espoir et sans objectif? Et vous vous rendriez compte qu’en ayant absolument tout, vous avez passé à côté de l’essentiel, le contraste qui donne à toute chose sa forme et son relief…
Presque tout le monde passe du temps à se projeter dans des “avenirs” imaginaires: si j’étais riche, si j’avais ci et ça, si je gagnais à la loterie. Et il est bien souvent difficile d’admettre que la vie n’a rien d’un feu d’artifice permanent et que c’est à nous d’y mettre des touches discrètes de couleurs. Les personnes qui possèdent tout, le pouvoir, la richesse, la gloire et tout ce que l’on peut inventer de beau et de bien ne supportent pas cet excès et finissent par en faire une indigestion, au même titre que si nous apprécions un plat délicieusement parfumé aux morilles, nos papilles gustatives et notre estomac se révolteraient à coup sûr s’il fallait en avaler deux kilos d’un seul coup… On a souvent l’impression que l’on a “raté” sa vocation, tout comme les fruits de l’arbre du voisin nous paraissent plus gros, plus mûrs et plus sucrés. En réalité, c’est ce que nous n’avons pas qui nous fait saliver. Un médecin rêvera de faire une carrière d’acteur. Et l’acteur regrettera d’avoir abandonné ses études de médecine. Le décalage est constant. Tel couple se divorce avec fracas car l’un des deux partenaires a trouvé son “âme soeur”. Cris, pleurs et grincements de dents. Mais alors que la relation extra-conjugale avait la saveur et le piment de la différence, la routine a tôt fait d’effacer ce relief si charmant et d’ouvrir les yeux aux tourtereaux: derrière l’idéal, on trouve le banal. Fatalement le carrosse se transforme en citrouille: les rêves sont comme les reflets de la lune dans l’eau. On peut les regarder tant qu’on veut mais essayez de vous les approprier et c’est la noyade.
On pourrait croire ce discours pessimiste. Bien au contraire: le bonheur est bien moins loin qu’il n’y paraît. Il est même à portée de main: au lieu de chercher constamment “ailleurs” apprenons à apprécier ce que nous avons et vivons. Celui ou celle qui sait capter les bons moments de tous les jours et qui comprend que c’est à petites doses qu’on les ressent le plus intensément a tout pour faire de la routine en apparence grise et terne un arrangement pétillant et gai. Dans tous les cas, cette idée que l’on est sur une fausse piste est un leurre, un mirage: changez de pré, vous aurez quand même l’impression que l’herbe est plus verte ailleurs. Parce que ce qui nous fait avancer c’est précisément cette perpétuelle insatisfaction qui nous pousse à contourner les obstacles, à franchir les montagnes. Comparez le plaisir de touristes qui ont gravi à la force de leurs mollets un pic enneigé avec celui de plaisanciers qui s’y sont fait héliporter et vous saisirez que c’est ce que nous avons dû conquérir qui possède une vraie valeur et qui procure un vrai bonheur…
Depuis quelques mois, je cumule les catastrophes domestiques : je ne rate pas une occasion de me brûler, de me couper, de glisser, d’érafler la carrosserie de ma voiture… En un mot, je suis poursuivie par la poisse et je me demande pourquoi. Qu’en pensez-vous ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
N’oublie jamais que c’est avec une petite graine que tu obtiens l’abondance…
La réponse du psy
On dit souvent qu’on est toujours partiellement responsable de ce qui nous arrive. Les accidents domestiques qui nous taquinent quotidiennement sont inévitables mais lorsqu’ils prennent une certaine ampleur et deviennent réguliers, on peut légitimement se demander s’il n’y a pas, dans notre comportement, quelque chose qui “attire” ce type de problèmes. On reconnaît facilement qu’une vie chargée, pleine de stress et source d’angoisses difficiles à gérer est en mesure d’entraver sérieusement notre santé : ulcères, migraines, fatigue chronique… tout ce que l’on range sous la rubrique “psychosomatique”. Par ailleurs, lorsque nous soumettons notre organisme à rude épreuve, notre système de défense contre les attaques bactériennes et virales perd de son efficacité. Certains psychiatres font donc l’hypothèse que notre psychisme pourrait également être affecté par notre train de vie. Bousculés par des horaires trop lourds, pressés par les délais et le rendement, nous faisons tous l’expérience plus ou moins consciente d’une sensation de “trop-plein”. La série de mini-catastrophes que vous décrivez constitue peut-être un signe que, submergée par les contraintes auxquelles vous devez faire face, vous ne prêtez plus suffisamment attention aux activités banales de la vie quotidienne. Vous marchez trop vite, sans regarder où vous mettez les pieds et vous glissez. Vos gestes sont trop brusques et vous vous brûlez en cuisinant, vous vous coupez en jardinant, etc… En d’autres termes, vous avez la tête ailleurs et si vous rayez le carrosserie de votre voiture, c’est que le “pilote automatique” que vous avez enclenché ne remplace pas votre vigilance habituelle. Je vous conseille donc de vous efforcer de concentrer toute votre attention aux activités que vous faites dans l’instant en leur accordant une importance égale, que ce soit pour passer l’aspirateur ou présenter un projet d’envergure. Certes, les implications ne sont pas les mêmes, en surface, du moins. Car si l’on y regarde de plus près, on se rend compte qu’un accident grave peut avoir des conséquences infiniment plus lourdes qu’un léger bafouillage… Je ne veux pas dire par là que tout est équivalent, mais chacune de nos activités nécessite concentration et disponibilité. Je ne crois pas à la fatalité même si certaines fois, la loi des séries nous glisse plusieurs fois la même peau de banane sous les pieds. Se consacrer relativement intensément à tout ce que l’on fait évite cependant bien des bobos qui, par chance, portent rarement la couleur tragique du drame.
Quand je rencontre certaines de mes connaissances, j’ai toujours l’impression que tout leur réussit mieux qu’à moi, tant sur le plan professionnel que personnel. Pourtant je n’ai pas à me plaindre, loin de là mais ce sentiment est très désagréable: que puis-je faire ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
De tous les métaux, ce n’est pas le vrai or qui brille forcément le plus…
La réponse du psy
La “réussite”, telle que vous l’entendez, est éminemment subjective. Dans quelque domaine que ce soit, il y a ceux que nous envions parce que l’image qu’ils nous renvoient d’eux correspond à une sorte d’idéal que nous visons, consciemment ou inconsciemment. Notre opinion se forge sur des apparences et non sur des faits “objectifs”. Je ne parlerais pas de jalousie, mais plutôt d’un sentiment de frustration face au “bonheur” affiché par autrui. Certaines personnes, en effet, donnent l’impression de mener la plus paisible des vies, à l’abri des problèmes et autres vicissitudes quotidiennes.
Je me poserais à mon tour deux questions : premièrement, avez-vous réfléchi à ce qui vous empêche vous-même, dans votre propre “monde”, d’atteindre ce degré de félicité auquel vous aspirez (et dans ce cas, que pourriez-vous faire concrètement pour changer les choses et combler les “lacunes” ?) ? Deuxièmement, que cache à votre avis le besoin d’autrui de montrer à tout prix des “signes extérieurs” de réussite ? N’y a-t-il pas là aussi manière de masquer, parfois, un grand vide ?
Lors d’un séjour hospitalier, on m’a administré un médicament que je n’ai pas supporté. Résultat : j’ai eu un blocage respiratoire ! Depuis, dès que je suis dans un ascenseur, un télécabine ou une salle comble je suis saisie de panique : sensation d’étouffer, vertiges, nausées, transpiration excessive, etc… Que puis-je faire pour y remédier ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Nulle souffrance n’est à négliger, surtout lorsqu’elle est morale et invisible…
La réponse du psy
Les symptômes que vous décrivez touchent en moyenne 10% de la population active en Suisse. Il s’agit de véritables crises de panique dont les causes varient d’une personne à l’autre. Dans votre situation, c’est une expérience pénible de sensation d’étouffement que vous avez vécue lors d’un séjour à l’hôpital qui marque le début de ce type de problème. Pour d’autres c’est un événement particulièrement stressant (accident, vol, perte, deuil), un malaise (indigestion, insolation, mal de voyage) ou encore un tempérament très angoissé qui s’exprime de cette façon. Pendant longtemps les médecins avaient tendance à mettre ces états de panique sur le compte d’un problème d’origine psychique et ils aiguillaient facilement les patients vers un psychiatre, mieux “outillé” pour creuser les tréfonds de l’âme. Heureusement, quelques praticiens ont cherché à savoir s’il n’y avait pas un dysfonctionnement au niveau métabolique. Et ils ont découvert que ces crises de panique étaient toujours associées à une décharge anormale d’adrénaline, cette substance qui, en cas de danger, décuple nos forces et nous donne des ailes pour fuir. Tout se passe donc comme si la situation qui déclenche la crise suscitait chez le patient une réaction de “protection”, avec tous les symptômes qui y sont associés, comme si le système d’alarme était trop sensible et mettait le corps entier en alerte sans véritable menace extérieure. Le tout était de trouver la parade et de bloquer cette “sensibilité” hypertrophiée, d’empêcher le métabolisme de réagir au quart de tour. Le remède est somme toute simple : on prescrit à très faibles doses un antidépresseur tricyclique (Tofranil, Anafranil, p. ex.) accompagné d’un léger tranquillisant à base de benzodiazépines (Tranxilium, Lexotanil, etc…), à prendre une fois par jour, le soir de préférence. Le résultat est absolument spectaculaire et immédiat. La peur de la foule ou de l’enfermement subsiste, certes, mais aucun symptôme physique n’engendre plus ce véritable calvaire que sont les crises de panique. Je vous conseille d’en parler sans tarder à votre médecin et vous verrez…
Mon compagnon souffre d’un défaut particulièrement désagréable: il pense tout le temps à l’argent et sa principale préoccupation dans la vie c’est son compte en banque. Comment l’aider à se débarrasser de cette mauvaise habitude ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Si ton mari accumule le riz dans son grenier, c’est que tu ne lui en sers pas assez dans sa gamelle…
La réponse du psy
Je pense que toutes nos “manies” ne sont en fait que la partie émergée de problèmes sous-jacents qui empoisonnent notre vie. Votre ami semble s’accrocher à l’argent comme d’autres agrippent un bastingage, une rampe d’escalier ou une bouée de sauvetage. Effectivement, l’argent représente le tangible, le concret, ce qui nous appartient. Pour une personne que la vie angoisse par son caractère imprévisible et incontrôlable, ce qui est “matériel” peut devenir synonyme de stabilité et de contrôle. Votre compagnon, pour différentes raisons, a cru comprendre que la seule façon de contrôler sa destinée c’est de se prémunir contre le “besoin” qui a pris la forme d’une chasse à l’argent. Vous auriez tort, à mon avis, de prendre cela pour de la mauvaise volonté ou pour une simple habitude détestable que l’on peut rayer d’un simple coup de sa palette de comportements. Au contraire, c’est en interprétant correctement le “message” que cache cette attitude que vous serrez en mesure de l’aider et de trouver la bonne parade. Les gens qui s’accrochent ainsi à leur “bien”, ont souvent besoin de réconfort, de sollicitude, d’attention. Laissés de côté, critiqués, poussés bout, ils n’ont pas d’autre alternative que de trouver dans leur vie un élément qui leur permette de garder un certain équilibre : certains prendront la fuite dans des paradis artificiels, d’autres se noieront dans le travail et enfin il y aura ceux qui chercheront par tous les moyens à contrôler quelque chose qui leur paraît vital. Je vous conseille donc de lutter contre ce que vous considérez comme un défaut majeur en aiguisant une qualité essentielle, celle qui consiste à apporter à autrui un sentiment de sécurité et de paix. C’est sans doute là la seule panacée qui soit en mesure de guérir “l’avidité” de votre ami.
J’ai lu la biographie d’une artiste célèbre dans lequel l’auteur mentionne ses fréquents “troubles de l’humeur” qu’elle soignait apparemment par des “cures de sommeil”. Pouvez-vous m’en dire davantage et m’indiquer si un tel traitement est encore utilisé aujourd’hui ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Lorsque tu fais de ton sommeil un luxe, tu risques de te le faire voler et de le perdre à jamais…
La réponse du psy
La “cure de sommeil” fut très à la mode dans les années vingt, à une époque où tout le domaine de la psychiatrie moderne n’en était qu’à ses balbutiements. Ce traitement visait à donner au patient un repos maximal durant deux semaines environ, à l’aide de somnifères.Les cures de sommeil se sont avérées efficaces dans les cas de surmenage, dus principalement à un train de vie débridé, typique des “années folles”. Actuellement, dans des cas de dépression grave, certains patients hospitalisés reçoivent des anti-dépresseurs sous forme de perfusion. L’effet secondaire majeur de ce type de médicament est une sensation de sédation, ce qui peut laisser croire à un observateur extérieur que les médecins font “dormir” le malade. Le “mythe” qui entoure ces fameuses cures de sommeil y est largement pour quelque chose : il fut un temps où toute “vedette” se devait de faire une telle cure, ce qui a largement impressionné et influencé le public !
J’ai un collègue qui a une bien curieuse manie : il compte systématiquement tout ce qu’il voit. Par exemple, le nombre d’escaliers, le nombre de personnes dans une assemblée, le nombre de voitures dans un parking… Il dit que c’est plus fort que lui : il ne peut s’empêcher de compter. Est-ce un comportement courant ou maladif ?
La réponse du psy
Votre question nous plonge dans l’univers mystérieux des “manies”, ces comportements irrationnels qui poussent certaines personnes à accomplir des tâches aussi inutiles que contraignantes. Vous en connaissez peut-être certaines, assez courantes : vérifier deux fois que les portes sont bien verrouillées, regarder sous les lits avant d’aller dormir, laver et relaver les mains à tout moment, tirer toutes les prises avant de sortir de la maison, etc… Au départ, il y a toujours une activité qui a un sens pratique évident, le contrôle de son environnement. A chaque instant, je dois m’adapter à la réalité qui m’entoure et je le fais grâce à ma capacité de prendre des décisions. Mais pour différentes raisons, je peux craindre de ne pas réussir à faire face à ce qui m’arrive et j’aurai alors un besoin accru de prévoir et de maîtriser ce qui va se passer. C’est le début de ces habitudes “rituelles” qui donnent une illusion rassurante de parfaitement contrôler les événements : je ne prends pas de risques car je fais tout deux, trois fois, selon un schéma de plus en plus lourd et rigide. L’aspect pratique disparaît progressivement et laisse place à toute une série de gestes et d’habitudes souvent cocasses, parfois tragiques. Votre collègue est prisonnier de l’une de ces manies : il ne peut s’empêcher de compter. Pourquoi ? Ce qui a peut-être commencé comme un jeu - ou une consigne - est devenu une sorte d’obsession, un comportement auquel on a l’impression de ne pas pouvoir échapper. Mais qu’il se rassure, il est en bonne compagnie : Mozart et Léonard de Vinci avaient exactement le même tic, qui, d’après leur correspondance, les dérangeait passablement. Les manies ne sont cependant ni forcément maladives, ni définitives. Tout est question d’intensité : tant que la personne qui en “souffre” peut vivre normalement, ne se sent pas handicapée et parvient à les relativiser (la meilleure façon, c’est d’en rire), je ne pense pas qu’il faille s’inquiéter. Par contre, si la manie devient “tentaculaire” et prend une ampleur telle qu’elle entrave tout le quotidien, il faudrait avoir recours aux conseils d’un spécialiste (par exemple un psychologue comportementaliste) qui, au moyen d’un traitement approprié, s’attaquera aux racines de cette mauvaise habitude et la fera disparaître. Si nous nous observons, nous avons tous nos “petites” habitudes” auxquelles nous sommes attachés et dont nous n’aimons surtout pas nous séparer. A leur façon, ce sont des germes de manies qui, si elles grandissent, pourraient, un jour ou l’autre, s’ajouter au catalogue inépuisable de ces conduites qui paraissent irrationnelles dans un monde rationnel !
Mon ami souffre d’un besoin constant de se mettre en avant, d’être au centre de l’attention. Il rêve d’être connu et célèbre et a tendance à en faire une véritable fixation. Comment l’aider?
La réponse du psy
Le besoin d’être reconnu par ses pairs existe chez tout le monde. A cet effet, nous nous entourons de personnes qui nous apprécient et nous font sentir que nous avons notre place dans le groupe auquel nous appartenons. Cependant, comme pour toute chose, les “appétits” de chacun sont différents et, dans certains cas, on est confronté à des boulimiques d’affection qui, pour différentes raisons, n’auront jamais assez de témoignages qui leur prouvent qu’ils existent dans le coeur des autres. Engagés dans une course à la reconnaissance, ils en viennent à confondre la qualité avec la quantité et tombent dans le travers de croire qu’il suffit de multiplier les relations pour accroître la solidité des liens. C’est exactement comme si un vigneron plantait des milliers de ceps dans l’espoir d’avoir suffisamment de raisin et de vin pour remplir un tonneau… sans fond. L’origine de la sensation de manque affectif qui tourmente l’âme est très souvent à chercher dans l’enfance, marquée par un contact chancelant avec les parents, quelle qu’en soit la cause. L’être humain est comparable à un arbre: pour grandir et prospérer, il a nécessairement besoin de racines, solidement ancrées dans le sol. Que celui-ci soit trop marécageux ou trop sec ou que le temps n’ait pas favorisé une croissance optimale de la souche, le tronc deviendra instable et peinera à porter de lourds branchages. Or la vie y ajoutera du vent et des intempéries, ce qui rendra la tâche plus difficile encore. Le remède passe par un travail sur soi en profondeur, avec l’aide, si possible d’un spécialiste. Car la dérive ou le statu quo ne sont jamais exempts d’un danger de solitude: à trop vouloir s’entourer et se faire aimer, on risque de passer à côté du bon grain et se rassasier d’ivraie, au point de se faire, à la longue, une image fausse des interactions avec autrui. L’aigreur qui caractérise certaines personnes que l’on qualifie de misanthropes est presque toujours causée par ces attentes trop élevées qui se sont soldées par des échecs répétés et autant de frustrations mal vécues. L’arbre se tord, s’incline et tombe finalement sur le sol, convaincu que c’est la bise qui l’a ainsi abattu alors que ce sont ses racines qui n’ont pas tenu… Vous pouvez aider votre ami en le soutenant, même si son caractère, parfois, vous dérange et vous embarrasse. Essayez de lui faire découvrir que ce n’est pas le nombre de passagers qui aide le bateau à flotter mais la solidité et la bienfacture de sa quille: s’il pouvait comprendre les mécanismes qui le poussent à galoper après une popularité superficielle, il saurait alors qu’il vaut mieux être aimé par une seule personne, inconditionnellement, que par mille avec toutes sortes de conditions…
Lors d’une récente interview accordée à une grande chaîne de télévision américaine, Tom Cruise a déclaré qu’il planchait actuellement sur un projet très attendu par ses nombreux fans: une nouvelle “Mission impossible”, orchestrée par John Woo, l’asiatique le plus nerveux d’Hollywood. Et il a d’ores et déjà annoncé la couleur: plus de cascades, davantage de péripéties et des plans spectaculaires boostées à l‘adrénaline.
La réponse du psy
Bref, de quoi souffler le meilleur du pop-corn. Cerise sur le marshmallow: les acrobaties, Cruise en redemande et dit vouloir effecter la plupart des scènes périlleuses lui-même, comme dans l’opus 2 qui, il faut bien l’avouer, donnait un peu le vertige. Les spectateurs frémissent: Cruise va-t-il se rompre les os au cours du tournage? Ne surestime-t-il pas ses limites? Au risque d’en décevoir quelques-uns, il faut tout de même souligner que ce qui est bon pour la promo ne correspond pas (toujours) à la stricte vérité: le courageux Tom est acrroché à une falaise? Oui, mais on a soigneusement effacé digitalement le harnais et les câbles qui le retiennent. L’intrépide Tom joue aux arobates de la moto? Bien sûr, mais en plus des innombrables trucages mécaniques et visuels, on l’entoure de telles précautions qu’il serait bien plus exposé aux accidents sur un tricycle… Il ne fait aucun doute que Tom Cruise possède de nombreux atouts physiques et que son entraînement le rendrait probablement capable d’exécuter lui-même quelques cascades ébouriffantes. Mais aucune assurance n’accepterait qu’une telle star ne prenne le moindre risque. Question d’argent, de timing et de simple logique commerciale: il y a suffisamment de doublures faciles à remplacer… Et puis le planning de tournage ne le permettrait pas: les scènes d’action sont réalisées par plusieurs équipes, les vedettes n’intervenant qu’en dernier ressort pour les plans rapprochés et les quelques répliques spirituelles qui mettront un peu de piment intellectuel dans le poivre de l’image. Mais il faut bien entretenir le rêve du super-héros: l’étiquette de “casse-cou”, ça vaut son pesant de millions!
Ou quand la mode redécouvre le fameux “easy listening”
La réponse du psy
Vous êtes dans l’ascenseur d’un supermarché ou dans un restaurant bon chic bon genre: en toile de fond flotte constamment une musique suave distillée par des haut-parleurs toujours discrets. Il ne s’agit pas de vous en mettre plein les oreilles et de vous donner l’impression de participer à la dernière mégaparty “techno”, “rave” ou “dance” mais de remplir le moindre interstice de ces lieux “publics” d’un bourdonnement aussi suave qu’agréable. Inutile de dire que ce type de musique qui fait office de tapisserie n’est pas considéré avec beaucoup de sérieux et, a priori, personne ne va s’en soucier au point de l’écouter et de se demander où en trouver un enregistrement sur CD ou vinyle… Eh bien, détrompez-vous: à la fin des années soixante, vous trouviez dans les bacs de presque tous les disquaires un épais rayon que l’on appelait communément “musique légère” et qui vous offrait à boire et à manger en matière de murmures de violons et de mélodies langoureuses. Et de qualité, en plus! La plupart du temps, il s’agissait d’arrangements de “tubes” de l’époque et de chansons délicieusement mièvres qui marquaient de leur empreinte câline les innombrables comédies “made in Hollywood”. Et puis il y avait les “originaux”, composés exprès pour sillonner le monde dans des pochettes au kitsch exotique sur fond de palmiers hawaïens. Aujourd’hui, cette musique est revenue en force au point que ceux et celles qui avaient préféré ranger les pressages originaux de ce type d’easy listening plutôt que de les fourguer à un brocanteur de passage se frottent les mains: le marché s’annonce faste! Et tant pis pour les esprits chagrins qui détestent ce genre de “tapisserie” peinte à la guimauve sous prétexte qu’elle manque de profondeur: en pleine pollution sonore, sous le joug implacable du bruit omniprésent de notre société urbaine trépidante, un peu de douceur c’est du baume pour les oreilles. Et au détour de quelques notes “faciles”, ne distingue-t-on pas justement ce qui fait la qualité première de cette “mode” et sa propre forme de “génie”, à savoir un côté passe-partout universel? En attendant, on aurait tort de ne pas en reprendre: au fond, c’est comme les bonbons, très sucré, mauvais pour les dents, mais tellement irrésistible!
Aux États-Unis, patrie des inventions les plus délirantes, les gremlins sont apparus dans les années quarante, dans le jargon des vaillants pilotes d’avions de l’armée. Souvent, à bord de ces boîtes de conserve volantes, se produisaient des incidents mécaniques ou électriques plus ou moins graves dont on ne connaissait pas exactement l’origine.
La réponse du psy
Usure, mauvaise maintenance, défauts de fabrication, erreurs de pilotage, hasard, fatalité? On imagina alors de petits êtres malins et méchants qui allaient se nicher au nez et à la barbe des voltigeurs du ciel dans toutes les parties “sensibles” de l’avion pour y faire mille frasques et farces de mauvais goût. Les gremlins ont ensuite envahi les paisibles bourgades américaines et se sont cachés dans les appareils ménagers, dans les voitures, dans les groupes électrogènes et partout où l’être humain subit des pannes aussi mystérieuses qu’imprévisibles et embarrassantes. Friands de caoutchouc, ces petites créatures que l’on pourrait comparer aux trolls et autres lutins de nos contrées, s’attaquaient naturellement aussi aux pneus des voitures… Un jour, ces bébêtes ont connu un succès planétaire grâce à un film produit par Steven Spielberg qui leur a donné un corps et une âme. Bref, lorsque tout va mal, que le grille-pain mange vos toasts et vous les rend carbonisés, que vos machines vous lâchent entre les pattes sans aucune raison, que votre démarreur rend l’âme sans crier gare (mais vous condamne néanmoins à voyager temporairement en train), que votre portefeuille disparaît, que vos clefs jouent à cache-cache, que tous les objets se liguent contre vous et s’acharnent à scier vos nerfs, inutile de vous exciter et d’appeler deux marabouts et trois exorcistes, l’explication est toute simple, vous avez un gremlin dans votre vie. En d’autres termes, cela signifie que tout ce qui nous arrive est dû à une multitude de facteurs dont nous ne pouvons pas toujours percevoir les liens. Mais c’est dans notre nature de chercher constamment “pourquoi” et “comment”. La curiosité est un moteur extrêmement puissant et si nous en étions dépourvus, à n’en pas douter, nous en serions encore à chasser le mammouth et à tailler le silex. Cependant notre cerveau n’est pas un super-ordinateur doté d’une mémoire infaillible et d’une puissance de calcul démesurée. Dans la course qui nous oppose aux énigmes quotidiennes, nous ne sommes pas forcément gagnants, ce qui laisse place à beaucoup de doutes. Et le doute est le premier maître du “surnaturel” et du “paranormal”. La sorcellerie, les démons de l’invisible, les forces extraterrestres et autres explications pseudo-savantes nous servent bien souvent de paravent face à l’intangible. La peur de perdre le contrôle sur la réalité, parfois effrayante, lâche soudain la bride à l’imagination qui dérive rapidement vers les justifications les plus fantaisistes et les plus abracadabrantes. Les gremlins prennent le pouvoir, comme ils l’ont fait à Kingston Falls, dans le fameux film cité plus haut. Et là, bonjour les excès et l’exagération: entre les faits tels qu’ils se sont déroulés et la version qui nous est rapportée, il y a eu un grand détour du côté de Marseille. L’anecdotique prend le pas sur le fond et la planète se trouve bientôt en état de siège: la colère divine, la réincarnation du mal et toutes les tares du cosmos sont à nos portes. C’est la magie de l’invention, du détail grossi mille fois au détriment du reste qui s’éclipse. Et ce ne sont pas les exemples qui manquent: que de fois les médias nous tiennent en haleine avec LE mystère qui, d’une seconde à l’autre se dégonfle comme une baudruche lorsque l’inévitable conférence de presse révèle le pot-aux-roses. Charlatans, arnaqueurs, escrocs de génie, magiciens de pacotille, sorciers à la sauce tomate et autres médicastres à la mords-moi-le-noeud sortent alors des coulisses, sous le regard ébahi des spectateurs qui s’étaient pris au jeu. Les “experts” en sciences parallèles se retirent en silence, emportant dans leur mallette leurs liasses de théories aussi belles que fumeuses, en route pour de nouvelles aventures. Où seront-ils demain? Dans quelle contrée encore tranquille et inconnue éliront-ils domicile? Vous le saurez certainement en lisant votre quotidien préféré. En attendant, avant de paniquer parce que votre sèche-cheveux s’attaque à votre coiffure, parce que vos ampoules sautent les unes après les autres, parce que votre téléviseur capte des bruits bizarres, restez calmes et cherchez simplement si vous n’apercevez pas une bestiole aux grandes oreilles, aux yeux malicieux et aux dents carnassières, car vous devez être l’heureux propriétaire d’un authentique gremlin…
Décidément, cette fin de siècle est placée sous le signe des extraterrestres: il y en a partout, de la série télévisée au grand écran, du livre de proche au recueil scientifique, du gadget de supermarché à l’oeuvre d’art, et jamais les programmes de conquête spatiale n’ont connu pareil engouement. On apprend qu’il y a de la glace sur lune et que Mars aurait connu la vie. Et l’hypothèse que des planètes gravitent autour des myriades d’étoiles qui habillent notre ciel nocturne devient certitude avec la découverte de la première d’entre elles…
La réponse du psy
Alors nos regards se tournent fiévreusement vers l’avenir en espérant que la science-fiction aujourd’hui sera la réalité demain. L’impatience nous gagne! Dans ce déballage de projets futuristes on en vient un peu à laisser de côté le passé qui prend un méchant coup de vieux: finies les théories sur l’Atlantide, effacés les débats sur l’origine des pyramides, oubliés toutes ces édifices antiques qui passionnaient l’opinion publique dans les années septante lorsque des photos satellite spectaculaires révélaient en pleines terres Inca de gigantesques plates-formes aux allures d’immenses terrains d’atterrissage, que des chercheurs s’interrogeaient sur de fabuleuses constructions érigées par des forces titanesques et surgies du fond des âges comme par magie. Et si tout était lié? Imaginons quelques instants que l’on soit à même d’appliquer pratiquement la théorie de la relativité formulée par le génial Einstein: les humains seraient capables de se déplacer dans l’univers à une vitesse proche de celle de la lumière. Mais la distorsion de l’espace-temps engendrée par cette fulgurance aurait un effet surprenant: alors qu’à l’intérieur du vaisseau on n’aurait voyagé que durant quelques minutes, celles-ci se mesureraient en années, voire en siècles sur notre propre planète. Or ce qui est vrai dans la physique de notre système solaire l’est également pour toutes les autres galaxies: des visiteurs d’autres mondes, à condition de disposer de la technologie adéquate, pourraient sans autres assister en “pendulaires de l’espace” à l’évolution de notre civilisation. Des aller-retour répétés, pour eux aussi courts qu’un simple saut de puce, pour nous aussi longs que l’histoire. Cette explication est séduisante car si l’on survole tous les témoignages que nous ont laissés nos “ancêtres”, quelle qu’en soit la forme (qu’on songe aux fresques des Mayas, aux récits mythologiques, religieux ou apocryphes et autres archives, descriptions, mémoires, chroniques ou souvenirs de notre croissance à travers les méandres du temps), et qu’on les met en perspective avec le foisonnement de vie que laissent supposer les plus récentes découvertes scientifiques, on peut y voir une logique doublée de continuité et de concordance: le passé recèle probablement déjà en partie ce que nous découvrirons dans l’avenir…
Je vis actuellement une situation dont l’issue - heureuse ou malheureuse - dépend d’une importante décision de ma part. On m’a conseillé d’aller voir un astrologue qui pourrait m’aider dans mon choix. Qu’en pensez-vous ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Il n’y a que l’insensé qui délaisse ses terres parce qu’il craint qu’elles ne lui apportent pas l’abondance…
La réponse du psy
Il est toujours difficile d’apporter une réponse nuancée lorsque l’on parle de sujets aussi controversés que la voyance ou l’astrologie, d’autant plus que ce sont des domaines où se côtoient facilement de véritables passionnés et fins connaisseurs du sujet et des charlatans, prêts à exploiter la crédulité de leurs “clients”. D’emblée, il faut cependant souligner que les astrologues se défendent de prédire l’avenir. Ils en esquissent les tendances et en donnent une interprétation qui peut être la conjonction de savoir-faire, d’intuition et de finesse de perception. Il y a quelques années, des scientifiques éminents de divers horizons (physique, astronomie, mathématiques, médecine, etc…) - dont 18 ont reçu un le “Prix Nobel” au cours de leur carrière -, ont rédigé un rapport où ils relèvent leur grand scepticisme à l’égard de l’astrologie et refusent de l’admettre comme véritable science. D’après eux, il s’agit plutôt d’un support très général qui offre à celui qui l’utilise un terrain de discussion et de réflexion, au même titre que les tarots ou les lignes de la main. cependant, ils se déclarent prêts à accepter de revoir leur jugement, si on leur soumet des faits indubitables, répondant à une évaluation très stricte. Le principal reproche qu’ils formulent à l’égard de l’astrologie c’est de ne proposer que des formulations vagues qui permettent toujours de trouver quelques éléments pertinents. De plus, chacun a tendance à ne retenir que ce qui “correspond” et à oublier ou à ne pas considérer le reste. Des recherches en psychologie sociale ont montré qu’il existe certaines qualités ou caractéristiques que tout le monde pense posséder. Il suffit qu’elles apparaissent dans notre horoscope et nous croyons à la “magie” des planètes. C’est d’ailleurs là l’une des recettes de certains astrologues qui s’amusent à décrire ce que l’année nous réserve : quelques fois, ils tapent dans le mille et passent pour des génies. D’autres fois, ils visent à côté de la cible et se rattrapent en soulignant que c’est leur interprétation qui est en cause et non la position - et l’influence - des étoiles.
En consultation privée, il faut se méfier, je pense, d’un phénomène courant, celui des “prophéties” qui se réalisent d’elles-mêmes. C’est ce qui se passe lorsqu’on vous annonce tel ou tel événement assez vague : vous allez y prêter particulièrement attention et aurez alors le sentiment que votre horoscope l’avait “prévu”. Tant que les “prophéties” sont positives, tout va bien, car elles sont susceptibles d’éclairer une vie ponctuée de passages sombres. Imaginez cependant qu’on vous prédise quelque chose de particulièrement grave… Vous pouvez faire appel à un astrologue pour vous aider à faire le bon choix. Mais attention aux chimères ! Je ne crois pas que la destinée soit comme un livre dont on puisse feuilleter à l’avance les chapitres. C’est en réalisant le présent qu’on construit son avenir.
Dès que j’ai un problème, je cours chez une tireuse de cartes et je me base sur ses révélations pour prendre mes décisions, au point qu’aujourd’hui, je suis très dépendante de cette habitude. Qu’en pensez-vous?
Le proverbe du sage Nô-Mi
Qu’elle se montre à toi de face ou de revers, la médaille de ton destin n’a de valeur qu’avec ses deux côtés…
La réponse du psy
La vie n’est qu’une vaste succession de décisions à prendre: chaque matin, dès que la sonnerie du réveil nous tire brutalement des bras de Morphée, nous sommes confrontés à de multiples choix, comme si la route de notre destinée n’était en fait qu’un immense carrefour. “Je me lève ou je fais semblant d’être malade?”. J’opte pour la première solution. “Café ou thé ?” Va pour un thé. “Chemise bleue ou blanche?” Et ainsi de suite. A chaque fois, si on y regarde de près, on joue à pile ou face. La plupart de nos comportements, heureusement, ne nécessitent pas de longues réflexions et leurs conséquences ont une faible incidence sur notre parcours du combattant à travers la jungle terrestre. Mais, de temps en temps, ce n’est pas si simple. “Ma démission, je la claque au nez de mon patron ou j’attends d’abord d’avoir trouvé un autre job?” Difficile. “Je me marie avec cette personne ou je cherche quelqu’un de mieux?” Encore plus difficile. “Je cesse d’avoir des doutes à propos de tout et de rien, ou je me lance dans l’aventure en espérant que mon sac à dos contient un parachute?” Beaucoup, beaucoup plus compliqué. Parce que nous ne pouvons pas nous permettre le luxe de tomber sur le nez à chaque pas et que les échecs, les remises en question, les fausses directions et les cortèges d’ennuis qui nous attendent à chaque contour, suivant ce que nous décidons incitent à la plus grande prudence. Mais ce n’est pas comme au cinéma: lorsque nous sommes à une croisée avec de grands points d’interrogation, les “bons” indices ne surgissent pas miraculeusement et souvent, nous nous embrigadons dans des histoires tortueuses à n’en plus finir. Face à ce vide, toute aide est bienvenue, et qu’on parle à des amis, qu’on se recueille dans une église ou que l’on aille voir une diseuse de bonne aventure avec tarots, boules de cristal et autres cartes magiques, l’essentiel est de nous donner de l’assurance, de nous permettre d’avancer dans l’obscurité sans craindre d’être précipités dans un puits de poisse ou de rencontrer le spectre de Madame Malchance. Je suis donc d’avis, vous l’aurez compris, que même si mon esprit cartésien n’accorde pas beaucoup de crédit aux mirages de la voyance, quelle qu’elle soit, vous avez parfaitement raison de consulter quelqu’un qui soit en mesure de vous donner un coup de pouce pour trouver la bonne direction et pour choisir la meilleure alternative. Seulement attention: “Le plus sain des fruits devient poison si tu en consommes à outrance” avaient coutume de dire les anciens et c’est parfaitement vrai dans votre situation également. En d’autres termes, n’oubliez pas que toute dépendance est dangereuse et peut vous entraîner sur des sentiers abrupts sur lesquels vous pourriez vous faire très mal. Les choix vous appartiennent et personne n’est en mesure de faire vos expériences à votre place. Que les cartes vous aident à révéler les atouts que vous avez entre les mains pour réussir, d’accord. Qu’elles soient pour vous le seul moyen de vous déterminer, pas d’accord. Attaquez plutôt la vie avec optimisme, il saura comment vous répondre.
Depuis toujours l’être humain s’est posé trois questions fondamentales : “Qui suis-je ?”, “Où vais-je ?” et “D’où venons-nous ?”. Réussir à se comprendre, à s’accepter et à donner le meilleur de soi… Connaître l’avenir et maîtriser sa destinée… Découvrir ses origines et saisir ce que nous sommes… En arrivant sur terre, l’homme est littéralement propulsé sur un vaste plateau de jeu dont il ne connaît pas les règles. Une seule certitude : la fin est inéluctable…
La réponse du psy
Mais entre la naissance et la mort, c’est la vie, l’existence et ses épreuves difficiles à prévoir et impossibles à contrôler. Afin de juguler ce malaise il a fallu édicter des lois et ériger des barrières sous forme de vérités. Leur objectif n’était pas forcément de trouver des réponses, c’était avant tout d’éviter les questions. Explications sobres et dichotomiques, où se côtoyaient le bien et le mal et visions pragmatiques qui promettaient le paradis ou son équivalent à tous ceux qui se seraient conformés aux normes du groupe en laissant à une instance supérieure le droit - et le devoir - de juger… Mais la société évolue et, aujourd’hui, la misère affective, le désarroi individuel, l’absence de communication et le manque de cohésion des groupes auxquels nous cherchons à nous identifier renforce cette impression désagréable d’être soumis au bon-vouloir des forces irrationnelles du hasard. Cette angoisse serait difficile à gérer si nous n’étions pas capables de nous bercer dans l’illusion que tout est néanmoins écrit, prévisible, logique et, par conséquent, contrôlable…(par certains du moins). Mages, devins et autres maîtres de la kabbale se multiplient et, à coup de tarots, d’états hypnotiques, de méditation transcendantale, de spiritisme et de techniques aussi vieilles que l’humanité elle-même lèvent un petit bout de ce voile opaque qui nous effraie tant : l’impalpable prend une forme, l’innommable porte un nom, l’invisible se révèle et nous décharge du fardeau de l’obscurité qui alourdit chacun de nos pas sur la route du destin. Nous sommes alors d’accord d’abandonner aux mains d’instances qui nous sont supérieures la première qualité de l’homme intelligent, celle d’être libre de décider en fonction de notre instinct, de notre expérience, de notre intuition et de notre imagination. Nous devenons les proies crédules de charlatans qui font de nous les jouets de leurs tours de passe-passe. Malédictions, prévisions sombres, manifestations de l’au-delà, colères divines, tous les clichés du surnaturel trouvent leur lot d’âmes sensibles, prêtes à croire sur parole que nous évoluons nécessairement dans plusieurs dimensions qui, bien entendu, dépassent notre entendement… Les planètes gouvernent notre vie, les astres président notre avenir et les gourous s’approprient notre identité. Qu’importe le contenu, l’emballage est tellement séduisant : il donne enfin un sens à notre triste vie et répond aux questions qui nous empêchent d’exister. Oui, notre présence sur terre est explicable, oui, nous avons une mission bien précise, oui, nous savons d’où nous venons et où nous allons. Cependant cette révélation se paie cher : le prix de notre autonomie. Si tout est prédéterminé, si je sais pertinemment quelles étapes me feront passer de la case de départ à la case d’arrivée, je n’ai plus le choix. Quoi que je fasse, quoi que je dise, je reste sur un rail qui empêche tout écart significatif. Qu’on soit perdant ou gagnant, qu’importe, puisque nous avançons tous sur une espèce de jeu de l’oie dont nous ne maîtrisons pas les règles. Le bon-sens et le raisonnement font place au déterminisme et au cartésianisme se substitue la loi du surnaturel. Alors que tout nous montre que c’est précisément notre façon d’interagir avec notre environnement qui détermine des relations de cause à effet, il est important de se rendre compte que rien ne peut et ne doit nous amener à une sorte d’aliénation de ce que nous sommes : des individus forcément différents les uns des autres et qui, à travers un constant va-et-vient entre l’expérience et ses résultats, nous permet de construire une existence, faite d’émotions et de liberté. Avoir la possibilité de choisir sa route est un outil essentiel dans notre développement personnel. Quelle que soit la réponse aux questions que nous nous posons, nous ne devons pas perdre de vue que la vérité n’est pas immuable et que chacun peut trouver la sienne sans nécessairement sortir de la norme. Croire aveuglément en un déterminisme absolu, c’est s’enlever le droit de changer et, partant, d’évoluer. Or, l’être humain, dans sa quête du pourquoi et du comment n’a-t-il pas justement un besoin vital de réajuster constamment sa pensée et ses opinions ? Voilà bien une question à laquelle aucune pythie des temps modernes ne sera capable de répondre !
Passer sous la Manche, ce n’est pas forcément dans la poche… : beaucoup de voyageurs sont terrifiés à l’idée de passer à travers un étroit boyau de béton noyé sous des centaines de mètres d’eau et pourtant ils ne sont pas particulièrement sujets à ce que l’on appelle la “claustrophobie”, c’est-à-dire une peur panique d’être enfermé sans avoir la possibilité de prendre la fuite.
La réponse du psy
La traversée d’un long tunnel véhicule toute une série de craintes fondées simplement sur l’instinct de survie qui sommeille en chacun de nous : le manque d’air qui conduit à l’étouffement, l’obscurité liée à un endroit a priori inconnu et plutôt hostile, la sensation d’oppression due entre autres à l’absence d’issues de secours visibles, à un champ de vison restreint et à l’impossibilité de contrôler ce qui va arriver… Les personnes qui évitent les ascenseurs comme la peste sont en fait confrontées au même problème, à deux différences près : un trajet de trois étages ne dure que quelques minutes, et même si une panne stoppe la course, aucun risque tangible n’est encouru. En d’autres termes, chez le claustrophobe, cette angoisse indescriptible et irréaliste, dont l’origine est en général complexe, se “cristallise” sur une situation assez banale. Mais la peur légitime que l’on éprouve à monter dans un train qui nous rapproche un peu du centre de la terre va en tarauder plus d’un. Comment y remédier ? Justement, en essayant, autant que possible de “débrancher” ces systèmes qui veillent de près à notre survie.
Ma fille vient d’entrer à l’école enfantine. L’autre jour, sa meilleure copine a été blessée par une automobile, alors qu’elle traversait en plein milieu de la route. J’ai peur que cela arrive également à ma fille. Que me conseillez-vous ?
Le proverbe du sage Nô-Mi
C’est en montrant le chemin à suivre que tu mettras tes disciples sur la bonne voie…
La réponse du psy
Bien que la prévention routière ait fortement contribué à sensibiliser les enfants et leurs parents aux dangers liés à la circulation, il n’est pas rare de voir des petits écoliers couper une route, sans tenir compte des quatre principes fondamentaux à respecter avant de traverser : Attendre, regarder à gauche, à droite puis de nouveau à gauche, écouter… marcher.
Votre crainte est fondée mais vous pouvez aider votre fille à éviter les accidents :
L’autre jour, je me promenais au bord du lac et j’ai vu une auto qui “flottait” au milieu des voiliers! Quelle est cette voiture et quand l’a-t-on construite?”
La réponse du psy
L’histoire passionnante de l’automobile fourmille d’inventions et d’innovations plus ou moins réussies, dont certaines, parfois relativement farfelues ou carrément géniales, ont donné naissance à des véhicules totalement hors du commun. C’est le cas de “l’Amphicar” dont vous avez vu l’un des très rares exemplaires restants. Ce cabriolet capable de nager comme un poisson dans l’eau fut conçu par un ingénieur allemand de génie, Hans Trippel, et présenté pour la première fois au public lors du salon de l’automobile de New-York en 1961 puis de Francfort en 1963. L’idée était ancienne puisque Trippel avait déjà construit différents prototypes de voitures amphibies dès 1932. L’armée allemande fut intéressée par ses travaux mais ne fut guère convaincue des premiers essais d’un “Schwimmwagen” mis au point par l’ingénieur et le groupe Volkswagen. Son principal défaut? Il coulait sous son propre poids… A la fin des années cinquante les usines DWM (Deutsche Wagen und Maschinen Fabriken) commercialisèrent enfin ce qui devait être la seule voiture de série à défier le bitume et l’eau. 3000 unités furent ainsi assemblées entre 1960 et 1965, dont 75% furent importées aux États-Unis. Malheureusement l’expérience tourna court malgré de solides atouts: l’Amphicar était dotée d’un moteur 4 cylindres de 1147 cm3 développant 42 chevaux à 4750 tours/minute. Elle pesait 1200 kilos, atteignait sur route 120 à 130 km/h et se battait à travers les flots à 12 km/h environ, sans afficher une consommation exagérée (9 litres en moyenne). Techniquement, il avait surtout fallu résoudre les problèmes de la transmission de la puissance du moteur tantôt sur les roues tantôt sur les hélices et, naturellement de l’étanchéité: pari réussi avec, sur la route, une propulsion classique et sur l’eau un vrai bateau, le braquage des roues avant servant de gouvernail, les roues arrières faisant office de quilles et les pneus de… flotteurs. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas sa fiabilité qui rendit la carrière de l’Amphicar si éphémère mais plutôt des tracasseries administratives: elle devait être à la fois immatriculée en tant que voiture et bateau, il fallait deux permis pour la conduire et elle encombrait son coffre peu volumineux de tout l’attirail du marin d’eau douce: bouée, corde, gilet de sauvetage, corne de brume et tutti quanti côtoyaient la boîte à outils et la roue de secours. Malgré un prix très concurrentiel (à peine plus qu’un cabriolet VW de l’époque), les ventes déclinèrent et le tout se solda par un échec relatif, même si aujourd’hui, avec l’arrivée d’une société de plus en plus tournée vers les loisirs “polyvalents”, une telle légende de la route aurait sûrement toutes ses chances…
Lorsque nous lisons les statistiques relatives aux accidents de la route, nous sommes toujours surpris. Pas étonnant, puisque nous passons de nombreuses heures en voiture et que nous faisons de nombreux trajets sans rencontrer de problèmes particuliers. Bien sûr, une fois ou l’autre nous évitons de justesse un accrochage mais sitôt le danger passé, nous avons l’impression d’être, finalement, de bons conducteurs.
La réponse du psy
Et, face à l’aspect anonyme des chiffres qu’on lit à propos des routes si meurtrières, nous échafaudons toute une série d’explications qui ont l’avantage de simplifier les choses et de rassurer cette petite voix intérieure qui ne peut s’empêcher de nous rappeler que si les statisticiens comptent les points, c’est nous qui jouons la partie… Les responsables de la circulation routière tentent d’ailleurs par tous les moyens de sensibiliser les conducteurs aux dangers que chacun court sur la route et c’est souvent par le biais d’un rapport particulièrement effrayant qu’on espère les inciter à la prudence. Cependant, les mythes modernes liés au trafic en général, aux accidents en particulier ont toujours l’art de déléguer les responsabilités, ce qui est bien commode. Face à l’hécatombe, on se masque derrière des paravents qui ne sont pas entièrement dénués de bon-sens : il y a la rançon du progrès, et de tous ces véhicules qui vont de plus en plus vite, il y a la fatalité contre laquelle nous ne pouvons rien entreprendre, ces week-end tragiques où la mort vient semer a terreur sur le macadam, il y a les “fous du volant” auxquels on n’a pas retiré le permis assez tôt, il y a les mauvais conducteurs qui n’ont pas de bons réflexes… Dans le même ordre d’idées, on établit des catégories où l’on dissocie la route et son état, du véhicule, de son conducteur et des conditions générales (temps, densité du trafic) qui ont conduit à l’inévitable. Toutes ces raisons ont un fondement réel, certes, mais leur fonction simplifie les causes à l’extrême et permettent aux conducteurs de ne pas se sentir coupables et co-responsables, avec les autres usagers de la route, de la sécurité qui devrait y régner. En d’autres termes, elles masquent l’essentiel, à savoir la nécessité de prendre conscience que chacun, à travers son comportement dans la circulation, peut - et doit - contribuer à réduire le risque d’accidents avant de chercher des “excuses” ou des échappatoires.
Il est excessivement difficile de savoir dans quelle mesure nous conduisons mieux ou moins bien que notre voisin. Qu’est-ce qu’un conducteur moyen ? Qu’est-ce qui le distingue du bon et du mauvais conducteur ? Comment estimer ses performances et le nombre d’erreurs qu’il commet ? Sans doute y a-t-il des automobilistes plus expérimentés que d’autres mais au moment où se produit l’imprévu chacun devient une victime, avec toutes les conséquences que cela implique. Chaque fois que nous montons à bord d’une voiture nous pouvons accroître, dans une certaine mesure, les moyens dont nous disposons pour nous “défendre” en cas de pépin : on peut citer la ceinture de sécurité (obligatoire mais souvent oubliée), le bon état du véhicule, sa propre forme physique et tout ce que le bon-sens nous dicte en matière de chargement, de visibilité, de concentration, etc… Mais avoir des atouts en main ne nous protège en rien si nous ne jouons pas correctement. Sur la route, nous devrions donc toujours ajuster nos comportements en fonction de trois grands critères :
Mon fils et sa copine veulent rallier Nice en auto-stop. J’ai peur de les laisser partir de cette façon et je ne sais pas comment leur expliquer mes craintes et comment les aider à éviter les pièges de la route et de l’inconnu. Que me conseillez-vous?
La réponse du psy
Je comprends parfaitement vos craintes: assez souvent, la presse relate l’issue tragique d’un de ces voyages au bord du macadam qui a cruellement transformé la distance en éternité. Et soudain, l’on réalise que derrière l’anonymat des voitures et des camions qui s’arrêtent pour prêter une roue secourable se cache parfois la vilenie et la cruauté. Mais il ne faut pas peindre le diable sur la muraille: la plupart du temps, les expériences d’auto-stop peuvent se révéler très enrichissantes, pleines de souvenirs et de péripéties amusantes… Mais un véritable voyage en auto-stop ne s’improvise pas. Il doit être minutieusement mis au point car il ne s’agit pas simplement de se faire “pousser” sur une petite distance histoire de ménager ses pieds. Il y a toute la question du temps que l’on se donne pour arriver à destination, des bagages que l’on doit emporter avec soi, des solutions de rechange qu’il faut prévoir en cas de pépin ou de retour précipité, de la route que l’on souhaite suivre, et ainsi de suite. Je vous conseille d’abord de clairement faire le point de la situation avec vos deux boulimiques de kilomètres et de les aider, le cas échéant, à planifier correctement leurs déplacements. Procurez-vous des guides, des cartes établissez un timing général et mettez-vous d’accord sur la façon dont vous allez recevoir leurs “signes de vie”. Donnez-leur toutes les informations possibles et imaginables pour se dépatouiller en cas de problèmes. Je vous suggère également de ne pas vous morfondre et vous faire de mauvais sang durant toute leur absence. Faites-leur confiance et montrez-vous optimiste: les jeunes possèdent d’énormes ressources et s’adaptent à une vitesse inouïe. Ce qui peut vous paraître difficile voire insurmontable, ils le perçoivent au contraire comme stimulant et veulent y goûter pour mettre un peu de piment dans leurs bagages… Et, au pire, offrez-leur un billet de train pour le retour: si l’auto-stop ne les a pas convaincus, ils rentreront volontiers par le rail. Enfin, n’oubliez pas l’essentiel: souhaitez-leur un bon voyage. Ils en auront besoin!
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